Rétention placentaire : risques et prise en charge

Rédigé par Sonia Monot
Révisé par Léa Kourganoff
Publié le 24 février 2025
Douleurs post-partum
5 minutes

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L’expulsion du placenta, ou la “délivrance”, est l’étape qui marque la fin d’un accouchement. Si cette étape se déroule généralement sans encombre, il arrive parfois que le corps ne parvienne pas à expulser le placenta, ou pas entièrement, on parlera alors de rétention placentaire. Quels sont les risques ? Quelle est la prise en charge ?

Rétention placentaire : on vous dit tout.

Qu’est-ce que la rétention placentaire ?

La rétention placentaire est une complication post-natale qui survient lorsque le placenta ne parvient pas ou pas complètement à être expulsé de l’utérus après l’accouchement. Ce phénomène peut être particulièrement préoccupant car il est souvent associé à des saignements importants et à d’autres risques pour votre santé.

Notez que la rétention placentaire peut se manifester sous deux formes principales :

  • La rétention complète : dans ce cas, le placenta reste entièrement dans l’utérus. Cela peut se produire lorsque le placenta n’arrive pas à se détacher de la paroi utérine, (une condition parfois liée à des anomalies telles que le placenta accreta, où le placenta s’ancre profondément dans le tissu utérin). Ce type de rétention peut nécessiter une intervention médicale rapide pour éviter des complications graves, notamment l’hémorragie.
  • La rétention partielle : ici, seulement une partie du placenta est retenue dans l’utérus après l’accouchement. Même un petit fragment de placenta laissé derrière peut empêcher l’utérus de se contracter correctement, entraînant des saignements persistants. Ces saignements peuvent survenir immédiatement après l’accouchement ou en tant qu’hémorragie secondaire, plusieurs heures ou jours après. Cela nécessite souvent une échographie pour confirmer le diagnostic et une éventuelle intervention pour retirer les fragments restants.

Rétention placentaire : risques et prise en charge may app santé

Symptômes et signes d’alerte

Une rétention placentaire nécessite une prise en charge médicale immédiate car elle est susceptible d’entraîner de graves complications pour vous. Voici les symptômes et signes d’alerte à surveiller.

  • Hémorragie du post-partum immédiat ou hémorragie de la délivrance : l’un des cas possibles est la survenue d’une hémorragie importante peu après la naissance. L’utérus doit normalement se contracter pour arrêter les saignements, mais une rétention du placenta peut empêcher cette action, entraînant des pertes de sang significatives (c’est d’ailleurs pour cela que vous restez 2h en salle d’accouchement en surveillance rapprochée).
  • Surveillance des lochies : les lochies, ces pertes sanguines qui suivent l’accouchement et qui durent quelques jours, doivent être surveillées de près. Ces saignements peuvent être importants les premiers jours mais si vous imbibez plus d’une maxi serviette hygiénique par heure, cela peut indiquer un problème sérieux et nécessite un retour urgent à la maternité.
  • Douleurs et contractions : des douleurs importantes au bas ventre persistantes peuvent également signaler une rétention placentaire avec infection de l’utérus. Bien que certaines douleurs soient normales après la naissance, une intensité élevée ou une durée prolongée doivent être discutées avec votre médecin ou sage-femme.
  • Fièvre et signes d’infection : une fièvre persistante, des frissons ou une sensation générale de malaise peuvent indiquer une infection de l’endomètre (la paroi utérine) due à la rétention placentaire. Cela nécessite un traitement médical immédiat pour prévenir des complications plus graves.

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.

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Diagnostic et examens complémentaires

Le diagnostic d’une rétention placentaire repose principalement sur une évaluation clinique par un⸱e professionnel⸱le de santé (sage-femme, médecin), qui peut être complétée par des examens plus spécifiques.

Si le placenta n’est pas expulsé dans les 30 minutes qui suivent la naissance, cela peut indiquer une rétention complète et des mesures correctrices peuvent être mises en place (vidange de la vessie, fausse inspiration thoracique…) avant de conclure à une rétention.

Lors de la délivrance, le professionnel présent à l’accouchement examine le placenta pour vérifier son intégrité : la galette placentaire doit être complète, et ne présenter aucun cotylédon manquant. Les membranes placentaires sont également examinées. 

Une attention vous est également portée, pour déterminer si vous présentez des signes évoquant une potentielle rétention : les saignements excessifs et l’absence de contractions efficaces de l’utérus sont, nous l’avons vu, des signes d’alerte. Une palpation de l’abdomen peut aussi révéler un utérus distendu, suggérant la présence de fragments placentaires.

