L’allaitement maternel, c’est naturel mais ce n’est pas pour ça que c’est forcément simple et que vous ne vous poserez pas 1000 questions ! Que vous rencontriez des difficultés à définir votre projet ou que certains éléments ne vous semblent pas très clairs (position d’allaitement, fréquences des tétées…) : être bien informée est primordial pour profiter de cette merveilleuse expérience que peut être l’allaitement.
On vous dit tout !
Quels sont les avantages de l’allaitement maternel pour le bébé ?
Si l’OMS recommande de poursuivre l’allaitement maternel jusqu’à 6 mois minimum, ce n’est pas pour rien. En effet, ce dernier présente de nombreux avantages. Voici les 7 principaux !
1. Alimentation
Vous vous en doutez : l’allaitement remplit avant tout une fonction nutritive. Il permet de procurer au bébé tous les nutriments et vitamines nécessaires à sa bonne croissance.
2. Un lait digeste
En effet, le lait maternel est plus facilement assimilé par son organisme. Il est également mieux digéré (entre 20 min et 2h). En outre, sa composition évolue pour s’adapter à ses besoins en fonction de son âge, du moment de la journée, de ses besoins particuliers et même de son sexe.
3. Une protection contre les maladies
Le lait maternel contient des éléments vivants qui participent à la protection du bébé contre certaines bactéries ou virus. Il offre également une protection non négligeable concernant les infections respiratoires et digestives. De même, l’allaitement maternel réduit le risque pour votre enfant de développer un diabète de type 2.
L’absentéisme au travail pour enfant malade est 2,7 fois plus élevé chez les mères dont l’enfant n’est plus allaité. Cela est dû à la présence de nombreux facteurs immunitaires dans le lait maternel et notamment aux anticorps spécifiques produits par le corps de la mère lorsqu’elle est en contact avec des agents pathogènes dans l’environnement. Les anticorps spécifiques produits (IgAs) sont alors transmis au bébé via le lait maternel.
4. Renforcement du lien mère-enfant
L’allaitement est un merveilleux moment de partage avec votre nourrisson : ce moment de proximité peut contribuer à construire le lien d’attachement mère-enfant. L’allaitement facilite notamment le peau à peau, dont on connaît les nombreux bienfaits pour la mère et le bébé (comme le fait que cela fait sécréter de l’ocytocine, l’hormone du bonheur, de l’amour et de l’attachement).
Toutefois, comme toujours, écoutez-vous ! Si vous n’êtes pas à l’aise pour une raison ou pour une autre, ne culpabilisez surtout pas : le lien affectif ne se construit pas qu’avec l’allaitement.
5. Un début d’autonomie
En tétant à la demande, le bébé est acteur de la quantité de lait qu’il prend : ce sont ses tous premiers pas vers son autonomie alimentaire.
6. C’est pratique
Eh oui, l’allaitement maternel présente aussi de nombreux côtés pratiques. Pour le bébé, l’absence de logistique et de matériel permet de pouvoir téter facilement dès qu’il demande. Pour les parents, allaiter signifie également pas de vaisselle et pas mal d’économies !
7. Autres utilisations du lait maternel
Vous pensiez avoir fait le tour des bienfaits du lait maternel ? Détrompez-vous ! Il a des propriétés incroyables pour votre bébé, même quand il n’est pas ingéré. Il est cicatrisant, calmant, hydratant, anti-infectieux, antifongique, antiseptique, apaisant, doux et exfoliant… rien que ça ! Ce qui le rend utilisable dans toutes sortes de situations :
- Lavage des yeux (en cas de conjonctivite),
- Lavage du nez (pour les rhumes),
- Massage des croûtes de lait (pour les décoller),
- Cataplasme de lait maternel sur le siège du bébé (pour les érythèmes par exemple),
- Tamponnement sur l’acné du nourrisson,
- Désinfection du cordon ombilical, de petites plaies ou de lésions dues à la varicelle,
- Quelques gouttes dans son bain participent également à l’hydratation de sa peau.
Comment bien positionner son bébé pendant l’allaitement maternel ?
Nous venons de le voir : l’allaitement maternel a plein de bienfaits, dont certains insoupçonnés ! Malgré tout, il faut bien admettre qu’il y a au moins autant de questions que de bienfaits… ? On voit ensemble les plus courantes.
Une bonne position, c’est avant tout une position dans laquelle la mère est confortablement installée et où le bébé peut avoir la bouche grande ouverte afin de bien prendre le mamelon, mais aussi une partie de l’aréole et du sein en bouche.
Une bonne position permet au bébé d’utiliser ses compétences et réflexes pour téter de manière efficace, drainer le sein et entretenir une lactation sans douleur.
