C’est un classique du suivi médical pendant la grossesse : la prise de la tension. Il s’agit d’une mesure très importante puisqu’elle permet d’identifier une potentielle hypertension artérielle (HTA) assez fréquente chez les femmes enceintes.
Symptômes, complications et traitements on vous dit tout sur la tension artérielle pendant la grossesse.
Pourquoi la surveillance régulière de la tension artérielle est-elle nécessaire pendant la grossesse ?
On parle d’hypertension gestationnelle (ou gravidique) lorsque la tension artérielle d’une femme enceinte augmente de façon anormale et ce, même lorsqu’elle est au repos. L’hypertension gestationnelle s’observe généralement après 20 semaines d’aménorrhée.
On parle d’hypertension lorsque la valeur systolique (une des deux valeurs de mesure de la pression artérielle) est au dessus de 140 mmHg, et/ou que la valeur diastolique (la seconde valeur de mesure) est au-dessus de 90 mmHg. On parle généralement de ces deux valeurs côte à côte : “140/90” ou plus communément “14/9”.
❕L’hypertension gravidique apparaît au cours de la grossesse. On parle d’hypertension antérieure à la grossesse si la femme enceinte faisait déjà de l’hypertension avant d’attendre un enfant (ou si elle est constatée avant 20 semaines d’aménorrhée) et d’hypertension chronique si cette dernière perdure après l’accouchement.
L’hypertension gravidique peut être diagnostiquée lors de vos examens de suivi de grossesse. Votre professionnel·le de santé mesure votre tension grâce à un petit appareil manuel ou électrique alors que vous êtes assise et en situation de repos.
Si votre tension est élevée lors de la consultation, pour confirmer le diagnostic, votre médecin ou sage-femme pourra vous demander de procéder vous-même à votre prise de tension à la maison, en suivant scrupuleusement la “règle des trois” soit trois fois le matin avant votre petit-déjeuner, trois fois le soir avant votre coucher et ce pendant trois jours consécutifs.
On cherchera également la potentielle présence de protéines dans vos urines grâce à un test urinaire. La présence de protéines dans vos urines peut indiquer une pré-éclampsie, pathologie de grossesse qui – si elle n’est pas prise en charge assez tôt, peut se révéler dangereuse pour la mère et le fœtus. Un bilan sanguin sera également prescrit afin de rechercher un potentiel retentissement de l’hypertension sur la fonction rénale (les reins) et hépatique (le foie).
Quels sont les symptômes d’une tension trop élevée pendant la grossesse ?
En dehors du suivi médical régulier, qui permet normalement de détecter une hypertension artérielle, il ne faut pas hésiter à consulter rapidement la personne qui suit votre grossesse ou aux urgences de votre maternité si vous remarquez l’un des symptômes suivants :
- Maux de tête,
- Phosphènes (petites mouches devant les yeux),
- Acouphènes (sifflements dans les oreilles),
- Barre épigastrique (intense douleur “en barre” sous la poitrine au niveau des seins dans le sens horizontal),
- Prise rapide de poids et formation d’œdème généralement dans les membres inférieurs mais aussi supérieurs (par exemple, vous n’arrivez plus à retirer votre bague) ainsi que votre visage.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sages-femmes vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Quelles sont les complications potentielles de l’hypertension pour la mère et le bébé ?
L’hypertension artérielle peut être légère, modérée ou sévère. Une HTA sévère (supérieure à 160/110) peut entraîner de sérieuses complications pour la mère et le fœtus.
➡️Lorsqu’elle est associée à la présence de protéines dans les urines, il existe un risque élevé de développer une pré-éclampsie. Il s’agit d’une pathologie maternelle qui touche entre 5 et 8% des grossesses à partir de 20 SA.
➡️L’hypertension gravidique peut également provoquer un hématome rétroplacentaire qui peut lui-même entraîner un décollement du placenta et engager le pronostic vital du fœtus et de la mère.
➡️Concernant le bébé, l’hypertension gravidique peut entraîner un risque de retard de croissance ou de naissance prématurée.
Quels traitements sont disponibles pour gérer une tension haute pendant la grossesse ?
Une tension haute durant la grossesse nécessite dans un premier temps d’adapter votre suivi médical : vous serez dirigée vers une maternité capable de vous prendre en charge si la vôtre ne dispose pas des équipements et/ou des professionnel·le·s de santé nécessaires.
En fonction de la gravité de votre hypertension, plusieurs professionnel·le·s de santé se relaieront pour assurer votre surveillance (votre médecin traitant, un·e sage femme, un·e gynécologue-obstétricien·ne et un·e cardiologue).
Votre suivi médical sera alors renforcé : vos consultations et bilans se feront de manière plus rapprochée, les équipes médicales vérifieront également la croissance et la vitalité de votre bébé grâce à une échographie (estimation de poids, quantité de liquide, doppler ombilical…).
Il vous sera également conseillé de vous reposer autant que possible. N’hésitez pas à demander de l’aide à vos proches dans les tâches du quotidien (linge, repas, ménage, sortir le chien…). Pour les cas les plus sévères d’hypertension artérielle gestationnelle, il est possible que vous soyez hospitalisée.
Il existe des traitements antihypertenseurs compatibles avec la grossesse, il est donc possible que l’on vous en prescrive un afin de faire redescendre votre tension artérielle et ainsi limiter les conséquences pour votre santé et celle de votre fœtus.
L’hypertension gravidique étant une pathologie liée à la grossesse, son traitement réside surtout dans le fait d’accoucher.
Comment l’hypertension peut-elle affecter l’accouchement ?
Il arrive que l’hypertension, dans les cas les plus sévères, amène vos professionnel·le·s de santé à devoir pratiquer une césarienne en urgence s’ils estiment que votre santé et celle du fœtus sont en jeu et qu’un accouchement prématuré présente moins de risques pour vous et le bébé que d’attendre le terme. Il est également possible en cas d’hypertension moins sévère qu’à l’approche du terme on vous propose un déclenchement, encore une fois dans le but de limiter le risque de complications.
Le Consensus d’Experts de la Société Française d’Hypertension Artérielle (SFHTA) recommande par exemple de provoquer la naissance après 34 SA en cas de pré-éclampsie sévère et après 37 SA pour une pré-éclampsie modérée.
La tension pendant la grossesse est donc une donnée très importante à surveiller afin de limiter le risque de pré-éclampsie, de décollement placentaire ou de retard de croissance. Heureusement, un suivi régulier permet de détecter les signes d’hypertension artérielle gravidique et de confier votre prise en charge à une maternité adaptée.
Pour aller plus loin :
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
–
Photo : seventyfourimages