La grossesse pathologique : du diagnostic à la naissance

Douleurs grossesse
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Vous êtes enceinte ou envisagez une grossesse ? Vous avez peut-être déjà entendu parler de grossesse pathologique. Du diagnostic à la naissance : définition, soutien et conseils.

On vous dit tout !

Qu’est-ce qu’une grossesse pathologique et quelles en sont les causes principales ?

La grossesse n’est pas une maladie, en revanche, elle met le corps dans un état particulier, plus vulnérable, qui justement peut favoriser certaines maladies. On parlera alors de grossesse pathologique (qui s’oppose à la grossesse physiologique, donc sans pathologie).

➡️La grossesse pathologique est donc une grossesse durant laquelle une pathologie s’est déclarée. Cette pathologie peut mettre en danger la santé de la mère et/ou du bébé.

On distingue deux catégories de pathologies durant la grossesse : celles qui touche le bébé (les pathologies fœtales) et celles qui touchent la femme enceinte (les pathologies maternelles). C’est cette deuxième catégorie qui nous intéresse aujourd’hui.

Les principales causes d’une grossesse pathologique

Nous l’avons dit plus haut, la grossesse est une période de vulnérabilité pour votre corps, et ce, pour tout un tas de raisons :

  • L’immunité va naturellement baisser pour accueillir le futur bébé : cela vous rend plus sensible aux infections qu’elles soient virales ou bactériennes.
  • Certains organes ne sont utilisés (voire créés en ce qui concerne le placenta), que pour la grossesse : on ne se rend donc compte de leur capacité à bien fonctionner qu’au cours de la grossesse. (C’est le cas par exemple du col de l’utérus).
  • Vos hormones sont dans tous leurs états : la grossesse va entraîner tout un tas de modifications dans le corps (notamment au niveau de vos hormones) qui peuvent avoir des impacts négatifs dans certains cas et entraîner une pathologie.

Rassurez-vous, les grossesses pathologiques restent exceptionnelles. La nature est bien faite, le corps s’adapte généralement très bien à ce nouvel état et l’ensemble des changements qu’il engendre sur votre corps.

Les grossesses pathologiques les plus fréquentes

Parmi les grossesses pathologiques, certains cas se présentent plus souvent que d’autres :

➡️La pré-éclampsie : elle concerne 5 à 8% des grossesses et nécessite dans tous les cas une prise en charge hospitalière. Concrètement, c’est le fait d’avoir de l’hypertension artérielle (une tension élevée) et un taux de protéines augmenté dans les urines. Pour la mère, une pré-éclampsie peut entraîner un certain nombre de pathologies au niveau du sang, du foie, des reins, parfois même du cerveau. Le bébé peut subir un retard de croissance mais aussi voir son pronostic vital engagé.

➡️Le diabète gestationnel : il s’agit d’un diabète découvert pendant la grossesse. Le corps va avoir du mal à gérer le taux de sucre dans le sang, entraînant des complications au niveau du pancréas ainsi que de la glycémie (celle de la mère comme du bébé). Là encore, il s’agit d’un cas assez courant puisqu’il concerne 16,4% des grossesses en France selon l’Enquête nationale de périnatalité (ENP) de 2021.

➡️La cholestase gravidique : c’est une pathologie du foie et de la vésicule biliaire dûe aux hormones de grossesse, bien que plus rare que la pré-éclampsie ou le diabète gestationnel. Elle se manifeste par un symptôme assez banal mais tout de même dérangeant, de fortes démangeaisons répétées, particulièrement la nuit. Elle concerne environ 1% des grossesses.

➡️La menace d’accouchement prématuré : survenant entre 22 SA et 36 SA + 6 jours, la menace d’accouchement prématuré est une situation durant laquelle sont observées des modifications du col et des contractions utérines, évoluant spontanément ou non vers un accouchement. Toujours selon l’ENP de 2021, les hospitalisations pour menace d’accouchement prématuré sont moins fréquentes et les durées d’hospitalisation plus courtes.

C’est pour cela qu’un suivi médical régulier est indispensable au cours d’une grossesse. Il permet d’identifier à tout moment si votre cas nécessite de vous adresser aux professionnel·le·s de santé adapté·e·s à vos besoins.

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.

Comment réduire le risque de complications pendant la grossesse ?

Le meilleur moyen de réduire les risques de complications pendant la grossesse, c’est de s’assurer d’avoir un suivi régulier. En étant à l’écoute de votre corps et assidue dans votre suivi médical, vous mettez toutes les chances de votre côté pour repérer rapidement la moindre complication possible.

