Votre santé et votre bien-être pendant la grossesse sont les deux principales préoccupations de vos professionnel·le·s de santé. Et pour cause ! La grossesse est une période de chamboulements à la fois physiques et psychologiques qui peuvent vous rendre plus vulnérable. Quels sont les signes de dépression pendant la grossesse ? Quelles ressources existent ? Quand consulter ?
La dépression pendant la grossesse : on fait le point.
Qu’est-ce que la dépression et pourquoi peut-elle se manifester pendant la grossesse ?
Devenir parent est un véritable processus. Et en effet, attendre un enfant enclenche tout un travail sur le plan psychique, qui vous permettra de construire petit à petit votre figure parentale. D’ailleurs la nature est bien faite puisqu’elle vous offre 9 mois pour vous y préparer !
Généralement, ce travail se fait sans encombre. Parfois, il peut entraîner des doutes importants, des angoisses, de la tristesse ou encore une remise en question profonde et peut aller jusqu’à provoquer une dépression. Cette fragilité peut être accentuée enceinte avec également une difficulté à accepter les changements physiques de la grossesse en plus de ces bouleversements psychiques.
Lorsque l’on parle de dépression, on fait référence à la pathologie psychiatrique, définie par un référentiel international (appelé DMS). Cette pathologie influe sur l’humeur et a des impacts négatifs sévères sur la vie de la personne qui en souffre.
Bien que le mot soit aujourd’hui passé dans le langage courant, quelqu’un de “déprimé” ne souffre pas forcément de “dépression”, la condition médicale, qui doit elle faire l’objet d’un suivi et d’un traitement.
Au sein de sa note de cadrage de 2021, la Haute Autorité de Santé (HAS) annonce les chiffres suivants :
- En France, 12,5% des femmes enceintes déclarent souffrir de détresse psychologique anténatale.
- Entre 2016-2018, Santé Publique France signalait les suicides (anténataux et post-nataux) comme étant la première cause de mortalité maternelle.
Notez que ces chiffres, déjà élevés, sont probablement en dessous de la réalité du terrain : la dépression est une pathologie difficile à diagnostiquer et qui échappe souvent à la vigilance des médecins.
Quels sont les facteurs de risque de la dépression pré-partum ?
Dès le début de la grossesse, la future mère doit s’adapter à un grand nombre de changements : changements hormonaux, métamorphoses du corps, remaniements psychiques qui peuvent faire ressortir des conflits ou traumatismes enfouis… Il y a de quoi perdre ses repères ! Ces bouleversements ont tendance à engendrer du stress, voire de l’angoisse, ce qui explique que la grossesse est une période de grande vulnérabilité tant sur le plan physique que psychologique.
En plus de la grossesse, plusieurs autres facteurs peuvent augmenter les risques d’une dépression pré-partum :
- l’isolement,
- une situation de précarité sociale,
- des antécédents de troubles psychologiques, de dépression,
- de la fatigue,
- des tensions au sein du couple ou au sein de la famille,
- des difficultés avec les enfants déjà présents,
- de la consommation d’alcool ou de drogue…
Si certains facteurs sont difficilement évitables au cours de la grossesse (comme la fatigue), d’autres peuvent être limités comme l’isolement (en s’entourant de proches ou de professionnel·le·s de santé), la consommation d’alcool et de drogue (pour laquelle vous pouvez vous faire accompagner par des professionnels si l’arrêt est difficile) ou les tensions (en ouvrant le dialogue ou, là encore, en consultant un·e professionnel·le).
Quels sont les signes de dépression pendant la grossesse ?
Comme nous l’avons mentionné plus haut, pour parler de dépression pendant la grossesse, il faut présenter des symptômes précis, qui permettent de poser un diagnostic. L’humeur seule n’est pas suffisante. Parmi les symptômes les plus courants :
- perte d’appétit,
- variations de poids importantes et inexpliquées,
- tristesse continue et envahissante,
- perte d’intérêt pour les choses que vous aimez en temps normal,
- fatigue intense,
- insomnie persistante,
- impression de confusion,
- anxiété et/ou crise de panique,
- besoin de s’isoler constant,
- idées noires…
Si ces symptômes s’additionnent, consultez rapidement ! Lorsque la dépression s’immisce dans la périnatalité, il est important de ne pas fermer les yeux sur les signes avant-coureurs ou symptomatiques. La pathologie peut, parfois, être cachée et mal vécue…
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Quand consulter ? Quelles options de traitement sont disponibles pour la dépression durant la grossesse ?
Nous l’avons vu, la grossesse est un moment de grande vulnérabilité : vos émotions semblent plus présentes que jamais et peuvent vous donner l’impression de vous submerger. De plus, ces changements psychiques et physiques soudains peuvent parfois faire remonter à la surface des conflits intérieurs : on parle de transparence psychique.
La plupart du temps, ce tourbillon d’émotions s’apaise naturellement et sans intervention extérieure. Parfois, les difficultés persistent ou s’accentuent. Il pourrait alors être judicieux de consulter un·e professionnel·le de santé à ce moment-là, pour faire le point.
Si vous ne savez pas vers quel·le professionnel·le vous tourner : n’hésitez pas à vous renseigner auprès du (ou de la) professionnel·le qui vous suit, de votre maternité ou votre PMI, qui pourront alors vous orienter vers un·e psychologue périnatal.
