La grossesse gériatrique est un terme qui est aujourd’hui un peu dépassé puisqu’il fait référence aux grossesses qui débutent après seulement 35 ans. Or, les statistiques sont très claires : les femmes tombent enceintes de plus en plus tard. Dans cet article, nous parlerons donc plutôt de grossesse “tardive” que de grossesse gériatrique.
Grossesse gériatrique / grossesse tardive : faisons le point.
Qu’est-ce qu’une grossesse gériatrique ?
La grossesse gériatrique désigne une grossesse chez une femme âgée de 35 ans ou plus. Toutefois, ce terme est de moins en moins utilisé dans la pratique médicale moderne, en raison de son caractère péjoratif et de l’évolution de la société. Aujourd’hui, on préfère parler de grossesse tardive, bien que cette appellation elle-même tende à disparaître au profit d’une approche plus individualisée.
Pourquoi parle-t-on de grossesse gériatrique ?
De manière générale, la gériatrie désigne la branche de la médecine rattachée au soin des personnes âgées. Alors pourquoi l’utilise-t-on pour désigner les grossesses après 35 ans ? Ce terme est en réalité surtout lié à votre horloge biologique et à la réduction de votre fenêtre de fertilité plutôt qu’à votre âge directement.
Dès la naissance, une femme possède un nombre défini de follicules ovariens et donc d’ovocytes pouvant être fécondés. Depuis les premières règles et jusqu’au début de la ménopause, une femme peut tomber enceinte. C’est la période d’activité génitale. Tout au long de cette fenêtre, la probabilité de concevoir peut varier en fonction de nombreux facteurs, dont l’âge. Avec l’âge, les ovocytes diminuent en quantité et en qualité. Aussi, les chances de concevoir après 35 ans sont plus faibles qu’à 25 ans et l’embryon présente plus de risques d’anomalies de développement.
Bon à savoir : rassurez-vous, même si nous allons parler des risques liés à une grossesse tardive dans cet article, la plupart des grossesses se passent bien et cela ne veut pas dire que vous aurez forcément des complications !
Est-ce que les grossesses tardives sont rares ?
Les grossesses tardives ne sont plus aussi rares qu’elles ne l’étaient autrefois. Au contraire, elles sont de plus en plus courantes. Il faut dire que le contexte social a bien changé. De plus en plus de femmes choisissent de retarder la maternité pour des raisons professionnelles ou personnelles (études plus longues, meilleur accès à la contraception, instabilité financière ou amoureuse…), ce qui a contribué à normaliser les grossesses tardives.
En France par exemple, d’après l’Enquête nationale périnatale de 2016, environ 21 % des femmes enceintes ont plus de 35 ans, contre seulement 13,7 % de moins de 24 ans. Bien que la fécondité diminue avec l’âge, les techniques d’aide médicale à la procréation permettent aujourd’hui l’accès à la parentalité à de nombreux couples qui éprouvent des difficultés à concevoir.
A savoir : en France, le recours à la PMA est possible pour les femmes jusqu’à leur 43ème anniversaire.
Risques et complications associés aux grossesses tardives
Il y a plusieurs années, une grossesse après 35 ans était considérée comme risquée, en grande partie à cause des avancées limitées en gynécologie et obstétrique. Le suivi médical était alors axé sur la détection des pathologies potentielles, nécessitant des consultations plus fréquentes et parfois des interventions chirurgicales. Aujourd’hui, grâce aux progrès médicaux, on sait qu’une femme de 35 ans et plus peut vivre une grossesse aussi sécurisée qu’une femme plus jeune, avec un suivi prénatal adapté. Cela étant, il est vrai qu’une grossesse tardive présente plus de risques de complications.
Grossesse gériatrique : les risques pour la mère
Une grossesse tardive peut effectivement entraîner des risques de complications et de pathologies de grossesse. Parmi les plus fréquentes :
- L’hypertension artérielle gravidique : cette condition peut entraîner des complications telles que la pré-éclampsie, nécessitant parfois une hospitalisation, un déclenchement ou une césarienne.
