Accouchement ANA : ce qu’il faut savoir

L’accouchement non assisté, ou accouchement ANA, est une pratique alternative d’accouchement à la maison sans assistance médicale. Comment s’y préparer ? Quels sont les risques associés ? Quelles alternatives ?

Accouchement ANA : tout savoir.

Qu’est-ce que l’accouchement non assisté (ANA) ?

L’accouchement non assisté, ou ANA, est une pratique où – comme son nom l’indique – la naissance se déroule sans la présence d’une équipe médicale (sage-femme, obstétricien·ne…) ni celle d’une doula (profession non médicale et non réglementée visant à accompagner les parents en période périnatale). Contrairement à un accouchement en maternité, où un·e gynécologue et un·e anesthésiste sont à disposition, ou à un accouchement accompagné à domicile (AAD) avec la présence d’un·e professionnel·le de santé comme une sage-femme, l’ANA repose sur l’autonomie totale des parents.

L’ANA se distingue de tous les autres types d’accouchement parce qu’il repose uniquement sur les capacités et la préparation des parents sans possibilité d’avoir recours à une expertise ou du matériel médical au moment du travail.

Législation et cadre légal en France

En France, les parents ont la liberté de choisir le lieu et la manière dont ils souhaitent que la naissance de leur enfant se déroule, y compris l’option d’un accouchement non assisté (ANA). Cependant, cette liberté s’accompagne de responsabilités importantes, surtout en l’absence de personnel médical.

Les parents sont légalement responsables de la sécurité et du bien-être de leur enfant. Cela implique d’être en mesure de demander l’intervention de professionnels en cas de nécessité. 

Notez que, comme pour tout accouchement, vous devez  tout de même déclarer la naissance de votre enfant à l’état civil dans les cinq jours suivant l’accouchement.

Les motivations derrière l’ANA

Le choix d’un ANA est très personnel et repose donc sur des motivations qui le sont tout autant. Difficile d’établir une liste de celles-ci. Voici néanmoins quelques raisons potentielles qui peuvent mener à cette décision :

• Une expérience plus intime : certaines femmes souhaitent vivre un accouchement naturel dans un cadre familier et rassurant, souvent leur propre domicile. Cela permet de créer une ambiance plus intime qu’en maternité et de partager ce moment uniquement avec les personnes de leur choix plutôt qu’avec une équipe médicale.
• Éviter les interventions médicales : l’absence de péridurale, de césarienne, de déclenchement, ou d’aide instrumentale à l’accouchement est souvent un facteur déterminant (même si ces interventions ne sont normalement pratiquées qu’en cas d’urgence). Certaines femmes préfèrent renoncer à ces interventions pour laisser le processus naturel de l’accouchement se dérouler à son rythme, sans surveillance médicale constante.
• Autonomie et contrôle : l’ANA peut permettre à certaines femmes de rester entièrement maîtresses de leur corps et de leur accouchement.
• Expériences précédentes : certaines femmes ont vécu des accouchements précédents médicalement assistés qui ont pu être traumatiques ou qui n’ont pas répondu à leurs attentes. L’accouchement ANA peut être une manière de reprendre le contrôle après une mauvaise expérience.
• Préparation à l’accouchement : les femmes optant pour un accouchement ANA s’investissent souvent beaucoup dans la préparation à l’accouchement, acquérant des connaissances sur le processus physiologique de l’accouchement et des compétences pour gérer les contractions et la dilatation.

L’accouchement ANA ne doit pas pour autant être choisi à la légère. Ce type d’accouchement doit faire l’objet de discussions sérieuses avec le ou la professionnel·le de santé qui effectue votre suivi de grossesse ainsi qu’avec votre partenaire ou les personnes présentes ce jour-là.

Les risques de l’accouchement non assisté (ANA)

Un accouchement, où qu’il ait lieu, présente toujours des risques de complications. Il est impossible de prédire avec certitude tout ce qu’il pourrait arriver au cours d’un accouchement. Aussi, vous vous en doutez, accoucher sans équipe médicale à vos côtés présente plus de risques potentiels. Il est important que vous les ayez bien en tête et que vous les ayez mis en balance avec les raisons qui vous poussent à choisir un accouchement ANA.

Voici les principaux risques d’un accouchement non assisté :

• Absence de surveillance médicale : sans sage-femme ou gynécologue, des complications graves peuvent survenir pour la mère comme pour le bébé. Il existe aujourd’hui des moyens de surveiller la bonne oxygénation du fœtus pendant le travail afin d’éviter de potentielles lésions cérébrales. Pour la mère, le risque principal est celui de l’hémorragie en post-partum immédiat, qui nécessite une prise en charge rapide.  Lors d’un accouchement à domicile avec une équipe médicale, ces situations sont des situations d’urgence qui motivent un transfert rapide vers la maternité de référence.
• Complications imprévues : une grossesse à bas risque signifie moins de risques de complications au moment de l’accouchement. Cependant, celles-ci peuvent malgré tout survenir, même en l’absence de signes avant-coureurs. 
• Limites en cas d’urgence : sans accès immédiat à des interventions médicales d’urgence, comme lors d’une hémorragie ou d’une réanimation néonatale, le temps de réponse est grandement augmenté, ce qui présente une perte de chances pour la mère et/ou l’enfant. La présence de personnel médical formé sur le lieu de l’accouchement est préférable.
• Manque de ressources : en l’absence de matériel médical et de professionnel·le·s formé·e·s, la gestion des contractions et de la douleur peut devenir difficile, surtout si la durée de l’accouchement se prolonge.

