Le placenta n’est pas un organe comme les autres : vous l’avez créé de toute pièce à l’occasion de la grossesse ! Incroyable non ? Dans cet article, on vous en dit plus sur cet organe éphémère mais ô combien puissant.
Qu’est-ce que le placenta ?
Le placenta se forme dans l’utérus, en même temps que le fœtus. Puisque le bébé ne peut ni manger, ni respirer dans le ventre, cet organe est essentiel à son développement. En effet, il transmet les nutriments et l’oxygène dont il a besoin. Ce n’est pas tout, il a aussi un rôle de sécrétion hormonale important pour maintenir la grossesse ainsi qu’un rôle dans la tolérance immunologique (c’est-à-dire qu’il empêche le corps de la mère de rejeter le fœtus qui est techniquement un corps étranger).
Quand et comment se développe le placenta au cours de la grossesse ?
Dans la phase finale de division cellulaire, après la rencontre de l’ovocyte et du spermatozoïde, l’amas de cellules se divise en 2 masses distinctes :
- La première, proche de l’utérus, devient le placenta
- La seconde devient le bébé.
Les cellules du bébé et du placenta ont donc le même ADN.
Au tout début de la grossesse, les cellules qui formeront le placenta entourent l’embryon. Cette couronne s’appelle le trophoblaste.
C’est un peu plus tard, seulement vers la fin du 3ème mois de grossesse (12 SA) que nous parlons de “placenta”: les cellules du trophoblaste migrent à un pôle de l’œuf pour former le chorion, puis le placenta à proprement parler.
A quoi ressemble le placenta ?
Pour vous donner une idée concrète, le placenta est une galette à deux faces : l’une regarde vers l’utérus et est implantée dans la muqueuse utérine (endomètre), et l’autre regarde vers le bébé et est recouverte des membranes amniotiques. C’est sur cette face que s’implante le cordon ombilical.
Côté poids, il évolue au cours de la grossesse : avant 16 SA, le poids du placenta est supérieur à celui du fœtus. A 16 SA, il est égal à celui du fœtus. A 28 SA, il est égal à un quart de celui du fœtus et à terme, il est égal à un sixième de celui du fœtus (soit 500 g pour un bébé de 3 kg).
Il est localisé devant, derrière, à gauche, à droite dans l’utérus… peu importe ! Il y a un seul endroit où on ne préfère pas le retrouver : c’est devant le col, la porte de sortie du bébé.
Quels sont les problèmes de santé qui peuvent être liés au placenta pendant la grossesse ?
Il est important de savoir que le placenta, organe essentiel pendant la grossesse, peut ne pas fonctionner ou se développer correctement. Les conséquences sont importantes pour la mère et le bébé mais il existe des moyens de gérer ces situations. Parmi les complications possibles, voici les plus courantes :
- Le placenta praevia : c’est lorsque le placenta recouvre partiellement ou complètement le col de l’utérus. Cette configuration peut entraîner des saignements importants pendant la grossesse et à l’accouchement ou encore un accouchement prématuré. Une césarienne peut être programmée, notamment si le placenta recouvre le col.
- La prééclampsie : il s’agit d’une déficience du placenta qui cause une hypertension artérielle et la présence de protéines dans les urines. Elle touche entre 5 et 8 % des grossesses. La difficulté de cette pathologie est le risque de complication soudaine et grave pour la mère et/ou le fœtus.
- L’insuffisance placentaire : elle se produit lorsque le placenta ne ne fonctionne pas comme il le devrait. Un retard de croissance intra-utérin est alors possible puisque le bébé peut ne pas bénéficier de tous les apports nécessaires. Une surveillance régulière du rythme cardiaque du fœtus ainsi que de son bien être à l’échographie est alors nécessaire.
D’autres complications sont possibles comme le décollement placentaire, le placenta accreta, le placenta increta… Des facteurs de risques peuvent favoriser l’apparition de problèmes comme un âge maternel avancé, des antécédents de complications placentaires, le tabagisme, une grossesse multiple, le diabète…
Si des problèmes de santé liés au placenta, qui restent plutôt rares, sont identifiés pendant votre grossesse, soyez rassurée, vous serez alors étroitement surveillée pour minimiser les risques. Votre santé et celle de votre bébé sont primordiales et un suivi médical adapté est alors mis en place.
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Quelles sont les méthodes de diagnostic des problèmes de placenta ?
Bien heureusement, les problèmes liés au placenta se diagnostiquent de diverses façons. Le placenta praevia peut par exemple se repérer grâce à une échographie.
