Faut-il redouter l’aiguille péridurale ? Nos conseils.

Publié le 25 décembre 2023
Préparation à l'accouchement
7 minutes

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En France, la péridurale est le moyen le plus courant pour atténuer, voire supprimer, les douleurs des contractions et du passage du bébé lors de l’accouchement tout en restant mobile et éveillée. Son utilisation s’est généralisée depuis les années 1990 : aujourd’hui, 82,6% des femmes y ont recours en France (selon l’enquête nationale périnatale de 2016).

Pourtant, l’aiguille péridurale, ça peut faire peur. La raison de ce malaise : sa taille. On vous explique tout !

Quelle est la taille de l’aiguille péridurale ?

Commençons tout de suite par la question qui fâche : cette fameuse aiguille péridurale, quelle taille fait-elle exactement ? La réponse est… 80 mm (soit 8 centimètres) !

Cela dit, pour la plupart des femmes, l’aiguille n’est pas insérée en entier (parfois, même pas à moitié !). En fait, si l’aiguille péridurale est aussi longue, c’est pour être sûr de pouvoir atteindre l’espace péridural quelque soit la morphologie de la patiente.

S’agissant du diamètre, l’aiguille fait 1,3 mm. En effet, il doit permettre d’insérer le cathéter (un petit tube en plastique qui servira à vous administrer les anesthésiants).

Quelles sont les étapes de l’administration d’une péridurale ?

Déjà, que vous choisissiez ou non de recourir à la péridurale lors de l’accouchement, sachez que vous devrez tout de même assister à la consultation obligatoire lors du 8ème mois avec l’anesthésiste, pour envisager toutes les possibilités. Cela ne vous force en rien à dire oui à la péridurale ! Mais c’est l’occasion de poser toutes vos questions.

Lors de cette consultation, l’anesthésiste va vous poser des questions sur vos antécédents médicaux, vos allergies, vos traitements en cours. Il réalise également un examen clinique. En particulier, si vous souhaitez une péridurale, l’anesthésiste va examiner votre dos (là où la péridurale sera posée lors de l’accouchement).

Mais alors, comment se pose l’aiguille péridurale le jour J exactement ?

  • 1 – On commence par vous installer assise sur le lit : dos nu, assise en tailleur ou les jambes pendantes, charlotte sur la tête, on vous fait faire le dos rond, tête et épaules baissées comme si vous portiez quelque chose de très lourd.
  • 2 – L’anesthésiste désinfecte la peau, met en place un champ stérile dans votre dos et prend ses repères en vous tâtant le dos. Il faut veiller, à partir de ce moment-là, à ne plus toucher cette zone, parce qu’elle doit rester propre.
  • 3 – L’anesthésiste pratique une anesthésie locale de la peau avec une petite aiguille, exactement comme chez le dentiste.
  • 4 – Après avoir attendu que l’anesthésie locale fasse effet (entre 1 et 2 min), il insère la fameuse aiguille péridurale creuse dans laquelle on va venir glisser le petit cathéter (tuyau) souple en plastique qui ressemble à un vermicelle chinois et dans lequel seront injectés les analgésiants.
  • 5 – Il retire l’aiguille péridurale en laissant en place le cathéter en plastique.
  • 6 – Il scotche le cathéter le long de votre dos… et c’est terminé !

étapes péridurale

Est-ce que l’aiguille de la péridurale fait mal ?

Là encore, tout est une question de relativité. Chacune a son propre seuil de tolérance à la douleur. La douleur qui peut accompagner la pose de l’aiguille péridurale peut en plus dépendre du moment auquel on vous la pose.

Tout d’abord, notez que l’anesthésie locale préalable sert justement à ce que la pose de l’aiguille péridurale ne fasse pas mal, ou en tout cas, réduise de beaucoup le ressenti. Il est possible que vous ressentiez une pression dans le dos qui peut vous paraître bizarre ou inconfortable, mais qui reste normalement tout à fait tolérable.