Dans tous les cas, si vous faites le choix d’un accouchement ANA vous devez  être prêts à réagir rapidement en cas de problème et avoir un plan de transfert d’urgence vers une maternité si nécessaire.

Notez que les femmes à qui l’on diagnostique une grossesse à risque sont fortement invitées à se rendre dans une maternité disposant de tous les équipements nécessaires pour limiter un maximum les risques pour la mère et l’enfant.

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.

Préparation à un accouchement non assisté (ANA)

L’ANA est donc un accouchement qui demande aux parents d’endosser une plus grande responsabilité. C’est pour cela que la préparation à ce type d’accouchement est loin d’être négligeable.

Préparation physique et mentale

Se préparer à un ANA demande une préparation approfondie, tant sur le plan physique que mental :

• Éducation et information : informez-vous sur le processus d’accouchement en lisant des livres, en regardant des vidéos éducatives et surtout en participant à des ateliers de préparation à l’accouchement. Connaître les étapes de la dilatation, la gestion des contractions et les signes d’une éventuelle hémorragie est essentiel pour ce type d’accouchement.
• Techniques de relaxation : vous pouvez apprendre des techniques de relaxation telles que la respiration profonde, la méditation ou le yoga prénatal pour vous aider à rester calme et concentrée pendant l’accouchement.
• Condition physique : maintenez une activité physique adaptée à votre grossesse pour renforcer votre corps et améliorer votre endurance. Cela peut inclure des exercices légers comme la marche, la natation ou le stretching.
• Support émotionnel : entourez-vous de personnes de confiance. Le soutien de votre partenaire ou d’un·e proche peut être indispensable pour vous sentir en sécurité et soutenue le jour J.

Matériel et ressources nécessaires

En plus de la préparation physique et mentale, un accouchement ANA nécessite toute une préparation matérielle. Il vous faudra entre autres disposer d’un environnement clinique (c’est-à-dire propre et sans risque d’infection), de produits d’hygiène, des serviettes propres ou des draps pour absorber le sang (une femme perd entre 0 et 500 mL de sang lors d’un accouchement eutocique) lors de l’accouchement. 

Veillez également à garder des ressources de référence à portée de main pour vous y référer en cas de besoin. Il vous sera aussi vivement recommandé de garder un moyen de communication facile d’accès en cas d’urgence (un téléphone chargé et avec les numéros d’urgence enregistrés pour les composer rapidement).

Les alternatives à l’accouchement ANA

Bien que l’accouchement ANA ne soit pas interdit en France, vos professionnel·le·s de santé tenteront certainement de vous orienter vers une autre alternative d’accouchement médicalement assistée afin de s’assurer que vous soyez entourée de professionnel·le·s de santé le jour J, tout en essayant de respecter au maximum vos souhaits d’accouchement. . Certaines alternatives permettent de concilier le désir d’une naissance plus naturelle avec la sécurité d’un accompagnement professionnel, ce qui pourrait être le parfait compromis.

L’accouchement accompagné à domicile

L’accouchement accompagné à domicile (AAD) permet aux parents de vivre la naissance dans le confort de leur propre maison, tout en bénéficiant de la présence rassurante d’un·e sage-femme. Cette approche offre une expérience d’accouchement naturel, sans les interventions médicales souvent associées à l’accouchement en maternité, comme la péridurale ou l’aide instrumentale à l’accouchement.

Les parents connaissent généralement toutes les personnes présentes, ce qui peut faciliter le lâcher-prise et réduire le stress. Cependant, il est essentiel d’ouvrir un dossier à l’hôpital le plus proche pour garantir un transfert rapide en cas de complications. Cette option est réservée aux grossesses non pathologiques et nécessite une préparation rigoureuse.

Les maisons de naissance

Les maisons de naissance (MDN) sont une autre alternative envisageable, offrant un environnement plus intime qu’en maternité et aménagé pour respecter la physiologie de la naissance. Ces structures sont souvent situées à proximité immédiate des hôpitaux, garantissant un transfert rapide si nécessaire. Les sages-femmes y jouent un rôle central et les parents bénéficient d’un suivi global pendant la grossesse. Bien que le nombre de maisons de naissance soit limité en France, elles restent une option sécurisante pour celles qui souhaitent un accouchement sans les contraintes d’un cadre hospitalier traditionnel.

L’accouchement non assisté, ou ANA, est donc un type d’accouchement qui laisse les parents en totale autonomie le jour J et qui s’illustre par l’absence de tout professionnel·le·s de santé. Ce type d’accouchement n’est pas interdit en France, en revanche, vos professionnel·le·s de santé vous proposeront un compromis entre votre désir d’autonomie et la sécurité d’un accompagnement professionnel, comme par exemple un accouchement en maison de naissance ou un accouchement à domicile accompagné.