Comprendre la menace d’accouchement prématuré (MAP)

Publié le 19 juillet 2024
Préparation à l'accouchement
7 minutes

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On a tous en tête qu’une grossesse dure neuf mois. Mais parfois, il arrive malheureusement que le travail se mette en route prématurément. Si certains facteurs laissent à penser que vous pourriez accoucher plus tôt que prévu, selon le stade de votre grossesse, vous entendrez peut-être le terme de “menace d’accouchement prématuré” (MAP). Si c’est le cas, c’est que votre équipe médicale veille au grain et vous prépare à toute éventualité.

MAP : on vous explique !

Qu’est-ce que la menace d’accouchement prématuré et quels en sont les principaux symptômes ?

La menace d’accouchement prématuré peut survenir entre 22 semaines d’aménorrhée (SA) et 36 SA + 6 jours. Ce terme correspond à l’observation de plusieurs facteurs représentant un risque de mener (ou non !) à un accouchement avant le début du neuvième mois de grossesse, soit 37 SA.

Un point sur la prématurité

On parle d’accouchement prématuré lorsque ce dernier survient avant 37 semaines d’aménorrhée. Ce type d’accouchement est d’ailleurs classé en différents “stades”, selon le degré de prématurité.

➡️La prématurité modérée : entre 32 et 36 SA + 6 jours (soit 7 à 8 mois de grossesse), elle est très bien prise en charge en France et représente 85% des naissances prématurées.

➡️La grande prématurité : entre 28 et 31 SA + 6 jours (soit 6 à 7 mois de grossesse), elle concerne environ 10% des accouchements prématurés.

➡️La très grande prématurité : moins de 28 SA (soit avant 6 mois de grossesse), elle englobe les bébé les plus fragiles et concerne environ 5% des naissances prématurées.

Le saviez-vous ? D’après l’OMS, en 2020, les accouchements prématurés représentaient entre 4% et 16% des naissances selon les pays. On distingue deux types de naissances prématurées : la prématurité spontanée (qui vient donc d’une MAP) et la prématurité induite (vos professionnel·le·s de santé font naître l’enfant plus tôt en raison d’une pathologie maternelle ou fœtale).

Les principaux symptômes d’une MAP

Les principaux symptômes de la menace d’accouchement prématuré sont :

❗Si vous ressentez des contractions douloureuses (avec des douleurs assez semblables à celles ressenties pendant les règles) avec un ventre qui se durcit, qui semblent se régulariser et qui ne cèdent pas au repos : n’hésitez pas à appeler les urgences de votre maternité. L’équipe médicale vous guideront pour la suite des évènements.

Il est assez difficile d’identifier soi-même des modifications de son col sans la formation adéquate et le ventre rond inhérent à la grossesse peut rendre la manœuvre carrément impossible. C’est pourquoi c’est principalement les contractions qui viendront vous alerter.

Comment est diagnostiquée une MAP ?

Si vous constatez des contractions utérines fréquentes et/ou douloureuses ou que votre professionnel·le de santé détecte une modification précoce de votre col en consultation, il ou elle vous orientera vers les urgences de la maternité.

C’est au cours de cette visite que le diagnostic de MAP peut être posé après l’examen de votre col grâce à :

➡️Un toucher vaginal : il permet d’apprécier sa consistance, sa longueur, son ouverture et s’il est sollicité par le bébé ou non (on parle de présentation haute si le bébé n’appuie pas sur le col et basse si le bébé pèse dessus).

➡️Une échographie endovaginale : à l’aide d’une sonde insérée dans le vagin, cette échographie permet de donner une mesure précise de la longueur du col en millimètres et de savoir s’il a encore une longueur “efficace” (qui permet de poursuivre la grossesse). On parle de MAP quand le col mesure 25mm de longueur ou moins.

Pour confirmer le diagnostic, on vous posera un monitoring qui permet de mesurer – grâce à deux capteurs placés sur votre ventre – les battements du cœur de votre bébé (en continu sur une vingtaine de minutes) et les éventuelles contractions ainsi que leur fréquence. Ces deux informations sont essentielles pour avoir une vue d’ensemble sur la situation.

❕Notez qu’en fonction de votre terme, vous pourriez être transférée dans une autre maternité si la vôtre n’a pas les capacités pour prendre en charge un bébé qui pourrait naître dans les heures ou les jours à venir.

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.

Quelles interventions médicales peuvent être envisagées en cas de menace d’accouchement prématuré ?

