En 2021, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dévoilait à travers son rapport d’enquête nationale périnatale que 20,9% des accouchements par voie basse instrumentale – en France – se faisaient avec l’utilisation de forceps. De quoi s’agit-il ? A quoi servent-il ? Quand doit-on y avoir recours ?
Forceps pendant l’accouchement, on fait le point.
Qu’est-ce qu’un forceps ?
Les forceps ressemblent à deux grosses cuillères métalliques, reliées entre elles par des branches parallèles ou croisées (selon le modèle), formant une pince. Tout comme la ventouse ou les spatules, les forceps sont utilisés en cas de complication lors d’un accouchement par voie basse.
Cette “pince d’accouchement” facilite le passage du bébé dans le bassin de la mère : les deux cuillères sont placées autour de sa tête, ce qui permet de bien orienter sa présentation et l’extraire de façon instrumentale.
Dans quels cas faut-il recourir au forceps pendant l’accouchement ?
Les forceps sont utilisés lors d’un accouchement par voie basse, lorsque celui-ci se complique et qu’il devient nécessaire de l’accélérer pour votre sécurité et celui de l’enfant :
- Le bébé présente des altérations de son rythme cardiaque et sa naissance doit être accélérée.
- Malgré vos efforts de poussée, le bébé ne parvient pas à sortir, il n’arrive pas à progresser dans votre bassin.
- Il existe également d’autres motifs qui justifient l’utilisation des forceps, mais beaucoup plus rares (par exemple une condition médicale qui empêche la future maman de pousser…).
Le choix d’avoir recours à des forceps dépend de votre situation, de celle de votre bébé et de votre obstétricien⸱ne qui basera le choix de la méthode à privilégier sur des critères précis comme la hauteur et l’orientation de la tête de votre enfant, l’engagement de votre bébé dans le bassin et la façon dont il se présente. Le choix peut aussi dépendre du type d’instrument que l’obstétricien⸱ne est habitué⸱e à manipuler, mais aussi des habitudes de services : certaines maternités privilégient une méthode plutôt qu’une autre.
Les forceps ne sont une option envisageable qu’en fin de travail c’est-à-dire lorsque votre bébé est bien engagé dans le bassin, que la dilatation de l’utérus est complète et que la poche des eaux est rompue. Il ne s’agit pas d’une solution pour faire naître votre bébé pendant le travail mais d’une aide à l’expulsion. Si votre bébé doit naître avant que ces conditions ne soient remplies, la césarienne sous anesthésie péridurale sera privilégiée.
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Procédure d’utilisation des forceps : concrètement, comment cela se passe ?
Le plus souvent, le ou la gynécologue-obstétricien⸱ne insère les forceps dans le vagin, entre deux contractions. Il ou elle commence par placer une cuillère puis la seconde afin qu’elles se trouvent bien autour de la tête du bébé, puis les relie entre elles. Le/la gynécologue exerce ensuite une traction douce grâce au forceps pour aider le bébé à sortir pendant que la mère pousse : il s’agit d’une aide à l’accouchement, votre poussée reste essentielle !
Est-ce que le recours au forceps au cours de l’accouchement fait mal ?
L’utilisation d’instruments est réalisée, dans la grande majorité des cas, sous anesthésie péridurale. Le geste, pratiqué par le ou la gynécologue obstétricien⸱ne membre de l’équipe médicale, peut être inconfortable mais ne doit pas être douloureux. Si c’est le cas, une réinjection d’anesthésiant dans le cathéter de péridurale peut être pratiquée afin de diminuer davantage les sensations de la parturiente. N’hésitez pas à communiquer votre ressenti à l’équipe médicale et vos souhaits en termes d’anesthésie.
Quelles peuvent être les conséquences d’un accouchement par forceps ?
Nous l’avons vu, les forceps sont utilisés pour garantir votre sécurité et celle de votre bébé lors de situations particulières, qui nécessitent une intervention de votre équipe médicale. Ce type d’intervention étant couramment pratiqué (souvenez-vous, 20,9% des accouchements par voie basse instrumentale), les risques sont faibles.
Quels sont les risques pour le bébé ?
Pendant l’accouchement, le rythme cardiaque du bébé, reflet de sa bonne oxygénation, est suivi par vos professionnel⸱le⸱s de santé. S’il devient inquiétant, l’équipe médicale en est donc immédiatement informée et peut agir pour limiter les risques.
Quelquefois, les forceps peuvent provoquer un torticolis musculaire chez le nourrisson. Les complications touchant la boîte crânienne sont extrêmement rares. En revanche, l’utilisation des forceps peut laisser des traces d’appui ou un hématome sur les tempes de votre bébé. Rassurez-vous ces marques disparaissent au bout de quelques jours !
Doit-on forcément avoir recours à l’épisiotomie avec un accouchement par instruments ?
Quelles que soient les circonstances de l’accouchement, une naissance peut engendrer des lésions périnéales. C’est d’autant plus vrai lors des naissances par voie basse instrumentale. Cela étant, le nombre d’épisiotomies a drastiquement baissé ces dernières années, y compris au cours des extractions instrumentales, passant de 26,8% en 2010 à 8,3% en 2021 selon les résultats de l’enquête nationale périnatale.
Que vous ayez une déchirure naturelle ou une épisiotomie, un⸱e professionnel⸱le de l’équipe médicale suture la lésion juste après l’accouchement et la rééducation du périnée en période post-partum vous permet de retrouver du tonus au niveau de cette zone.
Existe-t-il une alternative à l’utilisation des forceps ? Les différents instruments d’accouchement
Nous les avons brièvement mentionnés plus haut, la ventouse et les spatules sont également des instruments utilisés lors d’accouchements par voie basse qui nécessistent une aide instrumentale. En général, l’obstétricien·ne choisit entre la ventouse, les forceps ou les spatules en fonction de sa pratique personnelle et de votre situation en examinant la hauteur de la tête du bébé, votre force de poussée et l’orientation de la tête de votre enfant.
Qu’est que la ventouse ?
La ventouse est un instrument assez petit avec un petit disque fin en silicone, qui va adhérer au crâne de votre bébé comme un chapeau (puisqu’il est généralement placé au sommet du crâne). Cette ventouse permet d’exercer une traction douce ou de corriger le positionnement de la tête du bébé pour faciliter sa sortie. Il s’agit de la méthode la plus utilisée lors des accouchements par voie basse instrumentale : 60,2% des cas d’après l’enquête nationale périnatale réalisée en 2021 par l’Inserm.
Qu’est-ce que les spatules ?
Les spatules ressemblent à une sorte de chausse-pied en métal, d’une trentaine de centimètres et indépendantes l’une de l’autre. Cette fois-ci, le but n’est pas de tracter mais plutôt de créer de l’espace en écartant de quelques millimètres les tissus maternels (avec la partie arrondie), pour faire progresser la tête.
A première vue, les forceps sont un instrument qui peut inquiéter les patientes et nous le comprenons. Cependant, il vaut mieux les voir comme des alliés pour vous aider lors de l’accouchement à la maternité !
