La grossesse est un bouleversement à la fois physique, hormonal et psychologique. Parfois, il arrive que cette période s’accompagne d’autres pathologies. Parmi elles : la leucocyturie. Qu’est-ce que la leucocyturie ? Comment la traiter et comment l’éviter ?
La leucocyturie, on vous dit tout.
Qu’est-ce que la leucocyturie et pourquoi peut-on y être sujette pendant la grossesse ?
Dans leucocyturie, on retrouve le terme “leucocyte”, qu’on appelle plus couramment les globules blancs. Ces derniers font partie intégrante de votre système immunitaire.
Les leucocytes sont présents dans le sang mais également en petite quantité dans les urines. On parle de leucocyturie lorsque le taux de leucocytes dans les urines est anormalement élevé, ce qui peut être le signe de différentes pathologies, dont l’infection urinaire (aussi appelée cystite). C’est sur cette dernière que nous allons nous concentrer.
Une leucocyturie ne signale pas forcément une infection urinaire. En revanche, lorsque l’on détecte une infection urinaire, il y a forcément une leucocyturie. C’est ce qui explique que ces deux termes vont souvent de pair, même s’il s’agit de deux choses différentes. La leucocyturie est un symptôme (qui peut être relié à différentes pathologies) alors qu’une infection urinaire est une pathologie (dont l’un des symptômes est forcément une leucocyturie).
Parmi les éléments qui favorisent l’apparition d’une cystite on retrouve le dérèglement de la flore vaginale, la constipation, une baisse de l’immunité et… la grossesse elle-même. Une femme enceinte est donc de facto plus susceptible de développer une infection urinaire, et donc, une leucocyturie.
Quelles sont les principales causes de la leucocyturie chez les femmes enceintes ?
Une leucocyturie peut être provoquée par différents facteurs et pathologies mais la cause la plus probable, en particulier chez une femme enceinte, reste l’infection urinaire.
En effet, l’imprégnation hormonale de la grossesse modifie la flore microbienne de la vessie et du vagin. Le système immunitaire des femmes enceintes, moins réactif que d’habitude, rend les cystites plus fréquentes. De plus, en se développant, l’utérus vient comprimer la vessie et l’appareil urinaire. Pendant ce temps, la vessie grossit sous l’effet des hormones : ces deux actions combinées favorisent également les infections urinaires. Enceinte, il y a également plus de risques qu’une infection urinaire s’aggrave si elle n’est pas détectée suffisamment tôt.
Bon à savoir : il est possible de retrouver des leucocytes dans les urines alors qu’il n’y a pas d’infection urinaire. Il s’agit alors le plus souvent d’une infection urinaire passée récemment, ou bien d’une contamination vaginale.
Quels sont les symptômes associés à la leucocyturie chez les femmes enceintes ?
Pas toujours si simple de reconnaître les symptômes d’une leucocyturie ! En effet, une leucocyturie ne provoque pas de symptômes spécifiques puisque qu’elle est elle-même un symptôme. Généralement, ce sont les symptômes de ce qui cause la leucocyturie qui se manifestent, soit le plus souvent ceux d’une infection urinaire. Sauf que reconnaître les symptômes d’une infection urinaire enceinte peut s’avérer difficile.
Voici les symptômes pouvant indiquer une infection urinaire et qui doivent vous amener à consulter dans la journée :
- un épisode de fièvre (avec une cause non-identifiée),
- une douleur rénale (lombaire haute),
- des brûlures en urinant,
- une sensation constante de pesanteur sur la vessie,
- des besoins d’uriner très souvent sans pouvoir évacuer beaucoup d’urine et/ou des traces de sang dans les urines.
Durant la grossesse, il est fréquent que les infections urinaires soient asymptomatiques. Sans un suivi et des analyses régulières, ces infections ne peuvent être détectées que tardivement, par exemple quand une fièvre apparaît. Une fièvre signifie généralement que l’infection s’est compliquée et que les reins sont touchés (on parle alors d’infection urinaire haute ou de pyélonéphrite).
