Votre bébé commence la diversification, quelle grande étape ! C’est également le moment de faire un point sur les allergies alimentaires. Lait de vache, œuf, arachide : que faire en cas d’allergie alimentaire ? Comment reconnaître les symptômes ? Allergie alimentaire chez le bébé : on fait le point.
Causes et facteurs de risque des allergies alimentaires
Comme pour beaucoup de parents dont l’alimentation de leur bébé commence à se diversifier, l’allergie alimentaire est peut-être au cœur de vos préoccupations. Quelle est l’origine de ces allergies ?
Les allergies alimentaires se développent lorsque le système immunitaire du bébé réagit de manière excessive à des allergènes présents dans certains aliments. Les principaux allergènes chez les enfants incluent :
- le lait de vache,
- l’œuf,
- l’arachide,
- les fruits à coque,
- le poisson,
- les fruits de mer,
- le sésame
- les fruits exotiques comme le kiwi, la banane ..,
- les légumineuses (petit pois, lentilles, soja ..).
Mais elles peuvent concerner tous les aliments.
Une réaction allergique alimentaire peut entraîner des symptômes variés, allant des démangeaisons à l’urticaire et parfois même à des réactions plus graves comme des difficultés à respirer ou un choc anaphylactique.
Symptômes d’une allergie alimentaire chez le bébé
Une allergie alimentaire peut être à l’origine de différents symptômes.
Manifestations cutanées
Les réactions cutanées sont souvent les premiers signes visibles d’une allergie alimentaire chez le bébé. Parmi les symptômes les plus courants, on trouve l’urticaire, qui se manifeste par des plaques rouges légèrement surélevées sur la peau, accompagnées de démangeaisons. L’eczéma atopique est également fréquent, il apparaît sous forme de plaques sèches et irritées. Dans certains cas, un œdème peut survenir, provoquant un gonflement des lèvres, du visage ou des paupières.
Manifestations digestives
Les symptômes digestifs sont aussi courants et peuvent inclure un reflux important, des vomissements, des douleurs abdominales ou une diarrhée voire une constipation. Ces symptômes peuvent apparaître immédiatement après l’ingestion de l’aliment allergène ou quelques heures à plusieurs jours après. Les bébés peuvent également présenter une mauvaise prise de poids malgré une alimentation adéquate.
Symptômes respiratoires
Heureusement moins fréquents, les symptômes respiratoires peuvent être graves et nécessitent une attention immédiate. Un bébé souffrant d’une allergie alimentaire peut développer des symptômes similaires à ceux de l’asthme, tels que des difficultés à respirer, une hypersalivation, une respiration sifflante ou une toux persistante. Dans ces cas, appliquez immédiatement le protocole d’urgence si vous en avez un ou appelez le 15.
Dans les cas extrêmes, un malaise, une perte de connaissance ou un choc anaphylactique peuvent survenir nécessitant une intervention médicale urgente.
Facteurs de risque
Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de développer une allergie alimentaire :
- Une prédisposition génétique : si un parent des deux parents a une allergie comme un eczéma atopique, un asthme, un rhume des foins ou une allergie alimentaire, le risque pour le bébé est de 25 à 30%. Il monte à 70-80% si les deux parents partagent la même allergie.
Si votre bébé lui-même a un eczéma ou des allergies respiratoires - Une exposition précoce aux allergènes : les premiers contacts avec les allergènes peuvent se produire à travers la peau, par exemple, en appliquant une crème à base d’huile d’amande douce ou de sésame sur la peau de bébé alors qu’il n’a jamais mangé ces aliment ou en consommant soi-même des cacahuètes et en prenant bébé dans les bras sans se laver les mains.
Bon à savoir : il est important de différencier une allergie d’une intolérance. L’allergie est une réaction immunitaire. Elle induit la production d’anticorps, les IgE spécifiques, mais aussi d’autres réactions qu’on ne dépiste pas encore facilement. L’intolérance, par exemple au lactose, est liée à une insuffisance de production d’une enzyme, la lactase, qui permet de digérer bien le lait. Cette enzyme a tendance à diminuer naturellement avec l’âge chez tous les mammifères. Un chat ou un chien adulte ne supporte en général pas le lait qui lui provoque mal au ventre et de la diarrhée. Il en est de même pour la plupart des humains. Par contre, le lait sans lactose est bien toléré ainsi que bien souvent le fromage et les laitages.
Diagnostic et tests d’allergie chez les bébés
Nous l’avons vu, les réactions allergiques peuvent varier considérablement, allant de la simple démangeaison à des situations plus graves comme une gêne respiratoire ou un choc anaphylactique. Voici comment les allergologues procèdent pour diagnostiquer une allergie alimentaire chez les enfants.
Les tests cutanés sont l’une des méthodes les plus courantes pour identifier les allergènes potentiels. Lors de ces tests, une petite quantité d’allergène est appliquée sur la peau de votre bébé, généralement sur l’avant-bras ou le dos. Si son système immunitaire réagit, une petite rougeur ou un gonflement apparaîtra, indiquant une sensibilité à cet aliment particulier. Cependant, il est important de noter que ces tests peuvent être négatifs en particulier pour les réactions digestives ou retardées (lorsque les symptômes apparaissent plusieurs heures ou jours après).