Nous vous rappelons le calendrier de suivi de grossesse de base :

➡️Une consultation médicale de suivi : au premier trimestre puis au moins une par mois (plus en cas de grossesse pathologique). Ces consultations sont obligatoires. Elles permettent de prendre votre tension, écouter le cœur du bébé, mesurer la hauteur utérine, etc. pour vérifier que tout va bien. C’est aussi au cours de ces consultations que vous seront prescrites les prises de sang, échographies à réaliser et éventuellement les arrêts de travail.

NB : si nécessaire, le ou la co-parent·e peut bénéficier d’un examen de santé pris en charge à 100% par l’Assurance maladie.

➡️Un bilan prénatal de prévention avec un·e sage-femme, non obligatoire : pour faire le point sur l’alimentation pendant la grossesse et les habitudes du quotidien à adapter pour que tout se passe au mieux. Il ou elle vous informera aussi de l’importance de la vaccination et du suivi bucco-dentaire pendant une grossesse. Ce bilan peut être fait dès la déclaration de grossesse. Si vous êtes considérée comme étant une grossesse à risque, profitez-en pour poser toutes vos questions.

➡️Un entretien prénatal précoce (obligatoire) : il s’agit d’un rendez-vous proposé à toutes les femmes enceintes, en général autour du 4ème mois de grossesse. Il est réalisé par le ou la médecin, gynécologue ou sage-femme qui suit votre grossesse et est pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale.

➡️Un cours de préparation à la naissance et à la parentalité (non-obligatoire) : la préparation à la naissance et la parentalité vous permettra d’en apprendre davantage sur votre corps, de comprendre le déroulé du travail et de l’accouchement, d’apprendre des techniques de gestion de la douleur, de s’informer sur les bébés et l’allaitement, de préparer le post-partum et de recevoir des informations de prévention.

➡️Des échographies : trois échographies de routine vous seront proposées (une à chaque trimestre) pour détecter d’éventuelles pathologies fœtales. A ces échographies peuvent s’ajouter une échographie de datation (avant le 3ème mois de grossesse) ou des échographies de contrôle en cas de suspicion de pathologie foetale. En cas de grossesse multiple, on vous prescrira une échographie par mois voire tous les 15 jours.

➡️Des prises de sang et des examens urinaires : ces analyses servent à dépister de potentielles maladies infectieuses comme la rubéole, la syphilis, la toxoplasmose, le VIH, une hépatite B ou C et beaucoup d’autres choses ! L’objectif est donc de détecter le plus tôt possible des pathologies qui pourraient avoir une incidence sur le bien être du fœtus ou le vôtre. Selon chaque situation, les prises de sang seront mensuelles ou plus fréquentes.

Ajoutez au analyses “de routine” au cours de la grossesse :

  • Un frottis cervico utérin si vous n’êtes pas à jour,
  • En cas de facteurs de risque de développer un diabète gestationnel,
  • Une glycémie à jeun en début de grossesse puis une Hyperglycémie Provoquée oralement (HGPO), entre 24 et 28 SA.

➡️Tout autre spécialiste nécessaire : psychiatre, dermatologue, rhumatologue, cardiologue, pneumologue, endocrinologue… en cas d’antécédents particuliers ou de survenue d’une pathologie liée ou non à la grossesse, vous serez peut-être prise en charge par d’autres soignants.

Quels sont les impacts d’une grossesse pathologique sur le suivi de grossesse et l’accouchement ?

Une grossesse pathologique a un impact direct sur le suivi de grossesse, pour la simple et bonne raison que ce suivi est fait sur mesure. La première chose à savoir c’est qu’en cas de grossesse pathologique, vos examens de suivi seront plutôt réalisés par un·e gynécologue obstétricien·ne qu’une sage-femme qui suit les grossesses dites physiologiques.

Pour le reste, cela dépend de la pathologie ou du risque que vous présentez. La personne qui suit votre grossesse vous détaillera tout cela en détails, mais voici les points clefs :

➡️Concernant la pré-éclampsie : en fonction du terme de survenue et de la sévérité de la pathologie elle nécessite une hospitalisation dans une maternité adaptée, vous devrez peut-être changer de maternité si la vôtre ne dispose pas des équipes et/ou équipement nécessaires à votre situation.

➡️Concernant le diabète gestationnel : il faudra adapter votre alimentation en diminuant les apports en graisse et les sucres rapides tout en augmentant les apports en eau, protéines et sucres lents. On vous recommandera alors une prise en charge par un·e diététicien·ne ou nutritionniste.

