Hypotonie chez le bébé : comprendre et agir

Rédigé par Sonia Monot
Publié le 14 janvier 2025
Santé bébé
6 minutes

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A la naissance, votre enfant ne sait pas encore tenir sa tête tout seul et son dos est comme “mou. C’est ce que l’on appelle l’hypotonie au niveau du tronc : concrètement un manque de tonus. S’il s’agit d’un phénomène plutôt courant les premiers jours, une hypotonie qui s’installe dans la durée peut en revanche être révélatrice de pathologies sous-jacentes pouvant affecter le développement moteur de votre enfant.

Hypotonie chez le bébé : faisons le point.

Qu’est-ce que l’hypotonie chez le bébé ?

L’hypotonie (du grec hupo, soit d’une intensité inférieure à la normale, et tonos qui signifie tension) chez le bébé se caractérise par un tonus musculaire réduit : par exemple, votre enfant a du mal à maintenir sa tête ou son tronc (dos et torse) et a besoin d’un soutien constant. Cette hypotonie est normale lors des premières semaines de vie de votre nourrisson et va disparaître au fur et à mesure que votre enfant grandit. Mais une hypotonie, lorsqu’elle est pathologique (donc liée à une pathologie c’est-à-dire à un trouble ou une maladie) peut également être perceptible dès les premiers mois de vie. Dans cet article, c’est bien l’hypotonie dite pathologique à laquelle nous ferons référence.

Le saviez-vous ? Il existe une pathologie totalement inverse à l’hypotonie : l’hypertonie (du grec huper, qui désigne une intensité supérieure à la normale). En effet, l’hypertonie se manifeste par un excès de tonus. C’est le cas au niveau des membres chez le nouveau-né qui sont contractés et serrés contre son corps. Votre bébé va perdre ce tonus important au niveau des jambes et des bras et cette “hypotonie physiologique” c’est-à-dire le manque de tonus musculaire normale du tronc qu’il a à la naissance pour commencer à tenir sa tête puis son dos pour se tenir assis, et pouvoir ensuite se lever et mobiliser ses bras et ses mains pour attraper plus facilement les objets.

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Quels sont les signes de l’hypotonie ?

La différence entre une hypotonie physiologique et pathologique peut donc être difficile à identifier chez un nouveau-né. Certains signes peuvent néanmoins vous amener à consulter afin d’établir un diagnostic.

  • Faiblesse musculaire durable : lorsqu’un nourrisson présente une hypotonie, ses muscles peuvent sembler flasques. S’il s’agit d’un phénomène normal au début, au-delà de 4 mois, il peut être le signe d’une hypotonie pathologique si votre bébé a encore du mal à maintenir sa tête droite. Le tronc peut également manquer de soutien.
  • Un retard de développement moteur : un bébé hypotonique peut atteindre certaines capacités de motricité plus lentement qu’à l’accoutumée. Par exemple, votre bébé n’arrive pas à tenir sa tête à 4 mois, à se tenir assis avec l’appui des mains vers 6-7 mois ou assis sans l’appui des mains vers 9-10 mois. Il peut mettre plus de temps pour commencer à se retourner, s’asseoir ou ramper. Ces retards ne sont pas toujours alarmantschaque bébé se développe à son rythme – mais en cas de doute, il est préférable de consulter.
  • Des réflexes faibles ou absents : les réflexes primitifs, tels que le réflexe de Moro (réflexe de sursaut) ou le réflexe de préhension, peuvent être moins prononcés chez un bébé hypotonique. Ces réflexes sont essentiels pour le développement psychomoteur et leur absence peut indiquer un problème sous-jacent.
  • Des difficultés de déglutition et d’oralité : certains bébés avec hypotonie peuvent avoir des difficultés à avaler ou présenter des troubles de l’oralité, ce qui peut affecter leur alimentation et leur prise de poids. 
  • Un comportement inhabituel : observez si votre bébé semble excessivement calme, somnolent, ou s’il a des difficultés à interagir avec son environnement. Cela peut être le signe de problèmes neurologiques.

Si vous remarquez l’un (ou plusieurs) de ces symptômes, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou pédiatre. Il n’y a peut-être rien d’alarmant, mais il est préférable de vérifier. Plus tôt le problème (s’il y en a un) est détecté, plus vite il sera possible d’agir.

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Les causes possibles de l’hypotonie

L’hypotonie chez le bébé peut être liée à plusieurs facteurs, qu’ils soient génétiques, neurologiques ou environnementaux.

Facteurs génétiques

Certaines maladies génétiques peuvent entraîner un faible tonus musculaire. Elles s’accompagnent le plus généralement d’anomalies de la morphologie en particulier d’un visage un peu particulier. Parmi les plus courantes, on retrouve le syndrome de Down ou trisomie 21, le syndrome de Prader-Willi ou le syndrome d’Angelman,. Ces maladies héréditaires influencent la motricité du bébé et nécessitent souvent une stimulation et une rééducation précoces pour améliorer ses capacités à long terme.

Causes métaboliques

Les maladies héréditaires du métabolisme sont liées à une anomalie ou une absence d’enzymes permettant de dégrader certaines substances. Les enfants atteints doivent avoir un traitement et/ou un régime alimentaire particulier le plus rapidement possible pour éviter une aggravation des symptômes. Ce sont des maladies génétiques rares. Heureusement beaucoup d’entre elles peuvent maintenant être diagnostiquées très tôt grâce au dépistage néonatal

L’hypothyroïdie et l’hypoglycémie peuvent également provoquer des hypotonies qui vont vite rentrer dans l’ordre avec un traitement adapté. 

