D’après l’Enquête Nationale Périnatale de 2021, 12,4% des naissances en France se font “par voie basse instrumentale”. C’est-à-dire que, malgré les efforts de poussée de la mère, il se peut que l’équipe médicale ait recours à l’utilisation d’outils pour que le bébé puisse venir au monde.
Ces outils en question, ce sont les forceps, les spatules et – le cas qui nous intéresse ici – la ventouse obstétricale. Pas de panique, on vous explique !
Comment fonctionne l’accouchement avec ventouse ?
Première chose à savoir, et qui vous rassurera sûrement : quand on parle de ventouse obstétricale, sachez qu’elle ne ressemble en rien à celle qui a pour vocation de déboucher les canalisations (fort heureusement).
En fait, il s’agit d’un instrument assez petit avec une “cupule” en silicone, qui va adhérer au crâne du bébé ainsi qu’un système de pompe pour créer le vide et permettre son adhérence.
La ventouse, que l’on positionne habituellement sur le sommet du crâne de l’enfant va permettre à l’obstétricien·ne d’exercer une traction douce ou de corriger le positionnement de la tête du bébé afin de faciliter et accélérer sa sortie.
Cette aide est bien souvent réservée aux bébés qui sont déjà assez bas dans le bassin et, quel que soit le type d’instrument choisi, sachez qu’il ne vous dispense pas de la poussée.
Il faut absolument continuer de pousser : l’instrument potentialise l’effort mais ne le remplace pas. Vous restez la première actrice de votre accouchement, instrument ou pas !
Le saviez-vous ? Parmi les naissances par voie basse instrumentale, c’est la ventouse qui est la plus utilisée : en 2021, elle représente 60,2% de ce type de naissances (contre 20,9% pour les forceps et 18,9% pour les spatules).
À quel moment utilise-t-on la ventouse pendant l’accouchement ?
La ventouse permet d’accélérer grandement le moment de la poussée mais n’est utilisable qu’à partir du moment où le bébé est déjà engagé dans le bassin.
S’il était placé au-dessus et qu’il était nécessaire d’accélérer sa sortie, c’est une césarienne qui serait choisie.
Il existe plusieurs motifs pour avoir recours à l’utilisation d’outils comme la ventouse obstétricale, dont deux qui sont les plus fréquentes :
- Le rythme cardiaque s’altère et devient suffisamment inquiétant pour que la naissance doive être accélérée car on craint un défaut d’oxygénation du bébé.
- Malgré les efforts de poussée de la mère et de potentiels changements de position, le bébé ne progresse pas ou plus dans le bassin : la ventouse est utilisée au bout de 30 à 45 minutes d’efforts expulsifs. Dans d’autres pays du nord de l’Europe, c’est au bout de 60 à 120 minutes de poussée.
Quels sont les avantages et inconvénients de la ventouse ?
Nous l’avons vu, le principal avantage de la ventouse obstétricale est qu’elle facilite et accélère grandement la naissance lorsque la situation le nécessite.
En revanche, il est vrai qu’elle comporte son lot d’inconvénients. En effet, une extraction instrumentale augmente le risque de déchirures périnéales (si on la compare à une naissance par voie basse spontanée). Cependant, la ventouse est l’instrument qui en occasionne le moins, car il n’augmente pas le diamètre présenté à la vulve et ne touche pas les parois vaginales.
Sans parler de l’inquiétude que la future mère peut ressentir : même si les équipes vous expliquent pourquoi elles utilisent la ventouse et la façon dont elle fonctionne, cela peut rester une expérience impressionnante.
Sachez en tout cas que ce n’est pas de votre faute si les équipes optent pour une naissance par voie basse instrumentale : vous n’avez pas “mal fait”. Simplement, il arrive parfois qu’une naissance ne se déroule pas comme souhaitée.
Bien sûr les complications (parfois graves) liées à la ventouse existent. Sachez toutefois qu’elles sont devenues très rares, d’autant plus rares que les obstétricien·ne·s n’hésitent pas à changer d’instrument ou à passer au bloc opératoire pour pratiquer une césarienne si l’enfant ne vient pas facilement. L’époque où les chirurgien·ne·s tiraient très fort est révolue, heureusement !
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes et d’infirmières puéricultrices vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Quelles sont les alternatives à la ventouse pendant l’accouchement ?
Un peu plus haut, nous avons évoqué d’autres outils utilisés lors d’accouchements par voie basse instrumentale : les forceps et les spatules.
En général, l’obstétricien·ne choisit entre la ventouse, les forceps ou les spatules en fonction de son examen, de la hauteur de la tête du bébé, de votre force de poussée et de l’orientation de la tête du fœtus. Il·elle choisira aussi l’instrument avec lequel il·elle est le plus à l’aise dans sa pratique personnelle.
Les forceps
Ils ressemblent à deux cuillères métalliques, reliées entre elles. En plaçant l’enfant entre les deux “cuillères”, il est possible de tracter sa tête hors du giron maternel.
Les spatules
Elles sont un peu comme une sorte de chausse-pied en métal, d’une trentaine de centimètres et indépendantes l’une de l’autre. Cette fois-ci, le but n’est pas de tracter mais plutôt de créer de l’espace en écartant de quelques millimètres les tissus maternels (avec la partie arrondie), pour faire progresser la tête.
Est-ce que l’utilisation de la ventouse est douloureuse ?
Il ne faut pas oublier que le ressenti de la douleur est différent selon chaque femme. En outre, certaines font le choix de la péridurale, réduisant voire supprimant les douleurs lors de l’accouchement.
Les sensations provoquées par la ventouse obstétricale pendant l’accouchement peuvent se révéler désagréables, voire douloureuses. La parturiente sent la tête de son bébé descendre rapidement avec un temps d’accommodation plus court qu’en cas de voie basse spontanée. Cette sensation peut être intense mais elle est de courte durée.
Toutefois, les épisiotomies ont drastiquement diminué ces 20 dernières années, y compris au cours des extractions instrumentales. D’après l’Enquête Nationale Périnatale de 2021 le taux d’épisiotomie est passé de 20,1% en 2016 à 8,3% en 2021 !
Est-ce que l’utilisation de la ventouse affecte le bébé après la naissance ?
Il y a effectivement des chances que la manœuvre de la ventouse ne plaise pas particulièrement à votre bébé, ça se comprend. Il se peut que l’expérience soit désagréable, voire douloureuse pour lui.
C’est pourquoi la sage-femme reste très attentive aux signes qu’envoie le bébé. Si vous êtes inquiète, il est très important de faire part de vos observations à la sage-femme ou à l’auxiliaire puéricultrice qui vous accompagne.
Après la naissance, les complications néonatales liées à la ventouse restent généralement bénignes, même s’il en existe de plus sévères (beaucoup plus rares). Le bébé peut présenter un ou des hématome(s) au niveau du cuir chevelu, des hémorragies rétiniennes, une bosse séro-sanguine (un épanchement sous-cutané constitué de sérum et de sang au niveau du crâne pouvant entraîner un ictère/une jaunisse du nourrisson).
Heureusement, la grande majorité des effets de la ventouse sur le bébé se soignent très bien et ne semblent pas laisser de séquelles ou de complications à long terme.
On vous comprend : la perspective d’un accouchement par ventouse n’est pas très réjouissante. Toutefois, quand ces outils sont utilisés de la bonne manière et dans le bon cas de figure, on peut quand même se dire qu’ils nous rendent un fier service et qu’on a de la chance d’être entourée de professionnel·le·s compétant·e·s.
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
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Photo : nd3000