Parfois, il arrive que, malgré un test de grossesse positif, la grossesse ainsi annoncée n’aboutisse pas. Les grossesses arrêtées (communément appelées “fausses couches”) sont le résultat de phénomènes naturels et spontanés que l’on ne peut malheureusement maîtriser. On se penche aujourd’hui sur une des causes pouvant expliquer une grossesse non viable : le cas de l’œuf clair (ou grossesse anembryonnaire selon une terminologie plus précise).
Quelle en est la cause ? Quelle prise en charge après un œuf clair ? On vous explique.
Qu’est-ce qu’un œuf clair ?
On parle de “fausse couche” lors de l’arrêt spontané d’une grossesse en cours. Autrement dit, la grossesse qui a débuté va cesser son développement, de façon naturelle.
L’œuf clair est un cas particulier à l’origine d’une fausse couche. Concrètement : les membranes et le placenta se développent, mais sans qu’un embryon ne se soit formé. Les hormones de la grossesse sont donc bien présentes, mais cette dernière ne peut malheureusement pas évoluer en l’absence d’embryon.
C’est l’image qui apparaît à l’échographie qui donne son nom à l’œuf clair : en l’absence d’embryon, l’œuf apparaît vide donc de couleur “claire” sur l’image.
Quels sont les symptômes d’un œuf clair ?
En présence d’un œuf clair, le test de grossesse est positif puisque, nous l’avons vu, les hormones de grossesse sont bien présentes.
Les symptômes ressentis sont donc exactement les mêmes que lors d’une grossesse classique, pour rappel :
- l’absence ou le retard de règles,
- le gonflement des seins,
- des nausées,
- des aigreurs d’estomac,
- des ballonnements,
- de la constipation,
- des pertes vaginales appelées leucorrhées,
- une prise ou perte de poids,
- de l’acné,
- de la fatigue…
Ces fameux symptômes de début de grossesse sont ressentis de façon très différente d’une femme à l’autre, il reste donc difficile de s’y fier entièrement. Seule une consultation médicale peut confirmer ou infirmer une grossesse.
Ces premiers symptômes sont ensuite généralement suivis des symptômes classiques d’une fausse couche, à savoir :
- Des saignements : de faible ou forte abondance, rouges, rosés, ou bruns, fluides ou sous forme de caillots (petites masses de sang coagulé).
❗En cas de saignements abondants (la protection hygiénique est rapidement imbibée et vous êtes obligée de la changer plusieurs fois dans la demi-heure) : faites-vous accompagner aux urgences ou contactez les secours pour y être emmenée rapidement.
- Des douleurs pelviennes, synonymes de contractions utérines, qui peuvent s’apparenter aux douleurs ressenties parfois pendant vos règles.
- Une disparition soudaine de symptômes comme la nausée ou les douleurs mammaires.
Notez que ces symptômes peuvent également survenir lors du déroulement normal d’une grossesse, et, de même, certaines fausses couches ont lieu silencieusement. Il est donc essentiel d’avoir un suivi médical régulier et de consulter un·e professionnel·le de santé en cas d’inquiétude.
Comment diagnostique-t-on un œuf clair ?
Bien souvent, ce sont les premières échographies qui alertent la personne qui suit votre grossesse (votre gynécologue, médecin traitant, sage-femme…). Pour rappel, la première échographie a lieu entre 11 et 13 SA, mais il est possible de faire une échographie précoce dite “de datation” à partir de 7SA.
L’échographie précoce n’est pas un examen obligatoire, contrairement à celle dite du premier trimestre, entre 11 et 13SA. Souvent, la grossesse anembyronnaire aura provoqué une fausse couche avant ce terme, mais il est tout de même possible de découvrir l’oeuf clair au cours de cette échographie.
Lors de l’échographie précoce, on aura recours à l’échographie endovaginale (une échographie qui se fait grâce à une sonde introduite dans le vagin. Ce type d’échographie précoce permet de localiser une grossesse dans l’utérus, de la dater et de détecter précocement l’activité cardiaque de l’embryon, ou, dans le cas de l’œuf clair, son absence d’activité.
C’est grâce à cet examen, répété sur plusieurs jours si besoin, que l’on peut déterminer s’il existe une grossesse en cours et si elle évolue ou non.
En cas de doute lors de cette échographie (en particulier si la grossesse n’en est qu’à ses prémices), on peut aussi surveiller l’évolution d’une hormone phare du début de grossesse, la bêta-hCG, grâce à une série de prises de sang. En effet, lors d’une grossesse “classique” les taux de bêta-hCG présent dans le sang double toutes les 48 à 72h.