Dans tous les cas, il est important de consulter un·e professionnel·le de santé si vous observez plusieurs des symptômes évoqués plus haut. Une fois alertée, votre équipe médicale pourra essayer de poser un diagnostic et adapter votre suivi en fonction de l’évolution de vos symptômes.
Une fois le diagnostic posé – et accepté, une étape qui peut être difficile – plusieurs solutions s’offrent à vous pour traiter la dépression.
- Une écoute bienveillante et empathique avec une prise en charge spécialisée et adaptée, associée à des médicaments (selon les cas) et/ou à de la médecine complémentaire (hypnose, sophrologie, ostéopathie).
- La mise en place d’un environnement personnel et professionnel de qualité, afin que vous puissiez évoluer et guérir (car la dépression est bien une pathologie) dans un environnement sain.
Comment la dépression peut-elle affecter la grossesse et le bébé ? La dépression pendant la grossesse peut-elle affecter l’issue de l’accouchement ?
Durant la grossesse, la dépression affecte la mère mais peut également avoir des conséquences sur le bébé.
Les impacts de la dépression sur la mère :
- des troubles alimentaires,
- une prise ou perte de poids,
- un déficit d’activité physique,
- un mauvais suivi de la grossesse,
- des troubles anxieux et troubles de l’humeur,
- des risques de consommation de toxiques (alcool, drogues…),
- des pensées suicidaires.
Les impacts de la dépression sur le bébé :
- un faible poids à la naissance,
- des troubles de l’attachement,
- des troubles du comportement,
- des troubles du développement psychomoteur, du langage et des retards dans les acquisitions.
Dépister les états dépressifs – qu’ils soient légers, moyens ou majeurs – permet de les prendre en charge d’une façon adaptée et ainsi de limiter ces risques.
Quelles sont les ressources disponibles pour les femmes enceintes souffrant d’une dépression ?
Pour traverser un épisode de dépression, vous trouverez les meilleures aides auprès, nous l’avons vu, de : vos proches et vos professionnel·le·s de santé.
Là où vos proches vous offrent une oreille attentive, vos professionnel·le·s de santé peuvent également apaiser vos inquiétudes sur votre état et la suite de la grossesse en vous expliquant ce qu’il se passe dans votre corps en ce moment.
Par exemple, les psychologues peuvent vous rassurer par rapport à :
- La grossesse : vos difficultés à supporter les changements corporels, le chamboulement de votre vie sexuelle, les tensions dans votre couple, l’anxiété et le stress des sensations de grossesse, la peur de l’accouchement, etc.
- L’arrivée du bébé : vos inquiétudes quant à votre rôle et vos capacités en tant que mère, la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de ne pas aimer votre enfant…
- Des troubles psychologiques forts : une tristesse installée, une perte d’intérêt pour des choses qui provoquaient du plaisir auparavant, des angoisses importantes, un repli sur soi, des troubles du comportement alimentaire, des idées noires…
Les groupes de paroles (sur les réseaux sociaux par exemple) peuvent également vous permettre de partager votre ressenti. De même, de nombreux livres et podcasts abordent la question de la dépression pendant la grossesse.
N’oubliez pas : la grossesse bouscule beaucoup de choses sur le plan psychologique, engendrant parfois des émotions négatives difficiles à gérer. Il est donc important de savoir s’écouter et s’entourer de proches et/ou de professionnel·le·s à votre écoute. Si les difficultés persistent ou vous gâchent le quotidien, n’hésitez pas à demander de l’aide.
La dépression est donc une pathologie qui peut se présenter pendant la grossesse à cause des divers bouleversements psychiques et physiques. Comme toute pathologie, elle nécessite une prise en charge et un suivi adapté pour s’assurer de votre bien-être et de celui de votre bébé.
Comment peut-on soutenir une femme enceinte souffrant de dépression ?
Pour une femme enceinte qui souffre de dépression, il n’est pas toujours facile de parler de son ressenti. En effet, dans l’imaginaire collectif, la grossesse est bien souvent perçue comme devant être un moment de plénitude. Souffrir de dépression pour une femme enceinte peut donc se révéler très culpabilisant.
A cause de cette culpabilité, de nombreuses femmes n’osent pas consulter ou évoquer leur mal-être, par peur d’être jugée ou par peur d’être assignée à la catégorie des “mauvaises mères”.
Le meilleur soutien que l’on puisse fournir à une femme enceinte souffrant de dépression, c’est d’être à l’écoute. Elle ne doit pas se sentir jugée mais entourée, dans un espace sécuritaire et des personnes bienveillantes. Après tout, la dépression ne relève pas d’un choix mais – nous insistons bien sur ce point – d’une pathologie.
Prenons la comparaison avec une jambe cassée après un choc intense, pour la dépression, partons du principe que chacun est fort dans sa tête, et que, lorsqu’une personne craque, c’est que la pression subie était trop forte, au-delà du supportable. Cela permet une attitude plus empathique envers la personne en souffrance, qui peut parfois être salvatrice pour elle.
Le simple fait d’être là pour elle et de lui apporter votre soutien ne peut avoir que des répercussions positives, aussi bien sur la mère que sur l’enfant à naître.
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Photos : varyapigu | LightFieldStudios | monkeybusiness | shotprime