Causes neurologiques

Les causes neurologiques peuvent inclure : 

  • des anomalies liées une souffrance du cerveau lors de la grossesse, de l’accouchement ou de la période néonatale, un accident vasculaire cérébral anténatal,
  • des malformations au niveau du cerveau ou de la colonne vertébrale,
  • des infections en particulier anténatales ou périnatales.

Mais également des maladies neuro-musculaires avec une atteinte des muscles comme des myopathies, myotonies, l’amyotrophie spinale ou des syndromes myasthéniques. Or certaines de ces maladies peuvent maintenant être traitées si elles sont diagnostiquées précocement.

On peut également constater une hypotonie transitoire lors d’une infection après la naissance ou d’une intoxication en particulier pendant la grossesse.

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Diagnostic et examens médicaux

Le diagnostic d’une hypotonie chez un bébé nécessite plusieurs examens et tests complémentaires afin de déterminer les causes sous-jacentes de ce symptôme. 

Examens physiques

Le diagnostic commence par un examen physique qui a pour objectif d’évaluer le tonus musculaire et la posture de votre bébé. Lors de cette évaluation, votre pédiatre (ou le/la neurologue vers qui l’on vous a peut-être orienté·e en amont) observera les points suivants : 

  • Position et mobilité spontanée : votre médecin examinera comment votre  nourrisson se déplace spontanément, sa capacité à lever la tête et à bouger ses membres (en fonction de son âge bien entendu).
  • Expression faciale : la qualité de son expression faciale et la puissance du son de sa voix peuvent servir à déterminer le niveau de tonus de votre enfant.
  • Succion et déglutition : une attention particulière est portée sur la capacité de votre bébé à téter et à avaler, car des difficultés peuvent signaler des problèmes neurologiques en plus d’être handicapantes pour l’alimentation de votre enfant.
  • Contact et suivi oculaire : le suivi visuel et la réactivité aux stimuli visuels sont aussi évalués pour détecter toute anomalie neurologique.
  • Tonus passif et force musculaire : votre médecin teste la résistance de ses muscles en manipulant les bras et les jambes de votre bébé. Une absence de flexion ou de réflexes peut indiquer une hypotonie.

Tests complémentaires

Une fois l’hypotonie diagnostiquée, votre professionnel·le de santé cherchera à comprendre le phénomène à l’origine de l’hypotonie de votre enfant. Pour cela, il ou elle aura certainement recours à des tests complémentaires.

  • Imagerie cérébrale : IRM, échographie au niveau de la fontanelle ou scanner cérébral peuvent être utilisés pour détecter des malformations qui pourraient affecter le système nerveux central.
  • Électroencéphalogramme (EEG) : cet examen évalue l’activité électrique du cerveau de votre enfant, utile pour identifier des troubles comme l’épilepsie.
  • Dosage des créatines kinases : ce test sanguin mesure les enzymes musculaires, aidant à identifier des pathologies musculaires parfois des examens plus spécifiques du muscle comme un électro-myogramme ou une biopsie du muscle peuvent être effectués
  • Analyses génétiques : un caryotype ou des tests spécifiques, comme ceux pour le syndrome de Prader-Willi, peuvent être réalisés pour détecter des anomalies congénitales.
  • Bilan métabolique : ce bilan cherche à identifier de potentiels déséquilibres métaboliques pouvant affecter le tonus de votre bébé.

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Prise en charge et thérapies

Lorsque l’on diagnostique une hypotonie à un bébé, un plan de prise en charge sera mis en place, pour l’aider à gagner en mobilité. Bien entendu, ce plan est adapté en fonction de la pathologie à l’origine de ce trouble du tonus.

Physiothérapie, kinésithérapie, psychomotricité et ergothérapie

Ces thérapies visent à améliorer le tonus musculaire et la motricité globale de votre enfant. Ces thérapies doivent, bien entendu, être réalisées par des professionnel·le·s de santé.

  • La physiothérapie : les séances de physiothérapie sont axées sur des exercices de stimulation et de rééducation pour renforcer les muscles de votre enfant et améliorer sa posture. Les thérapeutes utilisent des techniques de manipulation douce pour encourager les mouvements et aider votre bébé à atteindre différents paliers de développement, comme savoir se retourner ou s’asseoir.
  • L’ergothérapie, Kinésithérapie motrice et   Psychomotricité: se concentrent sur l’amélioration des compétences fonctionnelles de votre enfant grâce à des activités qui stimulent la motricité et l’intégration sensorielle. L’ergothérapeute peut également fournir du matériel adapté pour aider votre enfant à développer son tonus .

Le rôle des parents dans la prise en charge de l’hypotonie

En plus des recommandations de votre professionnel·le de santé, voici quelques conseils pratiques pour vous aider à accompagner votre enfant hypotonique au quotidien :

  • Portage et proximité : utiliser des écharpes adaptées à votre enfant pour le porter peut renforcer son tonus et son sens de l’équilibre tout en répondant à son besoin de proximité.
  • Stimulation quotidienne : intégrez des activités de stimulation simples dans votre routine, comme le peau à peau ou des jeux de “visage à visage” comme le coucou-caché. Ces interactions renforcent les connexions cérébrales et encouragent le développement émotionnel et social de votre enfant.

Pas toujours facile à remarquer, l’hypotonie (lorsqu’elle s’installe) peut être le symptôme d’une pathologie sous-jacente. En cas de doutes ou d’inquiétudes, n’hésitez pas à consulter votre professionnel·le de santé afin d’établir un diagnostic et de mettre en place un suivi adapté.

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Crédit photos : seventyfourimages | alexlucru123 | amihay982 | ckstockphoto


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