Quelles sont les causes d’un œuf clair ?
Nous l’avons vu, l’œuf clair survient de façon spontanée. Il est donc difficile d’en identifier la cause précise.
Bien que les causes de l’œuf clair soient encore méconnues, on sait qu’il est souvent lié à une anomalie chromosomique (généralement ponctuelle), ce qui entraîne l’absence d’un développement normal de l’embryon.
Quelle est la prise en charge médicale en cas d’œuf clair ?
Un arrêt de grossesse peut être spontané : dans ce cas, la grossesse se termine d’elle-même et vous pouvez subir des contractions utérines et saigner plus ou moins abondamment. Il est conseillé de réaliser une échographie suite à cet événement.
Si l’on diagnostique qu’une grossesse s’est arrêtée précocement à l’échographie, on peut proposer d’attendre l’expulsion spontanée ou bien une aide médicale pour évacuer la grossesse. Deux options peuvent vous être proposées dans le deuxième cas :
- Le traitement chirurgical : il consiste en une aspiration de la grossesse au bloc opératoire sous anesthésie locale ou générale,
- Le traitement médicamenteux : administré par voie vaginale, il a pour but de provoquer des contractions de l’utérus afin d’évacuer la grossesse. Un contrôle échographique une dizaine de jours après permet de vérifier que la fausse couche est complète. Si ce n’est pas le cas, on peut à nouveau proposer l’une de ces deux méthodes.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes et d’infirmières puéricultrices vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
L’œuf clair a-t-il un impact sur la fertilité ?
Rassurez-vous : les risques qu’un œuf clair (et les fausses couches en règle générale) aient un impact sur la fertilité sont nuls.
Dans de rares cas, un œuf clair ou une fausse couche peuvent frapper plusieurs fois à la même porte, sans que l’on en connaisse la cause. Cependant, au-delà de 3 grossesses arrêtées consécutives, il est recommandé de rechercher une cause éventuelle comme une pathologie qui expliquerait ces récidives.
N’hésitez pas à consulter un·e spécialiste afin de trouver des réponses et d’être prise en charge de façon adéquate.
Comment se déroule le suivi après un œuf clair ?
Que votre fausse couche se soit déroulée spontanément ou qu’un traitement ait été nécessaire, n’hésitez pas à demander des anti-douleurs, ainsi qu’un arrêt de travail si vous en ressentez le besoin. La loi du 7 juillet 2023 a, parmi d’autres mesures, instauré un arrêt maladie sans jour de carence pour les femmes ayant subi une grossesse arrêtée.
Il est également conseillé de passer une échographie de contrôle pour vérifier que l’embryon a été entièrement évacué.
Malheureusement, cette prise en charge peut paraître bien insuffisante par rapport au choc psychologique, voire au traumatisme, entraîné par un œuf clair. N’hésitez pas à consulter un·e psychologue pour vous accompagner et à poser toutes vos questions au/à la professionnel·le de santé qui vous suit.
Quelles sont les émotions associées à l’expérience d’un œuf clair ?
Un œuf clair, comme toutes les fausses couches, peut laisser une réelle trace psychologique chez la femme l’ayant subit. Une grossesse qui s’arrête, même précocement, ce n’est jamais anodin. En effet, peu importe le stade de la grossesse au moment de son interruption, les parents pouvaient s’être beaucoup projetés et on parle ainsi du deuil “invisible” de cet être qui devait naître.
Vous pouvez passer par de multiples ressentis, tous légitimes, qu’il s’agisse d’apathie, de colère, d’incompréhension, de profonde tristesse, ou d’isolement. Ne restez pas seul·e face à ces sentiments :
- Entourez vous d’une équipe médicale et para-médicale en laquelle vous avez confiance (médecin, sage-femme, psychologues) pour assurer votre suivi.
- N’ayez pas peur de vous confier à votre entourage.
- Si ce cercle proche vous semble trop maladroit ou que vous confier à eux vous gêne, il existe aussi des groupes de paroles, et notamment l’association Agapa qui accompagne les femmes ayant subi une grossesse arrêtée.
- Par ailleurs, des femmes témoignent de plus en plus via les réseaux sociaux ou des podcasts, permettant de sortir du silence qui entoure traditionnellement cette perte.
Et pour finir : prenez soin de vous et votre corps, en lequel il s’agira de reprendre confiance. N’hésitez pas non plus à extérioriser votre douleur si cela vous aide : écrivez, dessinez, dansez, élaborez petits et grands projets, bref allez de l’avant peu importe la forme que cela prendra pour vous !
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
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Photo : GaudiLab