DME bébé : la diversification menée par l’enfant expliquée

Publié le 15 décembre 2023
Alimentation bébé
10 minutes

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Depuis plusieurs années, la DME (ou diversification alimentaire menée par l’enfant) gagne en popularité chez les parents. Il s’agit d’une alternative à la diversification “classique”. La DME favorise l’autonomie du bébé ainsi que sa découverte multisensorielle des aliments : le goût, l’odorat, la vue et le toucher.

Tentant non ? Mais attention, cette méthode nécessite d’être bien renseigné·e afin d’assurer la sécurité de votre bébé. On vous dit tout !

En quoi consiste la diversification menée par l’enfant (DME) ?

Déjà, qu’est-ce que la diversification ? Il s’agit de LA grande étape de transition dans l’alimentation de votre bébé. Petit à petit, votre enfant passe d’une alimentation 100% à base de lait aux aliments “pour les grands” : une grande étape dans son développement !

Lorsqu’elle est menée par l’enfant, cette diversification alimentaire consiste à présenter des aliments à votre enfant de manière à ce qu’il mange de façon autonome (en morceaux sécuritaires ou en texture lisse dans une cuillère pré-remplie qu’il n’a plus qu’à porter à sa bouche).

Plutôt que de nourrir vous votre bébé à la cuillère, la DME lui permet donc d’attraper lui-même sa nourriture, de la manipuler et la porter à sa bouche seul. De cette façon, il apprend l’autonomie et stimule ses sens en prenant le temps de toucher, goûter et sentir chaque aliment proposé.

Notez tout de même que la DME a un inconvénient principal : le nettoyage. En effet, la table utilisée par le bébé est très vite sale et, bien souvent, le sol tout autour. Mais avec quelques petites astuces (comme une bâche de protection au sol et une protection pour la table) cet inconvénient peut être minimisé.

Quelle est la différence entre la méthode DME et la diversification classique ?

Maintenant que nous avons bien identifié ce qu’était la DME, il est grand temps d’entrer un peu plus dans les détails. On reprend point par point les principales différences (et ressemblances d’ailleurs) entre la diversification alimentaire “classique” et la DME.

Les points de ressemblance

✅Une transition pas à pas (ou plutôt bouchée par bouchée) vers la table familiale.

✅Si votre bébé est en âge de passer à l’une ou l’autre de ces diversifications, mieux vaut se lancer dès qu’il présente de l’intérêt pour de la nourriture solide.

✅Si possible, mieux vaut introduire tous les aliments avant 12 mois pour réduire les risques d’allergies.

✅Mieux vaut privilégier les légumes et fruits (frais) de saison et les aliments facilement digestibles.

✅Faire attention à adapter les quantités en fonction de l’appétit et/ou préférence de l’enfant tout en veillant à diminuer proportionnellement les quantités de lait.

✅Il faut bien se renseigner sur les apports nutritifs dont votre enfant a besoin pour être bien sûr·e qu’il ne manque de rien.

Les différences majeures

➡️La diversification classique démarre entre les 4 et 6 mois révolus de l’enfant. La DME démarre à 6 mois et nécessite que votre enfant maîtrise un certain nombre de pré-requis (comme le fait de pouvoir se tenir assis, on vous en parle en détail un peu plus bas).

➡️La diversification classique passe par une phase de purée lisse avant d’introduire les morceaux. La DME passe directement aux morceaux (bien entendu, coupés de façon sécurisée), et fait donc la croix sur la phase purée.

➡️Dans une diversification classique, c’est vous, le parent, qui portez la nourriture à la bouche de votre enfant à l’aide d’une cuillère. Avec la DME, votre bébé se nourrit seul dès le début : il porte la nourriture à sa bouche tout seul et prend le temps de la découvrir avec tous ses sens, ce qui le rend plus autonome dans son alimentation.

Malgré leurs différences, sachez qu’il n’est pas nécessaire de choisir entre la diversification classique et la DME : les informations sensorielles sont différentes en fonction de ce qui est présenté à votre bébé, vous pouvez donc combiner ces deux diversifications. Purée ou morceaux, votre enfant s’adaptera en conséquence.

Comment commencer la DME avec son bébé ?

Pour bien commencer la DME avec votre bébé, il faut avant tout se renseigner un maximum sur les bonnes pratiques à adopter, afin de garantir une transition alimentaire sereine et, surtout, sécurisée.