Il faut aussi prendre en compte le contexte ! Si on vous posait une péridurale à froid, alors que jusqu’à présent vous vous sentiez très bien, alors oui, ça risquerait d’être un moment fort désagréable. En revanche, quand on vous la pose alors que vous êtes assaillie par la douleur de l’intensité des contractions, alors l’expérience pourra être vécue comme libératrice et non douloureuse en comparaison.

La réponse est donc : ça dépend ! Vous voulez une petite confidence de sage-femme ? Une majorité de femmes disent après coup qu’elles pensaient que la pose de la péridurale serait bien pire.

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Combien de temps dure l’effet d’une péridurale ?

Rassurez-vous : la péridurale durera le temps qu’il faut.

Les équipes médicales mettront une quinzaine de minutes à la poser et ses effets mettront une quinzaine de minutes supplémentaires pour se faire sentir.

Une fois l’aiguille péridurale retirée et le cathéter en place, on y injecte autant d’anesthésiant que l’on veut, pendant aussi longtemps qu’on veut ! Ce n’est pas une injection qui s’atténue dans le temps, mais bien un cathéter qui distribue (en continu ou par intermittence, selon le matériel) du produit à la demande.

Après l’arrêt de la péridurale, ses effets se dissipent progressivement dans les heures qui suivent : souvent 2h après. Selon les situations et les femmes, les effets de la péridurale peuvent durer de 6 à 24h après l’accouchement.

Y a-t-il des effets secondaires possibles avec une péridurale ?

Vous allez finir par connaître cette réponse par cœur mais là encore, ça dépend. Comme toute intervention médicale, il peut exister certains effets secondaires.

Souvenez-vous cependant que, comme nous l’avons vu plus haut, 80% des femmes en France ont recours à la péridurale : c’est donc une technique et un geste bien rôdés qui ne seraient pas proposés s’il y avait des risques majeurs pour vous ou votre bébé.

Certaines femmes connaissent certains effets secondaires : certaines se grattent, d’autres tremblent, d’autres ont des mouches devant les yeux, des chutes de tension ou la nausée…

Si après une péridurale vous remarquez des symptômes qui vous déplaisent et/ou vous inquiète, parlez-en à la sage-femme qui vous suit, elle fera tout son possible pour soulager ce ou ces désagrément(s).

Chez d’autres femmes encore, on n’observe à l’inverse aucun effet secondaire notable. Pour le coup, il est difficile, voire impossible, d’anticiper quels pourraient être les effets secondaires sur vous si c’est votre premier accouchement.

❗Il existe un risque de complication spécifique à avoir en tête : la création d’une brèche dans la dure-mère, la membrane qui entoure notamment le cerveau et la moelle épinière. La femme ressent alors des maux de tête sévères. Notez cependant que dans certains cas le problème se traite facilement avec un blood patch.

La péridurale est-elle obligatoire pendant l’accouchement ?

Absolument pas ! La péridurale n’est pas obligatoire pendant l’accouchement. Seule la consultation avec l’anesthésiste l’est car elle permet d’anticiper toute complication éventuelle qui pourrait nécessiter une anesthésie.

Toutefois, dans certaines situations particulières, les professionnel·les de santé peuvent vous inciter à y avoir recours (pour votre sécurité autant que pour celle du bébé). Par exemple, en cas de risques importants de césarienne ou de manœuvres : anomalies du rythme cardiaque fœtal, grossesse gémellaire, présentation par le siège… Il vous est tout de même possible de manifester votre refus catégorique.

A l’inverse, il est possible que l’on vous refuse la péridurale alors que vous la souhaitez. Les contres-indications sont rares mais loin d’être inexistantes : certaines infections, troubles de la coagulation, prise d’anticoagulants, certaines pathologies cardiaques, certaines pathologies du rachis ou de la moelle épinière, certains tatouages, des plaquettes basses, une malformation du dos, une allergie, de la fièvre… Rassurez-vous, plus bas dans cet article, on vous propose quelques alternatives à la péridurale.

La péridurale a-t-elle des effets sur le bébé ?

Là encore, gardez en tête que les risques associés à la pose d’une anesthésie péridurale sont très faibles. Si ce n’était pas le cas, elle ne serait réservée qu’aux accouchements à haut risque. A l’heure actuelle, nous n’avons pas identifié d’effets négatifs sur le bébé.