Vous pouvez veiller à ce que :
- Le bébé ait la tête légèrement défléchie en arrière, les lèvres retroussées/ourlées, le nez bien dégagé, le menton dans le sein et le ventre face au corps de sa mère (alignement oreille, épaule, hanche).
- Attention de ne pas placer votre main derrière la tête du bébé lorsque vous lui proposez le sein : ce geste va le conduire à pousser sur la main et donc à tirer sur le sein.
- Ne pas hésiter à utiliser des coussins ou un oreiller afin de bien se caler pour ne pas avoir à se pencher ou ne pas induire de position où le bébé tirerait sur le mamelon.
- Il est possible de varier les positions : biological nurturing (idéale car le bébé est agrippé, stabilisé, et utilise la gravité ), madone, madone inversée, ballon de rugby, position couchée… Sur May, on vous a fait de nombreuses fiches pratiques illustrées pour mieux visualiser ces positions et trouver celle qui vous convient.
Bon à savoir : la biological nurturing réduit les sollicitations du mamelon et peut donc aider en cas de douleurs.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes et d’infirmières puéricultrices (dont beaucoup sont également des consultantes en lactation formées) vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
Comment stimuler la production de lait maternel ?
En général, la production de lait se met en place seule, grâce à la succion exercée par le bébé. D’ailleurs, sachez que vos capacités de production sont adaptées sur mesure aux besoins de votre enfant.
Lorsque l’alvéole est pleine de lait, un facteur d’inhibition de la lactation (FIL) se met en place et bloque la production. Quand l’alvéole se vide, le FIL s’évacue avec le lait et la production redémarre : plus le bébé tète efficacement, plus les seins sont drainés et produisent de lait !
Toutefois, dans certains cas, le démarrage peut être un peu difficile. Pas de panique cependant, il est alors possible de stimuler la production. Il existe par exemple une méthode appelée l’expression manuelle du lait. Elle consiste en des effleurements et des massages circulaires doux ou en rayon vers le mamelon avec la pulpe des doigts.
Vous pouvez également placer parallèlement le pouce et l’index à 2-3 cm du mamelon sur l’aréole et faire pression avec les doigts vers la cage thoracique. Rapprochez vos doigts sans les déplacer, puis relâchez. Ensuite recommencez la séquence et alternez les seins plusieurs fois dès que le lait ne coule plus.
Cette technique aide au démarrage de l’allaitement, pour soulager un engorgement si le bébé ne boit pas assez ou pour exprimer du lait sans tire-lait, ce dernier pouvant aussi être un outil à envisager dans certains cas.
Quels sont les signes d’une montée de lait pendant l’allaitement ?
Après l’expulsion du placenta, les hormones de grossesse (soit la progestérone et l’hormone placentaire lactogène) qui inhibaient jusqu’ici la production de lait, chutent. La production de lait se met alors en route grâce à deux autres hormones :
➡️La prolactine pour stimuler la fabrication du lait dans les alvéoles.
➡️L’ocytocine pour l’éjection du lait..
Ensuite, la lactation se met en place grâce à la succion de l’enfant.
La montée de lait survient le plus souvent 2 à 3 jours après l’accouchement : c’est-à-dire que le colostrum (le premier lait jaune ou orangé, produit dès le milieu de la grossesse) cède la place à un lait de transition puis (deux semaines plus tard) à un lait “mature”.
❕Point de vigilance : il possible que la montée de lait soit retardée dans certaines situations. Cela peut s’expliquer par une césarienne, une situation de surpoids, un diabète ou un accouchement long et difficile…
Pour ce qui est des principaux signes d’une montée de lait, on peut observer :
- un changement d’aspect de votre lait (il passe du jaune-orange du colostrum au blanc),
- des veines davantage visibles (le réseau sanguin apporte l’eau et les nutriments nécessaires à la fabrication du lait jusqu’à vos seins),
- vos seins prennent du volume et peuvent être durs,
- des picotements, des fourmillements, voire des douleurs,
- possiblement une petite fièvre.
À quelle fréquence faut-il allaiter un nouveau-né ?
Les recommandations officielles préconisent un allaitement à la demande (il remue les bras et les jambes, il s’étire, il porte les mains à la bouche ou au visage, il fait des mouvements de succion…).
Pour ce qui est de l’espacement des tétées donc, il n’y a pas vraiment de règle : faites confiance à votre bébé et à ce qu’il exprime. De même concernant le temps d’une tétée : ne le limitez pas, il n’y a pas de règle stricte. Pour une tétée nutritive, c’est plus la sensation de sein vide et le comportement de votre bébé qui doit vous guider plutôt que la durée.