Commencer la DME : quelques précautions

Tout d’abord, il faut veiller à ne proposer à votre bébé que des aliments en morceaux sécuritaires, en adaptant la taille des morceaux et leur texture en fonction d’où il se situe dans son développement et son apprentissage.

Également, il faudra bien veiller à éviter les aliments “à risque”. En effet, certains aliments peuvent représenter un risque d’étouffement important (on pense aux aliments très durs, petits ou ronds comme les arachides entières ou les tomates cerises). Mieux vaut donc ne pas les introduire tout de suite, alors que votre enfant n’est pas parfaitement à l’aise.

Lorsque vous installez votre enfant sur sa chaise haute, il n’est pas nécessaire d’attacher le harnais qui maintient les épaules. La ceinture ventrale suffit amplement et le laissera plus libre de ses mouvements pour explorer.

Enfin, votre bébé doit être bien stable dans sa chaise haute et, surtout, en pleine forme. Ces “repas DME” demandent à votre enfant toute sa concentration et toute son adresse. Mieux vaut donc qu’il se lance dans l’expérience avec ses pleines capacités.

Surtout : votre bébé doit toujours être sous la surveillance d’un adulte lors de ses repas, même si vous le sentez à l’aise.

On vous a donné beaucoup de recommandations, c’est vrai, parce que c’est essentiel d’assurer la sécurité de votre enfant. Ce cadre sécuritaire étant posé, notre conseil clé est d’aborder ce moment de façon détendue. Si les moments à table sont synonymes de plaisir et de partage, alors ils permettront à votre enfant de découvrir le plaisir de manger et c’est ce qui prime !

Les trois grandes étapes de la DME

Quand vous commencez la DME, il est important de garder en tête ces trois grandes étapes. Elles vous serviront de repères pour situer où en est votre enfant dans son apprentissage.

Etape 1 : la découverte

  • Proposer des aliments cuits et fondants ou crus et bien mûrs.
  • Lui donner des morceaux plus grands que la paume de sa main et plus larges que votre index.

Etape 2 : développement de la motricité fine

  • Proposer des morceaux fondants.
  • Lui donner des morceaux de la taille de la paume de sa main, puis de plus en plus petits (une demi-paume).

Etape 3 : le perfectionnement

  • Votre bébé termine son apprentissage.
  • Il mange des morceaux comme le reste de la famille.

Le gag réflex : le réflexe nauséeux chez l’enfant

En pratiquant la DME, vous aurez sûrement l’impression que, parfois, votre bébé rejette un aliment ou s’apprête à le vomir. Ne vous inquiétez pas, il s’agit d’un réflexe qui protège ses voies respiratoires (et non d’un signe de dégoût).

Lorsqu’un aliment inadapté dépasse un certain seuil dans sa bouche, il activera ce réflexe nauséeux : votre bébé va naturellement repousser l’aliment, comme s’il le vomissait. Ce réflexe lui apprend à mâcher et mastiquer les aliments avant de les avaler.

Si vous observez ce réflexe chez votre bébé, n’allez pas chercher l’aliment avec vos doigts ! Cela augmenterait les risques d’étouffement. Au fur et à mesure de son apprentissage, votre bébé repoussera de moins en moins d’aliments car il aura appris à gérer toutes sortes de textures et de formes.

Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes et d’infirmières puéricultrices vous répond 7j/7 de 8h à 22h.

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Quels aliments sont adaptés pour la DME ?

Jusqu’à présent, votre bébé se nourrissait exclusivement de lait. La diversification alimentaire va lui faire découvrir une grande variété de saveurs jusqu’à présent inexplorées. Mais alors, que mettre dans son assiette ?

❌ Les aliments à éviter

Quel que soit le type de diversification, il y a des aliments à éviter le plus possible, à savoir :

  • Le sel : mieux vaut ne pas ajouter de sel dans les préparations.
  • Le sucre : lui aussi est à éviter un maximum. Il ne faut donc pas en ajouter dans les plats. Pour les laitages, vous pouvez par exemple proposer de les sucrer avec des fruits. Vous pouvez mettre du sucre dans les gâteaux, mais cela doit rester une exception.
  • Le chocolat : à éviter également car il contient du nickel.
  • Le café, thé et soda contenant de la caféine ainsi que les boissons énergisantes.
  • Les édulcorants.
  • Les produits à base de soja (ou pas avant 3 ans révolus).
  • Le miel : pas avant 1 an, car il y a un risque de botulisme.
  • Les viandes crues ou peu cuites, les fromages au lait cru (gruyère et comté mis à part), les œufs crus ou les préparations à base d’œufs crus (comme la mayonnaise), les coquillages et poissons crus : tous ces aliments peuvent représenter un risque microbiologique.