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes et d’infirmières puéricultrices vous répond 7j/7 de 8h à 22h.

Quelles alternatives pour soulager la douleur pendant l’accouchement ?

Un accouchement peut tout à fait se dérouler sans péridurale, que ce soit pour des raisons médicales ou parce que c’est la volonté de la future mère. Nous vous avons listé quelques alternatives à la péridurale :

  • Avoir une sage-femme à vos côtés : de sérieuses études scientifiques démontrent que la présence d’une sage-femme à vos côtés abaisse le seuil de la douleur. Malheureusement de nos jours, à l’hôpital, une sage-femme s’occupe en moyenne de trois femmes en travail en même temps, en plus des patientes aux urgences. Difficile donc pour elle de rester à vos côtés en continu.
  • Le soutien d’un·e proche : le futur co-parent peut être d’une aide précieuse, en particulier si vous avez suivi ensemble des séances de préparation à la naissance et à la parentalité. La personne qui vous accompagne pourra vous soutenir moralement, vous masser, vous aider à changer de position…
  • La chaleur : elle agit comme un relaxant musculaire et permet d’atténuer la sensation douloureuse des contractions de l’utérus. Vous pouvez opter pour un bain, une douche si vous n’avez pas accès à une baignoire, une bouillotte appliquée au bas de votre dos ou de votre ventre.
  • La respiration : l’utérus est un muscle, pour qu’il fonctionne, il lui faut de l’oxygène. Le problème, c’est que lorsqu’on a mal, on à tendance à respirer vite et de manière saccadée. Lors de l’accouchement, privilégiez une respiration ample et profonde et les sons graves (ce qui va détendre le périnée et vous focaliser sur quelque chose).

Vous pouvez également opter pour une respiration en rectangle ou en triangle. Cette technique est loin de fonctionner pour tout le monde, mais vous ne perdez rien à essayer. Demandez à votre partenaire de tracer un rectangle ou un triangle avec le doigt. Exemple avec le triangle : le doigt monte = j’inspire, il descend = j’expire, il fait le trait du bas = je fais une petite pause. Le but ? Se mettre en pilote automatique, pour se détacher de la douleur.

  • Les appuis et les massages : certains massages et appuis précis permettent de réduire la douleur notamment quand on appuie sur le sacrum. Votre partenaire peut se préparer en amont auprès d’une sage-femme libérale.
  • Le gaz hilarant : il agit quasi immédiatement et son effet dure le temps que vous le respirez. Il est censé atténuer la douleur et est d’ailleurs très utilisé aux urgences pédiatriques. Vous pouvez le respirer tout au long des contractions et autant que vous le souhaitez.
  • Les postures : n’hésitez pas à changer régulièrement de postures pour trouver la position qui vous convient le mieux et qui vous aide à faire diminuer la douleur. Seul avertissement : attention à bien vérifier que votre bassin est basculé, ne cambrez jamais. Votre dos doit être rond ou plat, de façon à aligner votre bassin dans l’axe de la colonne vertébrale et ainsi simplifier la descente du bébé.
  • Tout ce qui peut vous aider : à tous ces conseils, n’hésitez pas à ajouter quelques petits éléments de votre cru qui pourront vous aider à déstresser comme de la musique, vous féliciter à la fin de chaque contraction, tenir la main de votre partenaire…

La sécurité sociale prend en charge jusqu’à 7 séances de préparation à la naissance et à la parentalité (PNP).

Notez aussi que dans les cas de contre-indication à la péridurale on peut aussi proposer, selon les protocoles et les habitudes de services, une perfusion de sufentanyl ou un antalgique puissant.

L’aiguille péridurale peut-elle être utilisée en dehors de l’accouchement ?

Oui, il est possible d’utiliser l’anesthésie péridurale pour d’autres interventions qu’un accouchement. Pour une opération des membres inférieurs par exemple.

L’idée n’est pas de faire un “Pour ou contre la péridurale ?” mais bien de vous donner le maximum d’informations pour faire le choix libre et éclairé qui VOUS convient !

Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.

Photo : BlackWhaleMedia


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