Un nouveau-né tète en moyenne entre 8 et 12 fois par jour (ça reste bien évidemment un chiffre variable). Cette fréquence lui assure d’obtenir tous les nutriments nécessaires à son développement et favorise un bon démarrage de l’allaitement maternel.
Vous le saviez ? Une tétée n’a pas qu’une valeur nutritive pour votre bébé. C’est également un élément rassurant qui lui procure du plaisir et participe à l’éveil de ses sens.
Quels sont les aliments galactogènes favorisant la production de lait ?
On appelle aliments galactogènes les aliments qui favoriseraient la production de lait maternel. Notez tout de même qu’il est important de veiller avant tout à une bonne stimulation et à un transfert de lait efficace du sein au bébé avant de se concentrer sur la consommation d’aliments galactogènes.
Les aliments galactogènes
Une fois que vous avez vérifié les points énoncés plus haut, vous pouvez tenter de consommer :
- du quinoa,
- des carottes,
- du fenouil,
- des lentilles,
- des topinambours cuits,
- des amandes,
- du sésame,
- des noix de cajou,
- de la pâte d’amande,
- des dattes,
- du blé,
- de l’avoine,
- de l’orge,
- du sarrasin,
- du lait d’avoine,
- de la levure de bière,
- des graines germées de fenugrec, de luzerne, de soja vert,
- ou des tisanes de fenouil, de cumin et d’anis vert.
Autres conseils d’alimentation pendant l’allaitement
Sachez tout d’abord que vous pouvez manger de tout : enfin ! Les restrictions liées à la toxoplasmose, la listériose et à la salmonellose de la grossesse sont enfin levées. Il faut simplement continuer d’avoir une alimentation équilibrée et variée (le lait maternel change de goût en fonction de votre alimentation) et de manger à votre faim.
Voici quelques petits conseils additionnels :
- Pensez à boire suffisamment d’eau,
- L’alcool, comme le tabac, passe dans le sang et le lait maternel. Si vous buvez en allaitant. il ne faudra pas donner le sein à votre bébé durant les heures suivant ce verre et jusqu’à élimination complète de l’alcool. Dans ce cas, n’hésitez à prévoir quelques biberons d’avance ou à tenter l’allaitement mixte,
- Limitez la caféine (3 cafés par jour et moins de soda), la théine et théobromine (présente dans le chocolat),
- Limitez votre exposition aux perturbateurs endocriniens : essayez de manger local, de saison et bio dans l’idéal et limitez la consommation de poissons à 2 fois par semaine (1 gras et 1 maigre).
Comment sevrer progressivement un bébé de l’allaitement ?
Le sevrage est le processus qui conduit votre bébé à se nourrir autrement qu’avec votre lait maternel.
Les différents types de sevrage
On distingue :
- Le sevrage partiel, c’est-à-dire le passage à un allaitement mixte. Vous continuez à allaiter votre bébé quelques fois dans la journée.
- Le sevrage momentané, en cas de séparation durant quelques jours ou si vous revenez sur votre décision après avoir souhaité sevrer votre bébé.
- Le sevrage total, c’est-à-dire la fin de l’allaitement.
N’oubliez pas que le lait reste la base de l’alimentation de votre bébé toute sa première année. Ainsi, si votre bébé est dans sa première année, il faudra introduire du lait infantile. A partir de la diversification, vous pouvez remplacer ponctuellement le lait par des alternatives solides comme des yaourts, des fromages blancs, des fromages adaptés…
Comment s’y prendre ?
Un sevrage progressif et en douceur est la clef de la réussite. Si le sevrage est fait du jour au lendemain il y a des risques d’impact physique (perte de poid pour le bébé qui refuserait de s’alimenter, engorgement, mastite ou abcès au sein pour la mère) et émotionnel.
Vous pouvez commencer par supprimer une tétée par jour tous les deux ou trois jours, en la remplaçant par un biberon. Nous vous conseillons de ne pas supprimer tout de suite la première tétée du matin (au réveil, les seins sont souvent engorgés), ni la dernière du soir (pour qu’il ne se passe pas trop de temps sans tétée).
Une fois que votre corps s’est habitué à cette tétée en moins, vous pouvez en supprimer une deuxième, puis une troisième, un repas sur deux… Tout ce processus prend plus ou moins trois semaines.
Notez qu’il est parfois préférable que ce ne soit pas la mère qui donne les biberons au début. Cela peut perturber le bébé qui risque de refuser le biberon. Pour remplacer ces échanges physiques et émotionnels très forts, la mère peut opter pour des moments de portage, des massages, des câlins ou tout autre jeu qui impliquent le toucher.
