Déclarée problème majeur de santé publique à l’échelle mondiale par l’OMS, la méningite est une maladie au sujet de laquelle il est bon d’avoir quelques informations.
Méningite et bébé : on vous dit tout.
Quels sont les symptômes de la méningite chez les bébés ?
Il s’agit d’une infection des méninges (soit les membranes situées autour du cerveau et de la moelle épinière), qui peut être causée par un virus, une bactérie ou, plus rarement, un champignon.
Une méningite peut commencer par un simple rhume avec de la fièvre. Mais très vite, l’état de l’enfant va se dégrader.
❗Si votre enfant a de la fièvre et :
- est somnolent ou au contraire très irritable
- a très mal à la tête
- mal à la nuque quand il la bouge ou qu’il n’arrive pas à la bouger (raideur de nuque)
des vomissements - des éruptions cutanées bleutées, qui ressemblent à des bleus ou des taches rouges, voir violacées qui ne s’effacent pas lorsqu’on appuie
- dessus ou que l’on tire sur la peau
- des convulsions
- ou que votre bébé mange peu et sa fontanelle, la zone molle en avant de la tête, est bombée
Alors consultez immédiatement aux urgences les plus proches de chez vous. Si vous habitez loin des urgences, contactez le 15 auparavant.
Si la suspicion de méningite est confirmée aux urgences, le médecin de garde pratiquera un bilan sanguin et une ponction lombaire. Vous saurez alors rapidement si le diagnostic de méningite bactérienne peut être écarté, car, rappelons-le, les méningites virales sont heureusement plus fréquentes et elles ne sont souvent pas graves.
❗Comme toujours, appelez le SAMU au 15 si vous constatez l’un des troubles suivants :
- Comportement : votre enfant est mou ou somnolent, grognon, il ne se comporte pas comme d’habitude. Il dort beaucoup et est difficile à réveiller.
- Coloration : il est très pâle, ses yeux sont cernés et les globes oculaires ont l’air enfoncés, sa peau est marbrée.
- Respiration : votre bébé a du mal à respirer ou a une respiration rapide.
Quelles sont les différences entre la méningite virale et bactérienne ?
➡️ Une méningite virale est causée par un virus et est bien souvent bénigne. Elle ne nécessite pas de traitement particulier.
➡️ Une méningite bactérienne est causée par une bactérie. Elle est traitée grâce à des antibiotiques mais peut laisser de graves séquelles, voire entraîner la mort du nourrisson.
Comment diagnostiquer la méningite chez un nourrisson ?
Nous l’avons vu, la méningite provoque des symptômes alarmants qui nécessitent dans tous les cas une consultation aux urgences. Une fois à l’hôpital, les professionnel·le·s de santé feront passer différents examens au bébé, pour déterminer s’il s’agit bien d’une méningite.
➡️ Examen physique : les médecins vont repérer les signes en faveur d’une méningite comme une fontanelle bombée ou une nuque un peu raide, un éventuel purpura (une mini hémorragie de la peau qui peut indiquer une infection grave comme la méningite ou un manque de plaquettes)…
➡️ Ponction lombaire : il s’agit d’un prélèvement du liquide céphalorachidien (le liquide qui se trouve dans le cerveau et la moelle épinière) réalisé entre deux vertèbres à l’aide d’une aiguille fine. Ce premier examen peut déjà servir à déterminer s’il s’agit d’une méningite virale (en cas de liquide clair) ou d’une méningite bactérienne (en cas de liquide plus trouble).
➡️ Analyse du liquide céphalorachidien : une fois le prélèvement fait, il sera analysé en laboratoire pour détecter les différents germes, virus ou bactéries présent·e·s et déterminer quel traitement mettre en place.
➡️ Analyse sanguine : l’analyse sanguine permet également de différencier la méningite virale ou bactérienne et de mesurer le degré de l’infection.
Quels sont les traitements disponibles pour la méningite chez les bébés ?
Selon le type de méningite, le traitement ne sera pas le même.
