Lorsque l’on est en projet bébé, certaines pathologies peuvent compliquer le chemin vers la grossesse, le transformant parfois en véritable parcours du combattant. L’adénomyose peut faire partie de ces “pathologies obstacles”. De quoi s’agit-il ? Comment diagnostiquer et traiter l’adénomyose ?
Adénomyose et grossesse : on fait le point.
Qu’est-ce que l’adénomyose ?
On parle d’adénomyose lorsque les cellules de l’endomètre (la couche interne de l’utérus) infiltrent le myomètre (le muscle de l’utérus) sous forme d’îlots invaginés.
Ce phénomène s’expliquerait par une quantité d’œstrogène trop importante au niveau de l’utérus, à l’origine de microtraumatismes de l’endomètre qui se trouverait comme “aspiré” dans le myomètre.
L’adénomyose peut être :
- diffuse : concerne l’ensemble du myomètre,
- focale : un ou quelques foyers localisés sur le myomètre,
- externe : lorsque de l’endométriose externe infiltre le myomètre par l’extérieur.
L’adénomyose est une pathologie bénigne – c’est-à-dire qu’elle ne met pas en danger la vie de la femme qui en est atteinte – en revanche, elle peut compliquer de manière importante le quotidien et/ou un parcours de grossesse. Cette pathologie concernerait jusqu’à 20 à 30% des femmes menstruées selon l’association EndoFrance et 30 à 60% des femmes atteintes d’endométriose.
L’adénomyose peut entraîner des symptômes comme des saignements importants lors des menstruations (ménorragies), des douleurs importantes pendant les règles (dysménorrhée) ou plus rarement des saignements en dehors des règles (métrorragies). Certaines femmes décrivent également des douleurs lors des rapports (dyspareunies).
Notez cependant que d’après l’association Endofrance, 2 femmes atteintes d’adénomyose sur 3 sont asymptomatiques.
Quelles sont les différences entre endométriose et adénomyose ?
Bien qu’elles soient souvent associées, l’adénomyose et l’endométriose sont deux pathologies gynécologiques distinctes.
- L’endométriose correspond à la colonisation des organes voisins de l’utérus par des cellules de l’endomètre (vessie, rectum, ovaire, intestin…). Ces cellules s’implantent puis, sous l’effet des hormones du cycle menstruel, prolifèrent et saignent, ce qui provoque des douleurs importantes et potentiellement une infertilité.
- L’adénomyose correspond à l’infiltration des cellules de l’endomètre dans le muscle de l’utérus (myomètre), mais pas sur les autres organes.
Concrètement l’endométriose concerne l’extérieur de l’utérus alors que l’adénomyose impacte l’intérieur de l’utérus. Une femme peut donc souffrir d’endométriose sans pour autant souffrir d’adénomyose et inversement. Il est également possible de cumuler les deux pathologies.
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Comment diagnostique-t-on l’adénomyose ?
L’adénomyose n’ayant pas de symptômes cliniques observables, il est nécessaire d’avoir recours à l’imagerie pour en faire le diagnostic.
L’échographie est l’examen de première intention. Un diagnostic est possible en observant l’utérus, sa taille, sa forme, et en regardant l’aspect et l’épaisseur du myomètre et de la zone de jonction entre l’endomètre et le myomètre.
L’IRM peut être pratiquée en complément, pour affiner le diagnostic ou si l’on suspecte une endométriose associée.
Est-il possible de tomber enceinte lorsqu’on est atteinte d’adénomyose ?
Oui, il est possible de tomber enceinte en étant atteinte d’adénomyose. En revanche, il est possible que cette pathologie rende le processus plus difficile.
On observe différentes modifications attribuées à l’adénomyose, qui pourraient avoir un effet sur la fertilité. Le métabolisme au niveau de l’endomètre est modifié et on observe une inflammation locale importante, compromettant ainsi l’implantation de l’embryon. On remarque également une perturbation de l’activité contractile du myomètre, si bien que les contractions utérines empêchent la stabilisation de l’embryon dans l’endomètre.