Avec la DME, certains aliments présentent un haut risque d’étouffement, et sont donc également à proscrire avant les 4 ans de votre enfant. On pense par exemple aux :

  • Arachides entières.
  • Fruits à coque.
  • Bonbons durs.
  • Pastilles pour la toux.
  • Chewing-gum.
  • Popcorn.
  • Raisins secs.
  • Tomates cerises.
  • Carottes, pommes, céleris crus (sauf râpés).
  • Mie de pain.
  • Salades.

✅ Les aliments adaptés à la DME

  • Des bâtonnets : courgette, butternut, carotte cuite, kiwi…
  • Des grosses lanières épaisses : omelette, viande à point et fondante…
  • Des aliments à prise naturelle : des brocolis, des champignons…
  • De gros quartiers : tomate, avocat, orange…
  • Des aliments écrasés en fine couche sur un transporteur (type cracotte).
  • Des aliments cuisinés en muffin, pancake, croquette, etc. (seulement si les allergènes ont déjà été intégrés !).

Plus tard, en phase de développement de motricité fine, vous pouvez passer à :

  • De gros cubes : ananas, fraise moyenne, quartier de clémentine, rondelle de banane, cube de butternut, demi abricot…
  • Lorsque votre bébé est parfaitement à l’aise avec toutes les étapes précédentes, vous pouvez passer à : des cubes de banane, des framboises entières, des demi raisins, des demi tomates cerises, fines lamelles de concombre, coquillettes, carottes râpées…

Pensez à bien enlever les pépins/noyaux des fruits et légumes, les os des viandes et les arrêtes des poissons.

Aussi, vous pouvez proposer de l’eau à votre bébé dès que les repas se diversifient (avant ou après le repas) et le plus tôt possible avec un verre. Attention à ne pas ajouter de sucre ou de sirop, là encore, quel que soit le type de diversification choisie.

A la fin de sa première année, votre bébé pourra manger des repas presque identiques à ceux du reste de la famille, et ce, en toute autonomie.

Et d’ailleurs pour être sûr·e de toujours avoir de l’inspiration pour les repas, on vous invite à télécharger l’application May. Dans nos outils, section “Recettes en famille”, on vous propose un tas d’idées pour régaler toute la famille, avec la recette détaillée bien sûr !

À quel âge peut-on commencer la DME avec son bébé ?

On l’a déjà évoqué un peu plus haut : la DME ne se commence pas avant 6 mois. La raison ? C’est parce qu’il y a un certain nombre de prérequis que votre enfant doit maîtriser afin de commencer son apprentissage dans les meilleures conditions possibles :

  • Il doit pouvoir tenir son dos droit lorsqu’il est assis dans sa chaise haute.
  • Il doit être capable de porter les aliments à sa bouche de manière autonome.
  • Il n’est pas nécessaire que votre enfant ait des dents : ses gencives et son palais sont capables de mâcher des aliments, s’ils ne sont pas trop durs.

Quels sont les avantages de la DME par rapport à la diversification classique ?

S’il y a tant d’adeptes de la DME, c’est que cette méthode de diversification alimentaire présente de nombreux avantages. Parmi eux :

  • La DME est en phase avec le développement moteur de l’enfant : il tient assis tout seul, attrape et porte la nourriture à sa bouche, élève la langue (les prémices de la mastication)…
  • Un meilleur développement de sa motricité fine : grâce à la DME, votre bébé utilise à la fois son pouce et son index pour “pincer” les aliments ou les empoigne dans le creux de sa paume.
  • Un meilleur développement de sa mastication : grâce aux aliments présentés en morceaux, votre bébé apprendra à mâcher plus tôt qu’avec des aliments en purée ou en compote.
  • Une meilleure gestion de sa satiété : puisque c’est lui-même qui se sert dans les aliments mis à disposition, votre enfant apprendra petit à petit à gérer les quantités avalées.
  • L’enfant est aux commandes de son repas : il contrôle pleinement la découverte des aliments qui lui sont proposés. Il y emploie même tous ses sens et, de cette façon, gère mieux les informations sensorielles au niveau cognitif.
  • Des moments à table plus conviviaux : grâce à la DME, votre bébé pourra manger en même temps que ses parents bien plus vite. Cela permet de partager des repas en famille dans une ambiance détendue.

