Si vous êtes enceinte, vous êtes peut-être déjà à l’affût des moindres mouvements de votre bébé ou peut-être que vous lui parlez tous les jours à travers votre ventre. Mais saviez-vous qu’il est possible de lui communiquer votre affection autrement ?
L’haptonomie pendant la grossesse, on vous dit tout.
Qu’est-ce que l’haptonomie et comment peut-elle être bénéfique à la grossesse ?
Dans ses recommandations pour la pratique clinique de 2005, la Haute Autorité de santé (HAS) définit l’haptonomie comme étant “une science de l’affectivité”. C’est Frans Veldman (un kinésithérapeute néerlandais) qui est à l’origine de cette pratique. Mais en quoi consiste-elle exactement ?
L’objectif de l’haptonomie est de favoriser le développement de la relation affective active entre la mère, le ou la co-parent⸱e et le fœtus in utero. En effet, cette “science de l’affectivité” permet de solliciter dès la grossesse la participation relationnelle du bébé tout en vous permettant d’entrer en contact avec lui et de lui apporter un sentiment de sécurité affective.
Bon à savoir : dans cet article, nous nous concentrons essentiellement sur la pratique de l’haptonomie pendant la grossesse mais sachez que l’haptonomie se pratique également en période postnatale, par exemple pour porter votre bébé “par la base” (ce qui permet de respecter sa morphologie tout en lui permettant de se sentir sécurisé).
Comment l’haptonomie aide-t-elle à créer un lien avec le bébé in utero ?
Nous l’avons vu, l’haptonomie vous permet de communiquer avec votre bébé via le toucher (c’est d’ailleurs ce que signifie le mot “háptô” en grec) tout en lui fournissant un sentiment de sécurité.
Or, la sécurité affective est très importante pour votre bébé. Elle est même au cœur de ses besoins puisqu’il s’agit des premiers liens solides qu’il tisse avec ses proches. Des liens qui lui permettront, plus tard, de se construire en tant que personne propre, tout en se sentant entouré et en confiance.
Si l’haptonomie permet de débuter le processus un peu plus tôt, rassurez-vous : aimer son enfant et lui transmettre la sécurité affective dont il a besoin reste heureusement plutôt inné chez la plupart des parents. Si vous pensez que l’haptonomie n’est pas faite pour vous, ne culpabilisez pas, vous aurez tout le temps d’interagir avec votre bébé après sa naissance.
Il est aussi tout à fait possible d’interagir avec le fœtus in utero autrement, avec une méthode qui vous est propre : écouter de la musique, lui parler… A vous de trouver ce qui vous convient le mieux.
À quel stade de la grossesse peut-on commencer l’haptonomie ?
Pour cette question les avis divergent :
- Certains préconisent d’attendre de sentir le bébé bouger, ce qui rend les caresses et le jeu plus interactifs dès le début des séances.
- D’autres conseillent de commencer dès le tout début de la grossesse, puisque les séances d’haptonomie sont également un moment de partage entre les co-parents ou entre la mère et la personne qui l’accompagne.
Le choix vous appartient. En revanche, si vous voulez vous lancer dans l’aventure, nous vous conseillons de débuter avant le troisième trimestre (donc au cours du deuxième trimestre), pour que la pratique soit pleinement efficace et que vous ayez le temps d’apprendre tous les gestes nécessaires pour entrer en contact avec votre bébé.
Comment se déroulent les séances d’haptonomie ?
Nous avons longuement parlé des bienfaits de l’haptonomie, mais comment fonctionnent les séances exactement ? Tout d’abord, notez qu’elles doivent être pratiquées avec un⸱e professionnel⸱le de santé.
En effet, la plupart de ces activités ne sont pas encadrées strictement par la loi et rendent possibles des pratiques frauduleuses. Certain⸱e⸱s sages-femmes sont formé⸱e⸱s à l’haptonomie, n’hésitez pas à poser la question aux professionnel⸱le⸱s qui suivent votre grossesse lors de l’entretien prénatal précoce. Pour trouver un⸱e professionnel⸱le de santé formé⸱e en haptonomie, vous pouvez également consulter le site de l’association CIRDH-FV Frans Veldman, dans la rubrique : trouver un praticien.