La plupart du temps, une méningite virale (donc causée par un virus) ne demande pas de traitement particulier outre celui des symptômes provoqués (fièvre, vomissements…). Le bébé peut guérir seul et sans risques de séquelles. S’il s’agit d’un virus pouvant être responsable de forme grave et bénéficiant d’un traitement, comme l’herpès, les médecins prescriront des antiviraux.
Les méningites bactériennes (causées par une bactérie), doivent être traitées de toute urgence par un traitement antibiotique. La ponction lombaire sert à déterminer quels antibiotiques prendre.
Les méningites fongiques (causées par un champignon) ou parasitaires (causées par un parasite) sont très rares. Elles nécessitent la prise d’un traitement antifongique ou antiparasitaire.
Une méningite, quel que soit le type, doit faire l’objet d’une surveillance médicale et d’un suivi adapté en cas de séquelles. Les bébés et les enfants sont d’autant plus surveillés, même après la guérison.
Si vous avez des questions sur le sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe d’infirmières puéricultrices et de pédiatres vous répond 7j/7 de 8h à 22h.
La méningite est-elle dangereuse pour un bébé ?
On l’a évoqué, une méningite peut en effet présenter d’importantes complications. C’est particulièrement vrai pour les personnes les plus fragiles, comme les bébés. La dangerosité d’une méningite est liée à son type.
➡️Une méningite virale est généralement bénigne et les risques de séquelles sont très rares hormis les méningites liées au virus de l’herpès
➡️D’après l’Institut Pasteur, les méningites bactériennes ont un taux de mortalité d’environ 10 %. Heureusement de nombreux vaccins permettent maintenant de protéger son bébé contre les méningites bactériennes les plus fréquentes.
➡️Une méningite fongique ou parasitaire, si elle est correctement traitée, est moins dangereuse que les méningites bactériennes mais comporte quand même certains risques de complications.
Quelles sont les séquelles possibles après une méningite chez un bébé ?
Les méningites virales en dehors de l’herpès et des méningites compliquant une rougeole, une varicelle ou les oreillons sont rarement responsables de séquelles.
En revanche, selon l’OMS, 1 personne sur 5 atteinte de méningite bactérienne peut présenter des séquelles durables. Les méningites bactériennes peuvent entraîner des séquelles neurologiques, auditives et/ou visuelles.
Quels vaccins protègent les enfants contre la méningite ?
Plusieurs vaccins ont été développés et ajoutés au schéma vaccinal permettant de faire diminuer le nombre de méningites bactériennes :
➡️Vaccin contre les méningites bactériennes causés par l’Haemophilus B. Il est obligatoire depuis 2018 et compris dans l’HEXYON®, INFANRIX HEXA® ou VAXELIS® administrés dès le 2ème mois. Alors que 1000 enfants étaient victimes d’une infection sévère à Haemophilus B chaque année, depuis l’introduction du vaccin, il n’y a plus que quelques cas par an.
➡️Vaccin contre les 15 pneumocoques les plus sévères avec le VAXNEUVANCE® qui va remplacer le PREVENAR 13® fait dès l’âge de 2 mois.
➡️Vaccin contre les méningites causés par le Méningoque C, le NEISVAC®, réalisé à 5 et 12 mois qui a permis une diminution drastique des méningites liées au méningocoque C notamment chez les petits enfants (plus que 4 % des méningites à méningocoque en 2022 et 0,9 % en 2023).
➡️Les méningocoques W et Y (respectivement 29 et 24 % des méningites à méningocoque en 2023) sont en augmentation actuellement. Pour cette raison, des vaccins comprenant les méningocoques C mais également A, W et Y sont en cours de demande de remboursement pour remplacer le NEISVAC à partir de 6 mois (NIMENRIX®).
➡️Vaccin contre les méningites à méningocoque B, actuellement prédominantes. Depuis 2023, le vaccin contre la méningite à méningocoque B (BEXSERO®) est recommandé dès 3 mois et remboursé jusqu’à 2 ans.
Les vaccins contre les méningocoques devraient devenir obligatoires pour les nourrissons à partir du 1 janvier 2025.