➡️Concernant la cholestase gravidique : du fait de sa rareté, elle n’est pas recherchée systématiquement mais uniquement en cas de symptômes typiques. Elle sera détectée par une prise de sang à jeun le matin, et diagnostiquée si le taux d’acide biliaires est anormalement élevé. Une fois le diagnostic établi, votre professionnel·le de santé vous prescrira un médicament pour stopper les démangeaisons. On vérifiera aussi régulièrement l’état de votre foie et le bien-être du bébé via des échographies et au monitoring. Une cholestase gravidique importante en fin de grossesse peut amener les équipes à conseiller un déclenchement

➡️Concernant la menace d’accouchement prématuré : si vous décrivez des contractions utérines inquiétantes, ou qu’à une consultation on vous alerte sur une modification précoce de votre col, vous serez orientées vers les urgences de la maternité pour une prise en charge adaptée.

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Comment le soutien psychologique peut-il aider les femmes enceintes confrontées à des complications ?

Une grossesse pathologique et les complications qu’elle est susceptible d’entraîner peut être éprouvante tant sur le plan physique que moral. Il existe une multitude de réactions face à une grossesse à risque : sentiment d’injustice, inquiétude, colère, détachement, difficultés à se projeter dans sa grossesse, dépression…

N’hésitez pas à chercher un soutien psychologique auprès de :

  • Vos proches : ami·e·s, famille, conjoint·e, des personnes avec qui vous vous sentez en confiance et écoutée.
  • La personne qui suit votre grossesse : votre médecin ou sage-femme peut également prendre le temps de vous écouter en consultation lors de vos examens de suivi et vous adresser à un·e spécialiste (psychologue).
  • Des groupes de soutien : certaines préfèrent se tourner vers des groupes de soutien notamment sur les réseaux sociaux, visionner des documentaires, écouter des podcasts, lire des livres qui racontent l’expérience d’autres femmes, etc.

Parfois, rien que le fait d’avoir une oreille attentive à qui se confier, ça aide déjà beaucoup. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il ne faut jamais hésiter à demander de l’aide au besoin. D’ailleurs, connaissez-vous le congé pathologique ? Il s’agit d’un congé supplémentaire prescrit par un·e médecin, lorsqu’il ou elle considère que l’état de santé d’une femme enceinte le nécessite.

Quels conseils nutritionnels et d’activité physique pour les grossesses à risque ?

Grossesse pathologique ou non, enceinte, votre corps est en plein bouleversement et a besoin que vous preniez soin de lui, tout en étant à son écoute. Pour cela, rien de tel qu’une bonne alimentation et une activité physique adaptée. C’est particulièrement vrai en cas de diabète gestationnel.

➡️Concernant l’alimentation pendant la grossesse, voici quelques règles générales :

  • Il faut varier les apports : glucides, lipides, féculents, protéines, vitamines, minéraux, des produits laitiers, de l’eau… tout en veillant à leur quantité (attention au diabète gestationnel).
  • N’hésitez pas à demander conseil à un·e nutritionniste spécialiste de la grossesse que vous aurez informé·e de votre état.

Pour rappel : attention à ne pas manger de viande ou de poisson s’ils ne sont pas bien cuits (risque de toxoplasmose, listériose et salmonellose) et à bien laver vos fruits et légumes.

Psst : sur May, on vous a fait un dossier très complet avec nos conseils pour une alimentation équilibrée pendant la grossesse et de délicieuses idées de recettes (sans risques pour le bébé). On vous propose même des menus de fêtes pour les grandes occasions !

➡️Concernant l’activité physique : durant une grossesse pathologique, il n’y a qu’une chose à faire : voir avec la personne qui vous suit. Selon votre pathologie, les recommandations ne seront pas les mêmes. Le sport pourrait vous être fortement recommandé ou à l’inverse totalement interdit.

Et bien sûr, si vous observez des signes qui vous paraissent anormaux pendant l’activité sportive (essoufflement qui ne se calme pas même avec le repos, saignements, vertiges)… arrêtez tout et consultez !

Une grossesse pathologique est une grossesse susceptible de compliquer la grossesse, voire de mettre en danger la vie de la mère et/ou du fœtus. Heureusement, un suivi médical adapté permet de réduire les risques.

Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.

Photo : YuriArcursPeopleimages

Notre astuce
  • Une grossesse pathologique présente diverses complications potentielles, telles que la pré-éclampsie, le diabète gestationnel et l’hypertension, pouvant nécessiter un suivi médical spécialisé.
  • La prévention des complications implique une nutrition adaptée, une activité physique modérée, et des examens diagnostics réguliers.
  • Le soutien psychologique peut aider à gérer le stress lié à la grossesse à risque.
  • En cas de nécessité, des interventions médicales et des traitements spécifiques peuvent être envisagés, avec un accouchement personnalisé et un suivi postnatal approprié.

Écrit par Equipe May . Publié le 02 juillet 2024
L'équipe May est un collectif de professionnel·les de santé et de rédacteurs·trices. Elle est notamment composée d'infirmières puéricultrices, de sages-femmes et de médecins.

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