En grandissant, votre enfant va découvrir petit à petit le goût et la diversité des textures et aliments qui composent notre alimentation. Mais que faire lorsque le comportement alimentaire de votre enfant devient source de stress ? Les troubles de l’oralité affectent l’appétit et la prise de poids d’un enfant. Comment reconnaître les premiers symptômes ?
Troubles de l’oralité : faisons le point.
Qu’est-ce que le trouble de l’oralité ?
Le trouble de l’oralité, aujourd’hui mieux connu sous le nom de trouble alimentaire pédiatrique (TAP), est une condition qui affecte la capacité d’un bébé ou d’un enfant à manger normalement. Ce trouble peut avoir un impact significatif sur le développement physique et émotionnel de l’enfant, influençant son appétit, sa prise de poids et parfois même l’ambiance familiale.
Les troubles de l’oralité se manifestent généralement par des difficultés à ingérer certaines quantités et textures lors des repas (ou des tétées dans le cas d’un bébé), ce qui peut mener à des comportements alimentaires désordonnés.
Les troubles de l’oralité peuvent être catégorisés en deux grands groupes.
- Les troubles de l’oralité sensoriels : une hypersensibilité ou une hyposensibilité aux textures, goûts ou odeurs, rendant certains aliments impossibles à manger. L’enfant peut alors devenir très difficile concernant ce qu’il accepte de manger ou non.
- Les troubles de l’oralité moteurs : difficultés physiques à mastiquer, à déglutir ou à respirer en même temps. Ces problèmes peuvent provoquer des vomissements ou un inconfort digestif, affectant le comportement de l’enfant à table.
Causes et facteurs de risque
Les troubles de l’oralité chez le bébé et l’enfant peuvent avoir de multiples origines. Voici les plus courantes.
- Une anomalie structurelle : chez le nourrisson, un frein restrictif buccal (un reste de tissus embryonnaires entre le dessous de la langue et le plancher de la bouche qui restreint les mouvements normaux de la langue) peut entraver la succion et la déglutition, affectant la capacité de votre bébé à s’alimenter correctement.
- Certaines habitudes alimentaires : les enfants exposés à une sur-stimulation sensorielle peuvent développer une hypersensibilité orale, menant à différentes restrictions alimentaires. Notez qu’une sous-stimulation peut également affecter le développement normal de l’oralité. Pour trouver le bon équilibre, n’hésitez pas à vous tourner vers votre médecin ou pédiatre.
- Un trouble du développement : une diversification alimentaire menée trop tôt ou à un rythme inadapté peut entraîner un trouble de l’oralité. De même, les bébés qui ne sont pas encouragés à explorer différentes textures et goûts peuvent développer des aversions alimentaires, limitant ainsi leur appétit et leur curiosité alimentaire.
En plus des causes possibles évoquées plus haut, il existe certains facteurs à risque dont les suivants :
- Une naissance prématurée ou une hospitalisation néonatale (qui peut aboutir à des difficultés de coordination entre la succion, la déglutition et la respiration, ou qui a pu entraîner des soins invasifs au niveau oral).
- Des troubles sensoriels ou moteurs préexistants.
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Signes et symptômes à surveiller
Certains signes et symptômes, qu’ils soient sensoriels ou moteurs, permettent de repérer un trouble de l’oralité chez un enfant ou un bébé. Si vous remarquez un ou plusieurs des symptômes suivants chez votre enfant, n’hésitez pas à consulter rapidement votre médecin ou pédiatre.
Signes sensoriels
- Une hypersensibilité orale : votre enfant peut montrer un dégoût marqué pour certaines textures alimentaires, faisant des grimaces ou ayant des réflexes vomitifs. Il peut également refuser catégoriquement certains aliments, limitant ainsi la variété de son alimentation.
- Une sélectivité alimentaire : une préférence marquée pour des aliments spécifiques, souvent basée sur la texture ou la couleur, peut également indiquer un trouble de l’oralité.
- Le repas peut être également plus long, source de conflits et de tensions.
Signes moteurs
- Troubles de la mastication et de la déglutition : votre enfant peut avoir du mal à mâcher correctement les aliments, ce qui peut entraîner des vomissements.
- Coordination succion-déglutition-respiration : chez les bébés, des difficultés à coordonner ces actions peuvent se traduire par une fatigue rapide pendant les tétées ou une toux persistante.
Diagnostic et évaluation
Pour diagnostiquer un trouble de l’oralité, votre professionnel·le de santé commencera d’abord par une observation clinique afin de détecter un potentiel signe d’alerte. Concrètement, votre médecin ou pédiatre examinera la capacité de votre enfant à tolérer les quantités consommées lors des repas ou tétées, ainsi que sa courbe de prise de poids.
Ensuite, des tests peuvent être réalisés pour évaluer les capacités orales et motrices de votre enfant. Chez les bébés par exemple, on évalue principalement la coordination succion-déglutition-respiration. Pour les enfants plus âgés, on observe surtout leurs capacités de mastication et de déglutition ainsi que leur réponse sensorielle aux différentes textures et saveurs.
Enfin, dans certains cas, des examens complémentaires, comme une endoscopie ou une consultation avec un·e spécialiste ORL, peuvent être nécessaire pour exclure des conditions médicales sous-jacentes telles qu’un reflux gastro-œsophagien (RGO) ou un frein restrictif.
Que faire en cas de trouble de l’oralité ?
La prise en charge d’un trouble de l’oralité chez un enfant ou un bébé dépend bien sûr de la cause à l’origine de ce trouble. Voici quelques conseils pour accompagner votre enfant lors des repas.
- Encourager votre enfant : accompagner votre enfant à essayer de nouveaux aliments avec des encouragements peut stimuler son appétit et sa curiosité alimentaire. Cela aide à instaurer une relation positive avec la nourriture.
- Désensibilisation progressive : cette méthode consiste à introduire lentement des aliments que l’enfant trouve difficiles à accepter, en augmentant progressivement les quantités et en modifiant les textures pour s’adapter à ses préférences.
- Diversification alimentaire adaptée : n’hésitez pas à offrir progressivement de petites quantités de nouveaux aliments à votre enfant pour éviter de le brusquer.
- Texture et présentation : essayer de présenter les aliments sous une forme que votre enfant peut facilement manger comme des purées lisses pour les plus jeunes ou des morceaux mous pour ceux qui commencent à mâcher peut aider.
- Rééducation : l’orthophoniste pourra travailler avec votre enfant le renforcement de sa motricité bucco-faciale ou de sa succion.
Un trouble de l’oralité (ou un TAP) fait donc référence aux difficultés motrices ou sensorielles qu’un bébé ou un enfant peut rencontrer lorsqu’il s’alimente. Ces troubles peuvent provoquer des difficultés au moment des repas mais également impacter le bien-être et le comportement alimentaire de votre enfant. Si vous remarquez l’un ou plusieurs des signes évoqués plus haut, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou pédiatre.
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Photos : zamrznutitonovi | Yannamelissa | christening | AnnaStills | rushay1977