Allaitement maternel vs lait artificiel : quelles sont les différences ?
Même si le lait maternel est recommandé, le plus important est que la mère fasse un choix qui lui convient. Lait artificiel ou lait maternel : c’est votre choix, et vous devez le faire sans aucune pression extérieure. Vous ne devez pas vous sentir coupable de quoi que ce soit.
Sachez que tous les laits infantiles, bio ou non, doivent respecter les directives européennes très strictes avec des contrôles réguliers.
➡️L’allaitement au lait maternel aide à constituer la flore intestinale du bébé. Le lait infantile est pensé pour répondre aux besoins nutritionnels de l’enfant mais il ne peut remplir la même fonction immunologique que le lait maternel. C’est dû au fait que, même si l’on arrivait à mettre les mêmes éléments que dans le lait maternel, on ne saurait pas les faire interagir de la même manière.
➡️ Le lait maternel fait également passer des informations génétiques, contrairement au lait artificiel.
➡️Aujourd’hui, statistiquement, les bébés nourris avec une préparation pour nourrissons ont plus de risques de développer certaines pathologies (digestives, ORL…).
➡️Contrairement au lait maternel, certains laits artificiels peuvent contenir des probiotiques (des bactéries naturellement présentes dans la flore intestinale, très bénéfiques pour la santé).
➡️Certains laits infantiles sont épaissis, ce qui permet d’aider un enfant avec un syndrôme de RGO notamment. Cela dit, il est également possible d’épaissir du lait maternel.
Vous l’aurez compris, le lait maternel présente de nombreux avantages et quelques inconvénients… tout comme le lait artificiel ! Si le lait maternel est recommandé en début de vie, opter pour l’un ou l’autre est un choix très personnel multifactoriel qui vous appartient. N’hésitez pas à poser toutes vos questions à un·e professionnel·le de santé spécialisé·e sur la question, et/ou rejoignez le chat de l’app May.
Conseils pour réussir l’allaitement maternel au travail
Mettons fin à une idée reçue : la reprise du travail n’implique pas forcément d’arrêter l’allaitement maternel ! Continuer demandera juste un peu plus d’organisation, mais en tant que parent, vous commencez à être rodée.
Nos conseils :
Premièrement, vous devrez constituer des réserves, pour que votre bébé continue de prendre votre lait lorsqu’il est gardé. Commencez à stocker votre lait entre 2 semaines et quelques mois avant la reprise du travail. A moins que vous n’optiez pour un allaitement mixte !
Vous pouvez congeler votre lait dans de petites pochettes spécialement conçues pour la conservation du lait maternel. Cela vous permettra de gagner de la place dans votre congélateur.
Question quantités.
Avant 6 mois environ : 750 à 800 ml par jour divisé par le nombre de tétées et ramené sur la période où le bébé est gardé (n’hésitez pas à donner un surplus congelé si vous en avez la possibilité).
Après 6 mois et une alimentation diversifiée : votre bébé a besoin de 500 ml de lait par jour. S’il refuse la forme liquide, vous pouvez également l’ajouter dans de la purée, des yaourts, des gâteaux…
Lorsque vous retrouvez votre bébé, proposez-lui le sein à la demande. Profitez de ces moments privilégiés ! Les “retrouvailles” et la stimulation des seins permettent d’entretenir la lactation même si les tétées sont à horaires irréguliers.
Tirer son lait au travail aide aussi au maintien de la lactation, en plus de réduire le risque d’engorgement et de limiter les fuites de lait. Cela peut également vous permettre de constituer les réserves de lait pour votre bébé. Chaque jour vous aurez ainsi l’occasion de tirer la quantité dont votre bébé aura besoin le lendemain.
Permettre de tirer son lait au travail est une obligation légale pour l’employeur. L’article L.1225-30 du Code du travail prévoit que pendant la première année du bébé, la mère doit pouvoir bénéficier d’une heure par jour pendant ses heures de travail pour allaiter et/ou tirer son lait. Les entreprises de plus de 100 salariés doivent également mettre à disposition des locaux dédiés.
Il vous faudra prévoir une solution adéquate pour stocker et transporter votre lait : si vous avez accès à un réfrigérateur au travail, conservez le lait dedans. Pour le transport, une pochette isotherme avec des pains de glace permettra de maintenir la chaîne du froid.
Nous l’avons vu, l’allaitement maternel présente de nombreux bienfaits pour la santé de votre bébé et il existe des solutions pour le poursuivre, même en reprenant le travail. Bien entendu, c’est un choix qui vous appartient !
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
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Photo : OlhaRomaniuk