La grossesse est rythmée par des analyses urinaires mensuelles qui permettent de s’assurer que le taux de protéines est normal et de déceler la présence d’une pathologie de grossesse ou l’apparition d’une potentielle complication.
A quel moment peut-on parler de protéinurie chez les femmes enceintes ? On fait le point !
Qu’est-ce que la protéinurie pendant la grossesse ? Qu’est-ce que l’albumine ?
La protéinurie correspond à une présence anormale de protéines dans les urines. Elle peut s’expliquer par une souffrance des enzymes du foie ou du rein.
En temps normal, le taux de protéines dans les urines est vraiment très faible car le processus de filtration par les reins est censé avoir eu lieu en amont.
Dans la majorité des cas, elle apparaît car les reins des femmes enceintes ne parviennent plus à remplir leur rôle de filtre pendant la grossesse.
On recherche en particulier une protéine appelée “albumine”. Cette protéine étant particulièrement grosse, elle ne passe normalement pas à travers le filtre rénal. Vous pouvez donc aussi entendre le terme d’”albuminurie” pour désigner la protéinurie.
La protéinurie peut être associée à l’apparition d’autres symptômes chez les femmes enceintes (qui sont ceux de la prééclampsie) tels que le gonflement, la prise de poids, les maux de tête, les troubles visuels, la fatigue, les nausées, les vomissements et les douleurs abdominales.
Il est donc essentiel de surveiller attentivement ces signes et de poser rapidement un diagnostic afin de dépister précocement l’apparition d’éventuelles complications.
Comment la protéinurie est-elle dépistée ?
Le diagnostic d’une protéinurie est posé lors des analyses d’urine mensuelles faisant partie des consultations de suivi de grossesse.
Les examens d’urine sont mensuels et obligatoires pour les femmes enceintes. On y recherche des protéines bien sûr, mais également le taux de sucre dans les urines. Toutes ces analyses sont prises en charge à 100% par l’Assurance Maladie.
L’objectif est donc de détecter le plus tôt possible des pathologies qui pourraient avoir une incidence sur le bien être du fœtus ou le vôtre, ou représenter un risque pour la grossesse et/ou l’accouchement. Ces examens de routine peuvent être réalisés auprès de :
- Un·e sage-femme, professionnel·le de choix pour une grossesse “normale”, que vous pouvez voir à la maternité ou en ville (en libéral),
- Un·e médecin généraliste, si vous le ou la connaissez déjà et qu’il ou elle a l’habitude de suivre des grossesses,
- Un·e gynécologue obstétricien·ne, notamment en cas de pathologie à risque pour la grossesse.
Le diagnostic de la protéinurie, ou albumine, est effectué à partir d’un échantillon de jet d’urine dans un laboratoire d’analyses médicales. Si le taux de protéines est supérieur à 0,3g/l, un test sur 24 heures peut être prescrit à la future maman : toutes ses urines de la journée et de la nuit sont recueillies jusqu’au lendemain.
Lorsque les résultats mettent une protéinurie en évidence chez la femme enceinte, des examens (surveillance de la tension artérielle, évolution de la protéinurie, apparition d’autres symptômes) et un suivi particulier peuvent être mis en place pour limiter les risques.
Il est important de souligner que la présence d’une albumine ne doit pas être prise à la légère, car elle peut être le signe de complications potentiellement graves pour la mère et le fœtus.
Rassurez-vous, les tests peuvent paraître nombreux mais une albuminurie n’est pas forcément grave ou inquiétante.
Si vous avez des questions sur ce sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes vous répond 7j/ 7 de 8h à 22h.
Quelles peuvent être les causes de protéinurie quand on est enceinte ?
Les causes de la protéinurie sont diverses lors de la grossesse.
- Il arrive qu’elle apparaisse à cause d’une infection urinaire. De ce fait, un examen cytobactériologique des urines (ECBU) peut être prescrit afin de confirmer ou infirmer ce diagnostic.
- L’albuminurie peut également être liée à une pathologie ou une complication de grossesse comme une prééclampsie, une hypertension artérielle ou un diabète gestationnel. Une complication qui pourrait donc représenter un risque pour vous, le bébé et/ou l’accouchement.
- Une protéinurie peut également faire son apparition à cause d’une maladie rénale chronique. C’est une maladie qui a tendance à passer inaperçue (et qui n’est pas liée à la grossesse, même si elle peut l’impacter). Une maladie rénale, chronique ou non, est souvent découverte par hasard, lors de l’un de ces fameux examens de routine de la grossesse, qui suivent votre santé au moins jusqu’au jour de l’accouchement.
- D’autres problèmes de santé, plus rares (et pas directement liés à la grossesse !), peuvent être à l’origine d’une protéinurie.
Quelles sont les complications de la protéinurie ?
La protéinurie lors de la grossesse s’explique parfois par une pathologie qui peut menacer la santé du fœtus et de la future maman.
La prééclampsie est la cause majeure d’un taux de protéines trop élevé dans les urines. Elle résulte d’un défaut d’implantation du placenta. Cette pathologie se manifeste par une hypertension artérielle associée à des dysfonctionnements du foie et/ou des reins.
Le diagnostic de prééclampsie est réalisé par un·e médecin généraliste ou un·e sage-femme. Une concentration de protéines supérieure à 0,3g/l par jour dans les urines (protéinurie) couplée à une élévation de la pression artérielle gravidique ou gestationnelle (HTA) sont les signes d’une prééclampsie chez les femmes enceintes.
Comment traiter la protéinurie au cours de la grossesse ?
La question n’est pas de traiter la protéinurie en elle-même, mais plutôt d’en traiter la cause ! Le traitement de la protéinurie dépend de sa cause sous-jacente.
En cas d’infection urinaire, c’est le traitement de l’infection par des antibiotiques qui fera baisser les protéines dans les urines. Dans le cas de la prééclampsie, le seul traitement efficace est l’accouchement !
L’urgence de cette échéance est déterminée en fonction du terme de la grossesse et de la gravité de la prééclampsie : la prise en charge peut aller de la simple surveillance avec un traitement antihypertenseur, à l’hospitalisation, au déclenchement, voire à la césarienne en urgence.
Dans les cas les plus graves, une interruption de la grossesse peut être envisagée pour protéger la santé de la mère et du fœtus.
La protéinurie n’est pas nécessairement grave mais elle nécessite une prise en charge médicale adaptée afin de s’assurer qu’elle ne soit pas le reflet d’une complication ou d’une pathologie de grossesse !
C’est à votre professionnel·le de santé de déterminer la marche à suivre en fonction de ce qu’il ou elle juge nécessaire pour préserver votre santé et celle de votre bébé.
Lexique
On revoit ensemble les termes clés utilisés dans cet article !
- Hypertension : maladie caractérisée par une pression artérielle élevée, ce qui peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.
- Prééclampsie : une complication de la grossesse caractérisée par une hypertension artérielle et la présence de protéines dans l’urine, pouvant entraîner des complications graves pour la mère et le fœtus.
- Maladie rénale : une maladie rénale, comme son nom l’indique, s’attaque aux reins.
- Albumine : une protéine présente dans le sang, jouant un rôle essentiel dans le maintien de la pression osmotique et le transport de diverses substances.
- Diabète : une maladie caractérisée par une élévation du taux de sucre dans le sang, généralement due à un dysfonctionnement du pancréas.
- Chronique : une maladie qui persiste sur une longue période de temps, souvent de manière continue.