Si le diagnostic de la MAP est posé, alors l’équipe médicale qui vous a prise en charge organisera votre hospitalisation dans le but de rechercher la cause de cette MAP, d’arrêter les contractions utérines si la situation le permet et d’anticiper la naissance du bébé (qui pourrait arriver plus tôt que prévu). Concrètement, qu’est-ce qui vous attend ?

➡️Une échographie : elle permet d’estimer le poids de votre bébé. Cette information s’avère indispensable aux pédiatres amenés à le prendre en charge. Cette donnée compte d’autant plus que le terme est précoce.

➡️Des bilans sanguins et des prélèvements (urinaires et vaginaux) : ils permettent parfois de trouver la cause des contractions (comme une infection) pour éventuellement mettre en place un traitement. Toutefois, dans de nombreux cas, il est difficile d’identifier une cause précise (et dans tous les cas, inutile de culpabiliser, vous n’y êtes pour rien !).

➡️Deux injections de corticoïdes : réalisées à 24 heures d’écart, elles ont pour but d’accélérer la maturation pulmonaire du fœtus et de réduire les risques de complications digestives et neurologiques graves s’il risque de naître avant 34 SA. Ces injections peuvent entraîner une diminution des mouvements du bébé, pas de panique ! Il s’agit d’une réaction normale et l’équipe médicale surveille votre état.

➡️La mise en place d’un traitement tocolytique : il s’agit d’un traitement qui a pour but d’arrêter les contractions. Il se prend par voie orale ou en perfusion durant 48 heures pour stabiliser la situation et permettre les deux injections de corticoïdes dont on vous parlait juste avant.

➡️Dans le cas d’un accouchement imminent avant 32 SA : on vous administre du sulfate de magnésium par voie veineuse. Ce produit permet de réduire certains troubles neurologiques que l’on peut retrouver chez les enfants prématurés.

Comme vous le voyez, rien n’est laissé au hasard. Vous serez prise en charge par une équipe de sages-femmes et de gynécologues à qui vous pourrez poser toutes vos questions. On vous proposera également de parler à un·e pédiatre pour savoir comment sera pris en charge votre enfant prématuré mais aussi à un·e psychologue pour vous accompagner, votre conjoint·e et vous.

La bonne nouvelle, c’est que vous ne serez a priori pas clouée au lit ! En effet, l’immobilité n’améliore pas la situation et augmente le risque de caillot dans les veines des jambes (phlébites). Si vous n’avez pas de contre-indication médicale, il vous sera donc recommandé une activité modérée ponctuée de micro-siestes en journée et si possible agrémentée de bas de contention (il y a en a de très agréables aujourd’hui, promis !).

Bien évidemment, chaque situation est unique. Ces examens seront adaptés aux recommandations médicales spécifiques à votre cas.

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Quel impact la MAP a-t-elle sur le bébé et la mère ?

Nous l’avons vu : pour la mère, le diagnostic d’une MAP entraîne une hospitalisation dans une maternité adaptée et une série de tests et de traitements. En revanche, si les bilans sanguins reviennent normaux, que les contractions s’amenuisent et que le col reste stable, alors une sortie peut être envisagée dans les 48 heures après votre hospitalisation.

On vous prescrira alors un arrêt de travail et un·e sage-femme à domicile pourra passer vous voir régulièrement (selon le contexte). Nous en avons parlé, a priori pas d’alitement mais on vous conseillera tout de même de lever le pied sur vos activités.

Bon à savoir : même après une hospitalisation pour menace d’accouchement prématuré, de nombreuses femmes accouchent finalement à terme !

Pour le bébé, une MAP entraîne donc l’administration de différents traitements (corticoïdes et sulfate de magnésium) pour tenter de limiter les risques en cas de naissance prématurée. Parmi ces risques, c’est le syndrôme de détresse respiratoire (SDR) qui inquiète généralement le plus, d’où la prise de corticoïdes pour accélérer la maturation pulmonaire.

Quelles sont les causes les plus courantes de la menace d’accouchement prématuré ? Peut-on prévenir la MAP ?

Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine d’une menace d’accouchement prématuré, on fait le point sur ce qui vous inquiète le plus souvent et sur les aménagements que vous pouvez mettre en place pour tenter de prévenir le risque de MAP.

MAP : les facteurs à risque

➡️Le travail : le risque d’accouchement prématuré augmente légèrement si vous travaillez plus de 40 heures par semaine ou que vous avez des conditions de travail éprouvantes physiquement.

Sachez qu’il vous est possible d’aménager votre temps et conditions de travail en privilégiant par exemple le télétravail pour éviter les transports en commun lorsque c’est possible. N’hésitez pas à prendre connaissance de ce qui est prévu par votre convention collective (qui se trouve sur internet) et sollicitez les RH pour en savoir plus sur les accords d’entreprise plus spécifiques à votre domaine d’exercice.