A distance de l’accouchement, pour confirmer le diagnostic de rétention partielle, votre professionnel⸱le de santé réalise une échographie, qui permet de visualiser la cavité utérine et de détecter l’éventuelle présence de tissus placentaires restants. L’échographie est particulièrement utile pour identifier les cas de rétention partielle, où de petits fragments du placenta peuvent être retenus et provoquer des saignements intermittents ou une infection de l’endomètre.

Dans certains cas, des analyses de sang peuvent être nécessaires pour évaluer la gravité des saignements et déterminer le niveau d’hémoglobine, surtout si une hémorragie importante est suspectée. Cela aide à décider si une transfusion sanguine est nécessaire.

Rétention placentaire : risques et prise en charge may app santéQuelles sont les causes de la rétention placentaire ?

Les causes de la rétention placentaire sont variées et peuvent inclure : 

  • une contraction insuffisante de l’utérus après l’accouchement,
  • une implantation anormale du placenta (placenta accreta, increta ou percreta),
  • des antécédents de césarienne,
  • une vessie pleine.

Dans certains cas, des facteurs tels qu’une naissance prématurée ou un hématome rétroplacentaire (HRP) peuvent également jouer un rôle.

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Traitements et interventions médicales

Selon la gravité de la situation et le moment où elle est diagnostiquée, les options de traitement peuvent varier, allant des traitements médicaux aux interventions chirurgicales.

  • L’administration d’ocytocine peut être utilisée de façon préventive au moment de la naissance pour stimuler les contractions utérines et faciliter la délivrance du placenta. C’est d’ailleurs une pratique recommandée par l’OMS.
  • Vos professionnel⸱le⸱s de santé peuvent également recourir à une technique manuelle pour retirer le placenta, souvent réalisée sous anesthésie, appelée révision utérine.
  • L’aspiration est également une procédure courante qui consiste à utiliser un instrument pour aspirer les fragments placentaires restants de l’utérus. Elle est souvent pratiquée sous anesthésie locale ou générale, en fonction de l’état de santé de la patiente et de la quantité de tissu à retirer. Cette méthode n’est utilisée que sur les rétentions partielles diagnostiquées à distance de l’accouchement.

Le cas particulier des anomalies d’insertion placentaire (placenta accreta, increta ou percreta) : le placenta ne pouvant se détacher par lui-même, on vous recommandera certainement une césarienne. Notez aussi que, dans la plupart des cas, une hystérectomie (soit l’ablation chirurgicale de l’utérus) est nécessaire pour limiter les risques d’hémorragie sévère.

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Prévention et soins post-partum

La rétention placentaire est une complication qui n’est de la faute de personne et qu’il est difficile d’anticiper. L’injection systématique d’ocytocine au moment de la naissance permet de réduire ce risque, mais une rétention peut survenir malgré cette précaution. S’assurer d’un bon suivi pré et post-natal permet de réduire les risques de complications graves.

Bon à savoir : si vous avez fait le choix d’allaiter, n’hésitez pas à donner le sein à votre enfant dès que possible après la naissance. L’allaitement stimule naturellement les contractions de l’utérus et est donc susceptible d’aider à l’expulsion du placenta.

Une fois la rétention placentaire prise en charge et soignée, il vous sera également recommandé de faire preuve de vigilance en suivant assidûment le protocole de soin :

  • Avoir un suivi médical régulier : planifiez des visites post-natales avec votre médecin ou sage-femme pour surveiller la cicatrisation de l’endomètre et éviter les infections.
  • Prendre soin de la cicatrice : si vous avez subi une césarienne ou une intervention pour retirer le placenta, prenez soin de votre cicatrice. Gardez la zone propre et surveillez tout signe d’infection.
  • Faire sa rééducation périnéale : entre 6 et 8 semaines après l’accouchement, commencez la rééducation périnéale avec un⸱e kinésithérapeute ou un⸱e sage-femme pour renforcer les muscles du plancher pelvien et aider à la récupération.
  • Surveiller les saignements : soyez attentive à l’évolution des saignements. Si vous remarquez une augmentation soudaine ou des douleurs inhabituelles, consultez immédiatement un⸱e professionnel⸱le de santé.

Enfin, n’oubliez pas de prendre soin de vous émotionnellement. Le post-partum est une période de grands changements et il est essentiel de s’accorder du temps pour se reposer et s’adapter à cette nouvelle vie. Votre corps et votre esprit ont besoin de bienveillance et de soutien.

La rétention placentaire est donc une complication post-partum rare mais grave. Elle nécessite une prise en charge urgente afin de limiter les risques de complications pour la mère. S’il vous avez des questions ou en cas d’inquiétude, n’hésitez pas à consulter votre professionnel⸱le de santé.

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Crédits photos : krisprahl | YuriArcursPeopleimages | Media_photos | raffinboy | DC_Studio | seventyfourimages


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