En complément, des tests sanguins peuvent être effectués pour mesurer la présence d’anticorps spécifiques, appelés IgE, qui sont produits en réponse à certains allergènes. Ces tests sont particulièrement utiles pour les bébés qui présentent des symptômes sévères. Ces tests peuvent également restés négatifs sans remettre en cause le diagnostic d’allergie.
Dans ces cas, surtout lorsque les symptômes sont digestifs et apparaissent plusieurs heures après l’ingestion, un régime d’éviction peut être nécessaire. Cela consiste à retirer l’allergène suspecté de l’alimentation du bébé pendant 2 à 4 semaines, puis à le réintroduire pour observer la reprise de l’allergie.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de pédiatres et d’infirmières puéricultrices vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Traitement de l’allergie alimentaire
Une fois l’allergie alimentaire diagnostiquée, plusieurs méthodes vous seront proposées pour réduire l’exposition de votre bébé et ainsi limiter toute réaction allergique.
Régime d’éviction
Première étape : limiter le plus possible l’exposition de votre bébé à l’aliment qui provoque des réactions allergiques chez lui. On appelle cela un “régime d’éviction”. Votre mission désormais, lire attentivement les étiquettes des produits alimentaires pour éviter les allergènes cachés. Un·e allergologue peut vous aider à mettre en place un plan d’éviction personnalisé, basé sur les résultats de tests cutanés ou sanguins de votre enfant.
Dans certains cas, votre enfant peut tolérer une petite quantité de l’aliment responsable ou l’aliment sous forme crue ou bien cuite. Dans ce cas, il faudra adapter le régime d’éviction. Les listes des aliments à éviter en fonction des allergies sont disponibles sur le site Allergodiet.
Si votre enfant est en garde chez une assistante maternelle, à la crèche ou s’il va à l’école, votre médecin ou allergologue réalisera avec vous un projet d’accueil individualisé (PAI), avec le régime d’éviction et les traitements à donner en cas d’accident. Informez le personnel des allergies de votre enfant et fournissez la liste des aliments à éviter.
Traitements médicaux
En général, un traitement médicamenteux vous sera donné comprenant :
- Des antihistaminiques : ces médicaments soulagent rapidement les démangeaisons et les éruptions cutanées.
- De la Ventoline en cas d’asthme associé et parfois des corticoïdes.
- Si nécessaire de l’adrénaline injectable pour les réactions allergiques sévères. Ce dispositif doit toujours être accessible. N’hésitez pas à vous entraîner et à en informer les personnes qui peuvent être amenées à garder votre enfant.
Enfin, pour certains enfants, la désensibilisation ou protocole de tolérance peut être une option à discuter avec votre allergologue. Ce traitement consiste à administrer progressivement des doses croissantes de l’allergène afin de réduire la sensibilité du système immunitaire.
Prévention des allergies alimentaires chez le nouveau-né
Voici quelques recommandations pour réduire le risque de réactions allergiques chez votre bébé.
Allaitement et alimentation de la mère
Si vous faites le choix de l’allaitement, sachez que le lait maternel représente un avantage certain concernant le développement du système immunitaire de votre bébé.
Concernant votre alimentation, il n’est pas nécessaire d’éviter certains aliments pendant l’allaitement. Cependant, si votre bébé présente des symptômes d’allergie tels que des petits boutons, des démangeaisons, de l’eczéma ou des troubles digestifs après l’allaitement, il peut être utile de consulter un·e allergologue pour évaluer si votre bébé n’est pas allergique à un des aliments que vous consommez. Dans ce cas seulement, il faudra faire une éviction de cet aliment. Si vous devez éviter les laits de mammifère, pensez à consommer suffisamment de Calcium.
Conseils pour l’introduction des allergènes
Voici quelques conseils concernant l’introduction des allergènes dans l’alimentation de votre bébé.
- 4 à 9 mois : commencez la diversification dès 4 mois, même si vous allaitez, en débutant par les légumes et les fruits. Cela aide à habituer le système immunitaire de votre bébé à de nouveaux aliments. Le gluten peut être introduit dès le début du 5ème mois même si l’étiquetage indique encore à partir de 6 mois.
- Essayez d’introduire un par un les aliments, pour surveiller de potentielles réactions allergiques. Puis, poursuivez la consommation régulière des aliments déjà testés. Intégrez rapidement la consommation des aliments les plus allergisants comme le lait de vache, l’œuf, d’abord bien cuit, l’arachide et les fruits à coque sous forme de poudre ou de pâte pour éviter le risque d’étouffement …
Notez que l’introduction précoce et contrôlée de ces allergènes peut aider à réduire le risque de développer une allergie.
Les réactions allergiques peuvent avoir plusieurs degrés de sévérité, ce qui peut les rendre difficiles à identifier. Néanmoins, des troubles digestifs, cutanés et/ou respiratoires après l’ingestion de certains aliments spécifiques sont de bons indicateurs et nécessitent une consultation rapide afin de mettre en place un régime alimentaire adapté aux besoins de votre bébé.
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