Fièvre et grossesse ne font pas bon ménage. Tout épisode de fièvre dont vous ne comprenez pas l’origine durant la grossesse doit vous amener à consulter d’urgence.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Comment diagnostique-t-on la leucocyturie durant la grossesse ?
Si, enceinte (ou non d’ailleurs !), il est préférable de ne pas atteindre le stade de fièvre lors d’une infection urinaire, alors comment la détecter plus tôt ? Grâce aux fameuses analyses d’urine mensuelles ! Vos professionnel·le·s de santé chercheront automatiquement d’éventuels signes de cystite.
En fonction de vos résultats ou si vous êtes régulièrement sujette aux infections urinaires ou que vous avez des antécédents de pyélonéphrite (infection urinaire haute), la personne qui suit votre grossesse peut vous proposer une surveillance plus approfondie des urines : l’examen cytobactériologique des urines (ECBU). C’est cet examen qui permet de détecter une leucocyturie.
Lors d’un ECBU, le laboratoire va systématiquement rechercher la présence de bactéries dans les urines. L’ECBU permet également de détecter les leucocytes présents dans les urines, et donc une potentielle leucocyturie si les taux sont trop élevés, soit supérieurs ou égaux à 10 000 leucocytes par ml.
Quels traitements sont disponibles pour gérer la leucocyturie durant la grossesse ?
Il n’existe pas de traitements spécifiques contre la leucocyturie puisque, nous l’avons vu, la leucocyturie est la conséquence, le symptôme de quelque chose d’autre, généralement une infection urinaire.
En revanche, il existe bien des traitements contre les infections urinaires. Si une infection est détectée dans vos urines, votre professionnel·le de santé vous prescrira un traitement compatible avec la grossesse en dose unique ou de 7 jours pour éviter toute complication.
Notez que si l’infection urinaire est symptomatique (vous en ressentez les symptômes), on commencera le traitement dès que l’ECBU a été fait, sans attendre les résultats de l’examen. Ce traitement sera ensuite ajusté en fonction des résultats.
Si la cystite est asymptomatique (vous n’avez pas de symptômes mais l’infection est bien présente), la personne qui vous soigne attendra le résultat pour commencer votre traitement.
Des mesures d’hygiène peuvent-elles aider à réduire le risque de leucocyturie ?
Quelques mesures d’hygiène à mettre en place au quotidien peuvent vous aider à réduire le risque d’infection urinaire et donc de leucocyturie. D’ailleurs, pas besoin d’être enceinte pour mettre en œuvre ces conseils !
- Boire (beaucoup) : boire de l’eau et/ou des liquides non-alcoolisés permet un meilleur flux urinaire et donc de diminuer la charge bactérienne de la vessie. On recommande environ 1,5L par jour.
- Uriner fréquemment : ne pas se retenir d’uriner permet également un meilleur flux urinaire.
- Bien choisir son savon : se laver avec un savon intime au ph neutre pour respecter votre microbiote vaginal permet de réduire le risque de cystite tout comme le fait d’éviter les douches vaginales.
- Bien s’essuyer de l’avant vers l’arrière aux toilettes : si l’urine est stérile, les selles contiennent de nombreux germes. Il faut également penser à bien se laver les mains avant et après.
- Uriner tout de suite après chaque rapport sexuel.
- Privilégier des sous-vêtements en coton.
- Éviter les pantalons serrés.
Quid des boissons à base de cranberry ? Il est vrai qu’elles jouent un rôle dans la prévention des infections urinaires, mais elles sont également très riches en sucre ! Leur consommation est donc à modérer, notamment si vous êtes atteinte de diabète gestationnel.
Une leucocyturie est donc une hausse des taux de leucocytes (ou globules blancs) dans les urines. Elle est généralement révélatrice d’un dérèglement de votre microbiote, souvent causé par une infection urinaire. Heureusement, les quelques gestes pratiques que nous venons de voir et les analyses d’urine régulières permettent de réduire tout risque de complication durant la grossesse.
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Photos : snegok1967 | StudioVK | seventyfourimages