Le transport des spermatozoïdes pourrait également être affecté par l’adénomyose : l’inflammation de l’endomètre est néfaste pour la fonction spermatique, et on observe des troubles de la fonction de transport de l’utérus vers les trompes ainsi qu’une augmentation des obstructions tubaires.
D’autre part, lorsque l’adénomyose est associée à de l’endométriose, les causes d’infertilité peuvent être retrouvées du côté de l’endométriose : inflammation du liquide péritonéal, adhérences péri-tubo-ovariennes, lésions ovariennes et/ou tubaires…
Existe-t-il des solutions en cas d’infertilité due à l’adénomyose ?
Si les examens exploratoires de l’infertilité mènent à penser que celle-ci est due à de l’adénomyose, des solutions sont possibles.
Le traitement le plus courant est celui par “agonistes de la GNRH”. La GNRH est une hormone sécrétée par le cerveau qui régule la production des hormones sexuelles. Les agonistes de la GNRH permettent de diminuer la production d’œstrogènes, et ainsi de diminuer les microtraumatismes de l’endomètre à l’origine de l’adénomyose.
Ce traitement agissant comme une “ménopause artificielle”, une “add-back therapy” est associée : on introduit une légère dose d’œstrogènes pour éviter les effets secondaires de la ménopause.
Les agonistes de la GNRH, en plus de diminuer les symptômes de l’adénomyose, tendent à rendre l’utérus plus accueillant après 3 mois de traitement et augmentent donc les chances de conception par la suite. Il peut donc être la première étape d’un parcours de PMA avant une FIV lorsque la conception naturelle est difficile à cause d’une adénomyose.
A savoir : un traitement chirurgical par endoscopie est possible en cas d’échec de la voie médicamenteuse.
Y a-t-il un risque accru de fausse couche ou d’accouchement prématuré avec l’adénomyose ? Quel suivi médical est recommandé pour les grossesses compliquées par l’adénomyose ?
Comme expliqué précédemment, l’adénomyose peut effectivement compliquer la conception. Nous l’avons vu, tomber enceinte reste possible, en revanche, si l’adénomyose est trop sévère, elle peut empêcher la nidation de l’embryon.
Santé.fr déclare que le risque de fausse couche chez une femme atteinte d’adénomyose “serait multiplié par 2”. C’est pourquoi en cas de grossesses arrêtées à répétition ( “fausse couche”), les professionnel·le·s de santé chercheront également du côté de l’adénomyose.
Pour rappel : au-delà de 3 grossesses arrêtées, il est recommandé de rechercher la cause éventuelle de ces tristes répétitions. Existe-t-il une pathologie, comme l’adénomyose, qui pourrait expliquer ces récidives ? Plusieurs bilans sanguins et examens seront entrepris afin de trouver des réponses et vous proposer une prise en charge adéquate.
Si vous pensez présenter des signes d’adénomyose ou que vous rencontrez des difficultés à tomber enceinte, n’hésitez pas à consulter un·e professionnel·le de santé afin de déterminer les causes de ces difficultés.
Notez que si vous avez des saignements durant votre grossesse, quelle que soit la couleur, quantité et terme, les saignements imposent une visite aux urgences de la maternité. Il se peut que ces saignements ne soient causés que par l’implantation de l’embryon, mais il se peut aussi qu’ils soient le signe qu’il y a un souci.
L’adénomyose est donc une pathologie semblable à l’endométriose, sauf qu’au lieu de coloniser les autres organes, les cellules de l’endomètre viennent parasiter le myomètre (à l’intérieur de l’utérus), pouvant être à l’origine de saignements et de douleurs. En cas de fausses couches à répétition ou de symptômes inquiétants, consultez.
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Photos : Zinkevych_D | yanishevskaanna | RossHelen | macniak