➡️Le tabagisme : la consommation de tabac est effectivement associée à une augmentation de la prématurité spontanée. Cela étant, un sevrage vous aura été fortement recommandé au tout début de votre grossesse.

Sachez qu’il existe des maternités avec des équipes spécialisées dans les addictions, n’hésitez pas à faire appel à elles si vous souhaitez être accompagnée dans votre sevrage. Des sages-femmes libérales peuvent également vous proposer un suivi adapté.

➡️Les troubles psychologiques : le stress, la dépression ou l’anxiété peuvent augmenter les risques d’accouchement prématuré c’est pourquoi il est important d’être à l’écoute de votre ressenti et de demander de l’aide ou un accompagnement spécialisé au besoin.

Vous pouvez par exemple exprimer vos sentiments et votre état psychologique au cours de vos consultations mensuelles. Le ou la professionnel·le qui suit votre grossesse pourra alors vous orienter vers un·e spécialiste.

➡️Il existe également d’autres facteurs pouvant augmenter le risque de menace d’accouchement prématuré : une grossesse multiple, un antécédent de MAP, une malformation utérine, les infections urinaires, vaginales…).

C’est pourquoi, quelle que soit votre situation, il est important de ne pas négliger vos consultations : un suivi régulier permet d’anticiper et ainsi de rapidement prendre en charge tout problème qui pourrait (ou pas d’ailleurs) se présenter lors de votre grossesse.

Ce qui n’augmente pas le risque de MAP

➡️Le sport : la pratique d’une activité sportive régulière et adaptée à votre grossesse n’augmente pas le risque de MAP, elle est même recommandée (sauf cas spécifique comme certaines grossesses pathologiques).

Enceinte, n’ayez donc pas peur du sport ! En revanche, n’hésitez pas à consulter votre professionnel·le de santé avant de démarrer l’activité physique de votre choix. Certaines ne sont pas adaptées à la grossesse (risques de chute, de coups) alors que d’autres sont vivement conseillées (sports à mobilité douce).

➡️Les rapports sexuels : ils n’augmentent pas non plus le risque de prématurité, et ce, même chez les patientes avec un antécédent d’accouchement prématuré !

Si malgré tout vous avez un doute ou une inquiétude, n’hésitez pas à poser vos questions à la personne qui suit votre grossesse ou à nos sages-femmes présentes sur le chat May.

Quels conseils peut-on donner aux femmes à risque de MAP pour gérer leur stress ?

Bien souvent, le diagnostic d’une MAP, et l’hospitalisation qui suit, génère du stress, de l’anxiété, voire de la culpabilité. Commençons d’abord par une chose : la culpabilité n’a pas lieu d’être. Nous l’avons vu, il est très difficile d’identifier la cause d’une MAP et ce n’est pas forcément lié à quelque chose que vous auriez bien fait ou non ou du fait de votre volonté. La majorité des MAP sont ce que l’on appelle “idiopathiques” c’est-à-dire sans cause particulière.

N’hésitez pas à parler à vos professionnel·le·s de santé afin de bien comprendre tout ce qu’il se passe. Encore une fois, vous pouvez aussi demander un soutien psychologique : vos proches, un·e professionnel·le…

Une menace d’accouchement prématurée, c’est donc lorsqu’il y a un risque d’accouchement avant 37 SA. La MAP est diagnostiquée à la maternité et nécessite une hospitalisation d’au moins 48 heures. N’hésitez pas à vous faire entourer de personnes de confiance durant cette période qui peut s’avérer très stressante.

Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.

Photo : svitlanah

Notre astuce
  • La menace d’accouchement prématuré (MAP) survient entre 22 et 36 semaines d’aménorrhée + 6 jours et peut être diagnostiquée principalement en cas de contractions utérines fréquentes et/ou douloureuses avant terme  et/ou de modifications du col de l’utérus.
  • Le diagnostic d’une MAP entraîne une hospitalisation dans une maternité adaptée. 
  • En plus d’une surveillance, la prise en charge médicale peut comprendre  des bilans sanguins, des prélèvements, des injections de corticoïdes pour accélérer la maturation pulmonaire du fœtus et éventuellement un traitement tocolytique pour arrêter les contractions.
  • Le suivi médical est essentiel pour évaluer la situation et prendre les mesures appropriées.
  • Si la situation le permet, une sortie peut être envisagée dans les 48 heures après votre hospitalisation en adoptant une activité modérée. N’hésitez pas à demander un soutien psychologique si nécessaire pour gérer le stress et l’anxiété associés à la MAP.

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