Concernant le déroulé des séances, elles sont variables d’un couple à l’autre et d’un bébé à l’autre. Tout dépend des réactions de votre corps et de celles de votre bébé. Néanmoins pour vous donner une idée des séances : vous apprendrez, entre autres, à communiquer avec votre bébé par le toucher, au travers de caresses sur le ventre (auxquelles le bébé peut réagir de façon étonnante !). Les parents peuvent aussi déplacer, jouer et bercer leur enfant.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Quel rôle le partenaire joue-t-il dans les séances d’haptonomie ?
Le ou la partenaire joue un rôle primordial dans les séances d’haptonomie. Loin d’assister passivement à la scène, il ou elle participe pleinement à ces échanges avec le bébé et avec la future mère. L’haptonomie permet de partager un moment en famille mais aussi en couple, elle permet aussi de bien ancrer la notion de parentalité partagée dans l’esprit des deux parties, sans se sentir mis⸱e à l’écart.
L’haptonomie peut-elle aider à préparer l’accouchement ?
En effet, l’haptonomie peut être utile pour préparer l’accouchement puisqu’elle vous permet à vous ainsi qu’au co-parent d’acquérir un véritable savoir-faire pour accompagner le processus et apprivoiser la douleur le jour J. Cette science de l’affectivité vous permet d’être en interaction avec l’enfant très tôt dans la grossesse et permet au (ou la) co-parent⸱e d’apprendre à vous apporter un véritable soutien émotionnel pendant le travail.
Néanmoins, qu’il s’agisse de votre premier ou huitième enfant, nous vous conseillons de faire tout de même quelques séances d’accompagnement classique en plus de l’haptonomie : ces temps de discussion vous seront aussi très utiles pour l’accouchement et les premiers temps avec votre bébé.
Y a-t-il des contre-indications à la pratique de l’haptonomie ?
Il n’existe pas de contre-indication spécifique à l’haptonomie si ce n’est qu’elle se marie mal avec d’autres types de préparation à l’accouchement (hors séances de consultation prénatale) comme le yoga ou la sophrologie dont la pratique est contradictoire à celle de l’haptonomie.
Cette pratique ne présentant pas de risque pour le bébé ou la mère, rien ne vous empêche d’opter pour, même si vous présentez une grossesse pathologique. Malgré tout, par mesure de précaution, n’hésitez pas à consulter votre professionnel⸱le de santé pour lui demander son avis en amont ou à vous orienter vers une personne de confiance.
Comment intégrer l’haptonomie dans un plan global de préparation à la naissance ?
La préparation à la naissance et à la parentalité fait partie intégrante (ou presque) du suivi médical de la grossesse. Sans être obligatoire, cette préparation reste vivement conseillée puisqu’elle permet d’aborder des questions pratiques pour vous aider le jour J.
Le saviez-vous ? Les 7 séances de préparation à la naissance et à la parentalité sont prises en charge à 100% à condition qu’elles soient réalisées à partir du 1er jour du 6ème mois de la grossesse. Toutefois, si vous en pratiquez avant, la plupart des mutuelles (si vous en avez une) prennent en charge les 30% normalement à votre charge.
Concrètement, la préparation est composée d’une séance d’entretien prénatal précoce, idéalement au début de la grossesse et de sept séances de préparation ensuite. Ces sept séances peuvent être :
- “Classique”, c’est-à-dire des séances thématiques qui abordent des thèmes comme l’accouchement, le post partum, comment accueillir un nouveau-né… Ou d’autres comme de la sophrologie, du yoga, de la piscine, de l’haptonomie…
- Ou “classique sur mesure”, soit un suivi de préparation axé spécifiquement sur la prévention de la dépression du post partum après un antécédent, ou sur les grossesses multiples, ou tout autre demande particulière.
L’haptonomie peut donc facilement être incluse dans un plan global de préparation à la naissance. Il suffit d’en parler avec le ou la sage-femme qui suit votre grossesse pour établir un plan sur mesure.
L’haptonomie est une pratique prénatale qui permet aux parents de communiquer avec leur bébé in utero et d’établir une connexion affective avant sa naissance. Elle se pratique avec un⸱e professionnel⸱le de santé et n’a pas d’autres contre-indications que de ne pas être pratiquée en parallèle d’autres pratiques prénatale spécifiques contradictoires. Si l’expérience vous tente, n’hésitez pas à consulter votre sage-femme.
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Photo : CarlosBarquero