Pour ce qui est de la prééclampsie, on recherche de la protéinurie dans les urines. Un test urinaire chaque mois permet de la rechercher. On mesure également la tension artérielle à chaque consultation de suivi de grossesse pour rechercher une hypertension, un des principaux symptômes de cette pathologie.
❗Il faut consulter si vous constatez des signes d’hypertension artérielle telle que des maux de tête, des phosphènes (petites mouches devant les yeux), des acouphènes (sifflements dans les oreilles), une barre épigastrique (douleur assez forte sous la poitrine au niveau des seins dans le sens horizontal), une prise rapide de poids et formation d’œdèmes généralement dans les membres inférieurs mais aussi supérieurs (ex : vous n’arrivez plus à retirer votre bague).
Concernant le retard de croissance intra-utérin, une échographie permet également de détecter la petite taille du bébé. Aussi, l’échographie Doppler permet de mesurer si la circulation du sang dans le cordon ombilical est suffisante et que les échanges entre la mère et le fœtus se font donc de façon optimale.
Quelle est la relation entre le placenta et le cordon ombilical ?
Le placenta est relié au fœtus par le cordon ombilical. Comme expliqué un peu plus haut, c’est sur le versant du placenta qui fait face au fœtus que s’opèrent les apports en oxygène et en éléments nutritifs essentiels depuis la mère jusqu’au fœtus garantissant son bon développement par l’intermédiaire du cordon. A l’inverse, toujours grâce au cordon, le sang foetal transporte les déchets, jusqu’à votre organisme qui se chargera de leur élimination. e placenta et le cordon ombilical sont complémentaires.
Comment a lieu la délivrance du placenta après l’accouchement ?
Après la naissance du bébé, alors que vous êtes toute émerveillée de découvrir votre bébé, l’utérus, lui, continue son travail. Les contractions qui ont repris après la naissance finissent par décoller le placenta (c’est similaire à un scratch qu’on décrocherait et c’est ce qui provoque ensuite les saignements post-accouchement) et les suivantes permettront de l’expulser. Vous accouchez encore, mais du placenta cette fois-ci. L’expulsion du placenta est aussi appelée la délivrance qui porte finalement bien son nom… Une fois le placenta expulsé, l’accouchement est enfin fini et le post-partum commence officiellement.
Le placenta peut tout à fait sortir sans aide extérieure grâce aux contractions de l’utérus. Si on peut donc laisser faire la nature, dans la majorité des maternités, on préfère cependant injecter après la sortie du bébé une dose d’ocytocine pour hâter la délivrance. L’objectif est ainsi de limiter les risques d’hémorragie de la délivrance accrus tant que le placenta n’est pas entièrement sorti.
Le placenta peut-il être conservé ou utilisé à des fins médicales ?
En France, il est théoriquement interdit de conserver son placenta, qui est le plus souvent détruit à la maternité. Après l’accouchement, il n’y a en effet que deux possibilités quant à l’avenir du placenta selon les dispositions du code de la santé publique. Soit il devient un déchet opératoire et doit suivre la procédure d’incinération prévue pour tous les DASRI (déchets d’activités de soins à risques infectieux). Soit il est conservé dans un but scientifique ou thérapeutique avec votre consentement.
Pourtant certaines femmes, notamment aux Etats Unis, souhaitent manger leur placenta, pour ses vertus symboliques et nutritives. Concernant ces dernières, aucune étude ne l’a démontré, mais pour le symbolisme évidemment, cela appartient à chacune. En outre, la consommation du placenta pourrait même présenter un risque pour la santé : n’oublions pas qu’il a servi de barrière à de nombreux germes et toxines pendant la grossesse…
Dans certaines cultures, le placenta est considéré comme le jumeau de l’enfant, ce qui est tout à fait exact du point de vue tissulaire ! C’est pourquoi, certaines familles entèrent le placenta et plantent un arbre juste au-dessus.
Le saviez-vous ? Certains hôpitaux (notamment ceux qui ont en leur sein un Etablissement Français du Sang) proposent, sous critères d’éligibilité, de donner du sang de cordon. Le sang de cordon est prélevé au niveau du cordon ombilical immédiatement après la naissance de l’enfant. Il a la caractéristique de contenir des cellules souches très utiles pour traiter les maladies du sang qui sont la plupart du temps des cancers, comme les leucémies ou les lymphomes. Vous pouvez trouver plus d’informations sur dondesangdecordon.fr
Votre corps crée le placenta uniquement pour la grossesse. Oui, vous êtes donc capable de créer un organe, rien que ça ! Il assure le bon développement de votre bébé en lui transmettant la nourriture que vous consommez et l’air que vous respirez. Il permet le tout premier lien entre vous et votre enfant.
Écrit par Andréa Lepage avec les expert·e·s May