Gérer une intoxication en temps normal, ce n’est déjà pas simple. Enceinte, la question peut se révéler encore plus ardue : entre les médicaments qui ne sont pas adaptés à votre état, les autres maux de grossesse, sans oublier les interdits alimentaires… Dur dur de faire face.
Les intoxications alimentaires enceinte, on vous dit tout !
Comment reconnaître les symptômes d’intoxication alimentaire enceinte ?
D’après le dernier recensement de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) datant de 2019, en France, on dénombre 16 000 cas d’intoxications alimentaires par an. Malgré toutes les précautions et conseils du monde, il arrive que les intoxications alimentaires touchent les femmes enceintes.
Si vous souffrez de :
- nausées,
- vomissements,
Dus à votre grossesse, il peut être difficile de repérer tout de suite une intoxication alimentaire. Mais d’autres symptômes l’accompagnent comme les :
- crampes d’estomac,
- diarrhée,
- mal de tête,
- fièvre.
Ces symptômes surviennent généralement rapidement après l’ingestion de l’aliment contaminé puis disparaissent au bout de quelques jours.
❗Dans tous les cas, si vous êtes enceinte et que vous présentez l’un de ces symptômes, nous vous invitons à consulter :
- La fièvre .
- La diarrhée,
- Les vomissements (s’ils sont trop importants, ils peuvent entraîner une déshydratation).
Bon à savoir : une intoxication alimentaire peut être difficile à différencier d’une gastro car les symptômes sont assez semblables. La principale différence réside dans la durée des symptômes. Contrairement à la gastro, l’intoxication alimentaire ne dure que quelques heures et survient très vite après l’ingestion de l’aliment contaminé.
Si vous avez mangé en compagnie d’autres personnes, n’hésitez pas à leur demander s’ils ressentent également ces symptômes afin d’identifier plus rapidement l’intoxication alimentaire.
Quels aliments éviter pour réduire le risque d’intoxication pendant la grossesse ?
Malheureusement, il n’est pas toujours simple de repérer les aliments susceptibles de causer une intoxication alimentaire. Certains sentent mauvais, d’autres ont une drôle de couleur ou de goût, présentent des traces de moisissure ou ont un aspect caillé pour les produits laitiers tandis que d’autres ont l’air parfaitement normaux.
Dans tous les cas, dès qu’un aliment ne vous inspire pas confiance, ne le mangez pas. En particulier si vous êtes enceinte.
Eh oui, ce qu’on vous dit n’a rien d’une surprise mais être enceinte nécessite de prêter une attention toute particulière à votre assiette. Quelques nouvelles habitudes permettent de grandement réduire les risques d’intoxication alimentaire qui pourraient être causés par les bactéries à l’origine de la listériose et de la salmonellose (qu’on vous détaille un peu plus bas).
Concernant les produits d’origine animale :
- Bien cuire les viandes (rouges ou blanches) et poissons avant consommation.
- Éviter de consommer des œufs crus non-pasteurisés ou peu cuits.
- Ne pas consommer les fromages frais à pâte molle à base de lait crus ou non-pasteurisés.
- Faire bouillir le lait cru avant consommation.
- Éviter la charcuterie, les gelées (type rillettes, pâtés, foie gras…), le poisson cru et/ou fumé, les coquillages crus, le surimi, le tarama…
Concernant les fruits et les légumes :
- Éviter les graines germées crues.
- Les ranger dans le frigo à l’écart des produits d’origine animale, s’ils vont être consommés crus.
Autres précautions :
- Respecter les dates limites de consommation.
- Se méfier des aliments conservés trop longtemps au réfrigérateur ainsi que les produits “traiteur” ou les recuire le cas échéant.
- Préférer les produits préemballés au produits achetés à la coupe.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de médecins et de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Enceinte, beaucoup de questions se posent : est-ce que vous avez le droit de faire ci, de manger cela, d’acheter ceci… N’hésitez pas à vous rendre sur notre outil simple d’utilisation “Enceinte est-ce que je peux ?” qui vous indique ce qui est autorisé ou déconseillé !
Quelles sont les précautions d’hygiène alimentaire à adopter pendant la grossesse ?
Enceinte, une bonne hygiène alimentaire permet également de réduire les risques de contracter une infection mais aussi d’intoxications alimentaires. D’ailleurs, certains de ces conseils sont de bonnes habitudes pour tous.
Pour le réfrigérateur :
- Le nettoyer fréquemment.
- S’assurer que sa température est suffisamment basse (4°C).
- Conserver les aliments crus séparément des aliments cuits ou à consommer en l’état.
Hygiène des mains et des surfaces :
- Après la manipulation d’aliments (surtout non cuits), se laver les mains.
- Nettoyer les ustensiles de cuisine et les surfaces qui ont été en contact avec les aliments.
Une intoxication alimentaire peut-elle affecter le développement du fœtus ?
Certains symptômes d’une intoxication alimentaire peuvent causer des complications pour le fœtus s’ils ne sont pas pris en charge.
➡️Les vomissements et la diarrhée peuvent mener à une déshydratation, ce qui peut avoir de graves conséquences aussi bien sur la mère que sur le bébé. Il faut donc bien veiller à vous hydrater.