La DME présente donc de nombreux avantages mais la diversification classique, c’est très bien aussi ! Au risque de se répéter : rien ne vous oblige à choisir entre les deux, l’important est d’adopter des pratiques avec lesquelles vous êtes à l’aise pour que le repas reste un moment de plaisir.

Comment éviter les risques d’étouffement du bébé lors de la DME ?

Dans un premier temps, mettons fin à une idée reçue très répandue : la DME ne présente pas plus de risques d’étouffement que la méthode de diversification classique.

Que votre enfant mange des morceaux, de la purée ou un peu des deux, il reste doté de divers mécanismes de protection ainsi que d’un certain nombre de réflexes qui le protègent : on pense au réflexe nauséeux (le gag reflex qu’on a détaillé plus haut), au clapet qui ferme les voies aériennes ainsi qu’à la toux.

Cela étant dit, il est primordial de bien respecter l’ensemble des consignes de sécurité lors des repas. Et attention à ne pas confondre ces réflexes avec un réel étouffement.

Le réflexe nauséeux va renvoyer l’aliment vers l’avant de la bouche dans le but qu’il soit mâché à nouveau. Dans ce cas, ne touchez pas votre bébé (pas de tape dans son dos et n’essayez pas de sortir la nourriture de sa bouche) et encouragez-le.

Lors d’un étouffement, le bébé ne respire plus. Sa peau devient rouge, puis bleue. Il ne tousse pas et ne pleure pas. Il a les yeux paniqués et la bouche ouverte. Dans ce cas de figure, vous devez alors appeler le 15 en urgence. Ou mieux, demander à un autre adulte de contacter le 15 pendant que vous portez secours à l’enfant. Il existe des manœuvres précises à effectuer en cas d’étouffement en fonction de l’âge de votre enfant, on vous conseille de vous renseigner.

Surtout, ne jamais essayer de récupérer le corps étranger dans sa gorge avec vos doigts. Vous risquez de le déplacer et de l’enfoncer, ce qui risque d’aggraver la situation et de vous faire perdre un temps précieux.

Comment introduire les morceaux dans l’alimentation de bébé en suivant la DME ?

Comme nous l’avons vu ensemble, votre bébé n’a pas besoin d’avoir de dents pour manger des morceaux. Bien sûr, il faut adapter la taille de ces morceaux à son âge, de façon à ce qu’ils soient sécuritaires. Pour rappel :

  • Etape 1 : des morceaux plus grands que la paume de sa main et plus large que votre index.
  • Etape 2 : des morceaux de la taille de la paume de sa main, puis de plus en plus petit jusqu’à une demi-paume.
  • Etape 3 : des morceaux de la même taille que ceux du reste de la famille.

Si votre enfant refuse les morceaux, essayez de les lui faire toucher pour qu’il s’y habitue et/ou de cuisiner “avec lui”. Si ce refus dure quelques jours ou semaines, pas d’inquiétude : il faut laisser faire votre enfant, c’est une nouveauté à laquelle il doit s’habituer. Il ne faut pas le forcer.

Si votre bébé refuse encore tout morceau autour de 10-12 mois (voire 16-18 mois maximum), nous vous conseillons de demander un avis médical : demandez conseil à votre pédiatre.

Comment s’assurer que bébé reçoit tous les nutriments nécessaires avec la DME ?

Les premiers mois de DME, le lait reste l’aliment principal de l’alimentation de votre bébé. Il s’agit surtout d’une période de découverte et d’exploration des différentes textures et saveurs de l’alimentation “des grands”.

En effet, au début, vous ne donnez que des petites quantités de nourriture solide (quelques cuillères à café avant ou après la tétée/le biberon). Les dosages augmenteront progressivement en fonction de son appétit et de ses réactions. Il n’y a pas de quantité type à atteindre : chaque enfant est unique, comme leur appétit.

Veillez simplement, comme nous l’avons vu, à introduire un maximum d’aliments avant ses 12 mois, pour limiter les risques d’allergie. Il n’y a pas d’ordre particulier à suivre, il faut simplement que chaque aliment soit introduit séparément.

L’objectif principal de la diversification alimentaire est d’y prendre du plaisir : c’est vrai pour le bébé, mais aussi pour le(s) parent(s). Avec ou sans morceaux, manger doit surtout être un moment convivial en famille.

Écrit par Sonia Monot avec les expert.e.s May.

Photo : yanadjana


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