Rappelons-le, la rougeole et les oreillons peuvent également être responsables de méningo-encéphalites sévères. Ces deux maladies font également l’objet d’une vaccination obligatoire chez le nourrisson.
En pratique : les vaccins contre les méningocoques sont injectés au niveau de la cuisse. Pour limiter la douleur, vous pouvez appliquer une crème ou un patch anesthésiant sur la zone d’injection une à deux heures avant l’injection. Il est important de conserver le vaccin au réfrigérateur (entre 2° et 8°).
Le vaccin est généralement bien toléré. De légers effets secondaires peuvent se produire :
- Autour du point d’injection : douleur, rougeur, gonflement, nodule (plus de 10 % des cas). En cas de nodule induré, celui-ci va diminuer très progressivement spontanément.
- État général : fièvre, douleur musculaire ou articulaire (moins de 10 % des cas). N’hésitez pas à donner un peu de paracétamol (Doliprane®, etc.) selon la prescription de votre médecin, si nécessaire.
La méningite est-elle contagieuse ?
Oui, la méningite est contagieuse. Selon l’OMS, les infections provoquées par le méningocoque touchent 500 000 personnes par an dans le monde, dont 500 à 600 infections graves par an en France.
Elles se transmettent le plus souvent par voie aérienne via des éternuements ou des postillons. Chez le nouveau-nés, les méningites peuvent être liées également à un streptocoque B, une bactérie pouvant être transmise de la mère au bébé le jour de l’accouchement.
Voilà pourquoi les gestes barrières sont également très efficaces pour prévenir les méningites. Bien sûr on ne peut pas garder les bébés enfermés à la maison sans voir personne, mais si l’on aère régulièrement, qu’on porte un masque lorsqu’on est enrhumé·e et qu’on se lave bien les mains ainsi que les jouets … cela offre déjà une bonne protection.
Comment prendre soin d’un bébé atteint de méningite à la maison ?
Les symptômes d’une méningite doivent toujours vous amener à consulter d’urgence. Ce sont les professionnel·le·s de santé qui vous indiqueront la marche à suivre. Notez tout de même que, bien souvent, une méningite nécessitera une hospitalisation et/ou une surveillance attentive par une équipe médicale.
Dans le cas d’une méningite virale, moins agressive que les autres types de méningite, vous pourrez probablement rentrer avec votre bébé une fois que les examens auront confirmé que l’état de votre bébé le permet.
Pour ce type spécifique de méningite, il n’y a aucun traitement spécifique, si ce n’est de soulager les symptômes comme la fièvre. Voici les bons réflexes à adopter pour soulager votre bébé :
- Ne pas trop le couvrir,
- Vérifier que sa chambre n’est pas surchauffée (idéalement entre 19 et 20°),
- Lui donner régulièrement de l’eau à température ambiante,
- Pas de bain froid ! Il s’agit d’une pratique plus dangereuse qu’autre chose.
Concernant le paracétamol : nous vous conseillons d’éviter si votre enfant tolère la fièvre (s’il joue, rit, saute…). En revanche, il peut s’avérer nécessaire si votre enfant montre des signes d’inconfort.
❗Si la fièvre semble empirer ou que votre enfant montre d’autres symptômes inquiétants (comme des signes de déshydratation), consultez rapidement un·e médecin.
La méningite est donc une infection d’origine virale, bactérienne, fongique ou parasitaire grave, nécessitant une consultation urgente et, selon le type, une hospitalisation. Heureusement, les vaccins contribuent petit à petit à faire diminuer le nombre de personnes touchées chaque année. En cas de doutes ou de symptômes alarmants : consultez.
Pour aller plus loin :
- Méningite | ameli.fr | Assuré
- https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/meningites-meningocoques
- Carte vaccination 2023
- Accueil | Vaccination Info Service (vaccination-info-service.fr)
- OMS – Méningite (who.int)
Écrit par Sonia Monot avec les expert·e·s May.
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Photo : insidecreativehouse