- Le diabète gestationnel : le diabète gestationnel augmente le risque de complications à l’accouchement et peut nécessiter un suivi médical strict avec des consultations régulières pour contrôler le taux de sucre dans le sang.
Grossesse gériatrique : les risques pour le fœtus
Pour le fœtus, une grossesse tardive peut également comporter certains risques.
- Un retard de croissance intra-utérin (RCIU) : c’est le risque le plus fréquent, qui nécessite des échographies régulières pour surveiller le développement du bébé.
- Des anomalies chromosomiques : les risques d’anomalies telles que la trisomie 21 augmentent avec l’âge. Des examens prénataux, tels que le dosage de marqueurs sériques ou le dépistage prénatal non invasif (DPNI) peuvent vous être proposés pour évaluer ces risques.
- Un risque de fausses couches : le taux de fausses couches est plus élevé chez les femmes de plus de 35 ans, en partie à cause de l’augmentation du taux (plus élevé) d’anomalies chromosomiques.
- Les grossesses multiples : avec l’âge, le risque (ou la chance selon chaque situation) de grossesses multiples augmente, ce qui peut entraîner des complications obstétricales supplémentaires nécessitant une surveillance étroite.
Rappelons que nous exposons ici les principales complications des grossesses après 35 ans, mais que la plupart des grossesses tardives se déroulent bien, surtout que vous ferez l’objet d’un suivi attentif ce qui aide à prévenir et prendre en charge la plupart de ces complications.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Quel suivi médical en cas de grossesse tardive ?
Nous l’avons mentionné plus haut, les grossesses gériatriques (ou tardives) font l’objet d’un suivi médical attentif, plus ou moins poussé selon l’âge de la mère : passé 43 ans, votre grossesse sera considérée comme une grossesse particulièrement à risque. Cela ne veut pas dire qu’il va forcément y avoir des complications, mais vos médecins préfèrent anticiper. Quand il s’agit de votre santé et de celle de votre enfant, mieux vaut prévenir que guérir.
En cas de grossesse gériatrique, vous aurez donc un suivi médical un peu plus important. Dans tous les cas, voici les grandes étapes qui rythmeront votre suivi de grossesse :
- Consultations régulières : dès le début de la grossesse, votre gynécologue obstétricien⸱ne ou sage-femme et vous planifiez des rendez-vous réguliers afin de régulièrement faire le point sur votre état général et la croissance de votre bébé.
- Échographies et dépistages prénataux : les échographies permettent de suivre le développement du fœtus et de détecter d’éventuelles anomalies. Le dépistage de la trisomie 21, par exemple, est proposé (mais pas obligatoire, c’est à vous décider) à toutes les femmes, avec une attention particulière pour celles de plus de 35 ans.
- Surveillance des pathologies préexistantes : les femmes de plus de 35 ans ont plus de chance de présenter des pathologies chroniques telles que l’obésité ou l’hypertension, qui nécessitent une attention particulière.
- Préparation à la naissance et à l’allaitement : ces séances, souvent animées par des sages-femmes, proposent de vous accompagner et de vous livrer des conseils pratiques sur l’accouchement, l’allaitement et les soins du nouveau-né. Elles aident également à réduire l’anxiété et à renforcer votre confiance en vous.
- Planification de l’accouchement : comme pour toute grossesse, un déclenchement ou une césarienne programmée peuvent être envisagés si vous présentez des complications.
En cas de complications graves pendant la grossesse, une hospitalisation peut s’imposer, comme pour n’importe quelle grossesse, pour pouvoir surveiller de plus près votre santé et celle de votre enfant.
Le terme de grossesse gériatrique est donc aujourd’hui de moins en moins utilisé pour parler plutôt de grossesse tardive lorsque l’on désigne une grossesse après 35 ans. De plus en plus fréquentes en France, les grossesses tardives présentent des risques de complications plus élevés mais peuvent heureusement également très bien se dérouler. Dans tous les cas, , n’hésitez pas à consulter votre professionnel⸱le de santé pour échanger sur le sujet.
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