La grossesse pourrait être comparée à un ballet d’hormones au rythme endiablé qui se joue à l’intérieur de votre corps ?. Aujourd’hui, on se penche sur une hormone centrale : la progestérone.
La progestérone, on vous dit tout !
Quel est le rôle de la progestérone pendant la grossesse ?
Cette hormone est d’abord produite par le corps jaune (l’ovule est aspiré par la trompe tandis que le follicule, son enveloppe, reste dans l’ovaire et devient le corps jaune), puis par le placenta (organe issu du développement de l’ovocyte, pour la grossesse) à partir de 8 semaines d’aménorrhée (SA).
Cette hormone a plusieurs rôles :
➡️Elle stimule la croissance de l’endomètre (la muqueuse de l’utérus) pour favoriser l’implantation et aide le placenta à s’établir.
➡️Elle stimule également le développement des vaisseaux sanguins qui irriguent l’utérus.
➡️Elle a une action myorelaxante : c’est-à-dire qu’elle empêche l’utérus de se contracter, pour qu’il grandisse au fur et à mesure que le bébé grossit. Son action relaxante touche tous les muscles ! Ceux du tube digestif (bonjour les remontées acides et la constipation !), des vaisseaux sanguins (hello l’insuffisance veineuse !), ou encore du périnée (coucou les fuites urinaires !).
NB : Avec une autre hormone, la relaxine, elle joue un rôle important dans le relâchement des ligaments, et notamment ceux du bassin. Pas étonnant, donc, de ressentir des douleurs au pubis, au bas du dos, d’avoir des problèmes d’équilibre ou d’éprouver des difficultés à bouger ! Une ceinture de grossesse pourra vous apporter le maintien nécessaire.
➡️La progestérone favorise également le développement de la glande mammaire mais inhibe la lactation pendant la grossesse, qui ne pourra se lancer qu’après la naissance, quand sa concentration chutera brutalement.
➡️Elle joue aussi un rôle dans la tolérance immunitaire de la mère envers son fœtus.
➡️D’autre part, elle intervient dans la sécrétion de métabolites ayant un effet anxiolytique et analgésique. Après l’accouchement, la chute de la progestérone, et donc de ces métabolites, rentreraient dans les mécanismes du baby blues.
On ne vous le fait pas dire : dans le genre multitâches, la progestérone est championne !
Comment est mesuré le taux de progestérone pendant la grossesse ?
La production de progestérone, et donc son taux dans le sang, augmente progressivement au cours de la grossesse. Toutefois, le dosage de la progestérone est rarement réalisé, mais peut être utile en cas de grossesses arrêtées à répétition, dans le cadre d’un diagnostic de grossesse extra-utérine (GEU) ou dans le cadre d’une procréation médicalement assistée.
Il est possible de la mesurer via une prise de sang, réalisée par un·e professionnel·le de santé qualifié·e ou dans un laboratoire d’analyses médicales. Lors de cette prise de sang, il faudra préciser votre nombre de semaines d’aménorrhée.
Quels peuvent être les symptômes d’un taux de progestérone trop faible ou trop élevé ?
Nous l’avons vu, la progestérone a plusieurs effets sur le corps d’une femme enceinte. Avec l’œstrogène, une autre hormone de grossesse, la progestérone permet de maintenir la grossesse.
Des taux trop élevés ou trop faibles peuvent causer des symptômes plus ou moins graves concernant la suite de la grossesse.
↘️De trop faibles taux de progestérone peuvent être à l’origine d’un certain nombre de complications :
- Comme évoqué précédemment, la progestérone favorise l’implantation de l’embryon. Des taux trop faibles peuvent alors rendre l’implantation difficile.
- Si les taux de progestérone ne montent toujours pas après l’implantation, il y a un risque de fausse couche. Une fausse couche, ou grossesse arrêtée, est un accident spontané, qui signe la fin prématurée d’une grossesse parfois déjà très investie.
NB : un faible taux de progestérone peut également indiquer une grossesse extra-utérine.
↗️Si la progestérone est indispensable pour que la grossesse se déroule bien, elle peut entraîner néanmoins des effets secondaires pour le moins désagréables pour la femme enceinte et des taux trop élevés peuvent empirer les symptômes tels que :
- Les remontées acides,
- La constipation,
- L’insuffisance veineuse,
- Les fuites urinaires,
- Diverses douleurs (pubis, bas du dos…).
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Est-il sûr de prendre des suppléments de progestérone pendant la grossesse ?
Avant tout, sachez que – dans la très grande majorité des grossesses – il est inutile de prendre des suppléments de progestérone. Ces derniers ne sont réservés qu’à des cas particuliers.
Même si les suppléments sont surtout prescrits lors du premier trimestre, il est possible de prendre des suppléments de progestérone à n’importe quel moment de la grossesse, quelle que soit la date du terme, si cela est adapté à vous et votre situation.
En revanche, comme pour n’importe quel souci durant une grossesse, la règle d’or reste pas d’automédication ! Avant de commencer un quelconque traitement, veillez donc toujours à consulter un·e professionnel·le de santé qualifié·e : le ou la médecin qui suit votre grossesse, un·e sage-femme…
Les recommandations varient d’un médicament à l’autre, il est donc important de suivre l’ordonnance que l’on vous donnera, adaptée à votre situation particulière, pour éviter toute contre-indication et/ou complication.
Quels peuvent être les effets secondaires des ovules ou injections de progestérone ?
Là encore, les effets secondaires varient en fonction du médicament et de la posologie. C’est pourquoi il est important de bien suivre les recommandations que vous donnera la personne qui suit votre grossesse.
Certains médicaments ne présentent pas d’effets secondaires connus, d’autres peuvent déclencher des réactions allergiques ou une diarrhée. Pensez donc à bien consulter la notice et poser toute question que vous pourriez avoir à la personne qui vous suit.
La progestérone peut être donnée par injection ou sous forme d’ovules (gélule à mettre au fond du vagin). Cette posologie peut entraîner des pertes liquides ou visqueuses.
Quand la progestérone est-elle prescrite pendant la grossesse ?
Nous l’avons vu, selon votre situation et le médicament prescrit, un traitement peut être commencé à divers moment de la grossesse.
La progestérone est généralement prescrite pour :
➡️Limiter le risque de grossesse arrêtée (fausse couche dans le langage courant même si ce terme laisse à désirer car rien n’est “faux” dans cette expérience) au premier trimestre.
➡️Dans certains cas, pour limiter les risques d’accouchement prématuré.
La progestérone peut-elle prévenir les fausses couches ?
La progestérone peut en effet limiter les risques d’un arrêt de grossesse chez les femmes présentant des fausses couches à répétition ou celles ayant recours à un parcours PMA, sans l’empêcher à coup sûr pour autant. Nous l’avons vu, cette hormone permet en effet de préparer l’utérus à accueillir l’embryon au moment de l’implantation et aide à le conserver.
Attention cependant, toutes les fausses couches ne sont pas dues à un défaut d’implantation de l’embryon que viendrait aider la progestérone : la plupart du temps, il est très difficile d’identifier les causes d’une fausse couche. Il s’agit d’événements spontanés qu’on maîtrise mal.
La progestérone est donc une hormone qui a un rôle plus que crucial durant la grossesse. Elle aide le fœtus à rester bien au chaud dans l’utérus en coordination avec de nombreuses autres hormones. Un magnifique ballet on vous dit !
Pour aller plus loin : Progestérone – Le CRAT
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
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Photo : YuriArcursPeopleimages