➡️La fièvre doit toujours vous amener à consulter. Si vous avez plus de 38°C et que vous ne comprenez pas l’origine de cette fièvre (gastro, grippe…), il est important de consulter aux urgences sans délai ! Une forte fièvre peut provoquer des contractions : il y a donc un risque d’arrêt de grossesse (autrement appelé fausse couche même si le terme tend à disparaître) ou d’accouchement prématuré.
En plus des risques directement liés à l’intoxication alimentaire, certaines bactéries peuvent en outre provoquer des infections dangereuses pour le fœtus.
La listériose
La listériose est une maladie causée par la bactérie listeria. Elle est très répandue dans l’environnement et dans les maisons, même dans les frigos (elle résiste très bien au froid !). Elle a une grande capacité à coloniser les aliments, d’où l’enjeu de prendre quelques précautions.
La période d’incubation de la listériose peut durer jusqu’à 2 mois, et la bactérie peut entraîner de la fièvre, une fausse couche, un accouchement prématuré ou une infection néonatale grave.
Il existe heureusement un antibiotique, dont l’efficacité est relative au délai d’administration (le plus tôt, le mieux évidemment), mais même avec ce traitement l’évolution peut être fatale. D’où le fait que la prudence soit de mise.
La salmonellose
La salmonellose est une infection provoquée par la bactérie “Salmonella”. Cette bactérie est présente dans l’intestin des animaux (elle se retrouve donc dans leurs excréments) et est transmise à l’homme par le biais d’aliments contaminés.
La bactérie salmonella est responsable de gastro-entérites aiguë c’est-à-dire de fièvre, diarrhée, vomissements, douleurs abdominales. Les symptômes de la salmonellose se manifestent environ 12 à 36 heures après l’ingestion de l’aliment contaminé et durent environ 3 jours à 7 jours.
L’un des risques principaux est donc la déshydratation. C’est pourquoi il est important de continuer à s’hydrater pendant toute la durée des symptômes. Si vous présentez lors de votre grossesse l’un des symptômes décrits ci-dessus, il convient bien sûr d’aller consulter votre sage-femme ou votre médecin. Dans de rares cas, la mère contaminée par l’infection peut transmettre la maladie au fœtus.
Comment gérer les symptômes d’intoxication alimentaire comme la diarrhée ou les vomissements ?
Nous ne vous le répéterons jamais assez : si vous présentez l’un des symptômes décrits plus haut, consultez la personne qui suit votre grossesse rapidement. Il ou elle pourra vous aider à gérer les symptômes liés à cette intoxication alimentaire et, si nécessaire, vous proposer un traitement adapté. Surtout souvenez-vous : pas d’automédication tout spécialement pendant la grossesse !
De votre côté, vous pouvez tenter l’une des méthodes naturelles suivantes pour limiter l’inconfort causé par les symptômes classiques d’une intoxication alimentaire.
Pour lutter contre la diarrhée :
- Certains aliments permettent de ralentir le transit intestinal : les carottes cuites, les pommes de terre, les bananes peu mûres, les myrtilles, les coings, les pommes cuites, la viande rouge (cuite à cœur bien entendu) et les céréales comme le riz blanc ou les pâtes blanches.
- Au contraire, certains aliments accélère le transit, mieux vaut donc les éviter en cas de diarrhée : les épinards, les haricots verts, les blettes, la salade, les asperges, les artichauts, les brocolis, les avocats, les kiwis, les pommes crues, les oranges, les pruneaux, les framboises, les dattes, les haricots secs, les lentilles, les céréales complètes, les jus de fruit, les yaourts enrichis aux probiotiques…
Pour lutter contre la déshydratation :
- Il faut penser à bien vous hydrater tout au long de la journée, buvez régulièrement, par petites gorgées tout au long de la journée et notamment entre les repas. Vous pouvez agrémenter cette eau (plate ou gazeuse) de jus de citron pour faire double effet contre les nausées.
- Consultez d’urgence si vous remarquez l’un des symptômes suivants : une importante perte de poids, bouche et langue sèches, désorientation, vertiges, peau sèche, froide et pâle, yeux enfoncés, soif intense, fièvre…
Pour lutter contre les nausées et les vomissements :
- Fractionnez vos repas, mangez moins mais plus souvent.
- Mangez lentement (idéalement plus de 20 minutes par repas) en mastiquant bien.
- Évitez de vous coucher juste après avoir mangé, mieux vaut attendre d’avoir digéré un petit peu.
- Évitez les aliments trop lourds, trop gras, trop sucrés, trop épicés que vous pourriez avoir du mal à digérer.
- Deux aliments peuvent vous aider : le gingembre (sous toutes ses formes) et la mélisse (vous pouvez acheter des feuilles de mélisse et les consommer en tisanes pour calmer les crampes).
L’efficacité du gingembre pour soulager les nausées est reconnue par la HAS et l’OMS depuis 1999 : ça vaut le coup d’essayer !
Surtout, soyez à l’écoute de vos besoins et reposez-vous le plus possible et n’hésitez pas à demander de l’aide à votre partenaire ou à des proches.
Pour aller plus loin :
- https://www.anses.fr/fr/lutte-bacteries-intoxications-alimentaires
- https://pasteur-lille.fr/2022/06/27/symptomes-intoxication-alimentaire/
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
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Photo : seventyfourimages
