Après la grossesse et l’accouchement, vous voilà projetée dans le tourbillon du post-partum, qui comporte son lot d’idéalisations et de tabous. Une période qui comprend bien sûr de grandes joies, et des découvertes uniques. Mais pour beaucoup d’entre vous, ce n’est pas tout. Cette période n’est pas qu’idyllique, comme voudrait nous le faire croire un tas de clichés bien ancrés sur ce que devrait être la maternité.
En dehors du baby blues et de la dépression post partum, le terme de “difficulté maternelle” englobe d’autres maux psychiques du post-partum : hypervigilance, syndrome de stress post-traumatique, angoisse et anxiété, phobie d’impulsion : Comment les reconnaître ? Qu’est-ce-qui reste bénin (bien que tabou), et qu’est ce qui doit vous alerter ?
A garder en tête :
Bien évidemment et on ne le rappellera jamais assez, le but n’est pas que vous soyez capables d’un autodiagnostic psychologique : rien ne vaut une consultation avec un professionnel de santé en qui vous avez confiance. Mais si ces quelques lignes vous permettent de vous reconnaître, et d’amorcer un déclic, alors ça sera déjà bien ! L’étape d’après, c’est de prendre en charge ce qui vous mine, en rompant votre isolement.
L’hypervigilance maternelle, c’est quoi ?
Qu’est-ce que c’est ?
On le sait, le cerveau devient hypersensible après l’accouchement, sa structure même change. Chaque stimulus s’amplifie : la lumière, le son, les odeurs … et le risque, c’est de tomber dans un état de panique ou d’hypervigilance obsessionnel, qui nuit fortement au sommeil, déjà bien tourmenté.
L’hypervigilance est un état d’hyperactivité quasi permanent, qui cause des troubles du sommeil puisque, même épuisée, vous ne cédez pas au sommeil et gardez un œil ouvert sur votre bébé. Vous voyez les suricates, ces sentinelles du désert ? … Voilà ! Normalement, ce trouble reste passager (environ une semaine), et heureusement, parce qu’il entraîne un cercle vicieux dangereux : l’angoisse vous empêche de dormir, ce qui accentue l’angoisse qui … vous suivez ?
Que faire ?
Si vous sentez que le lâcher prise est difficile : tirez la sonnette d’alarme, confiez votre enfant, même pour un laps de temps très court. L’idée c’est de ne plus avoir à veiller sur lui, le temps de penser à autre chose voire … dormir un peu.
Si malgré tout ce trouble persiste, ne le négligez pas : parlez-en à un professionnel de confiance, il peut être l’un des symptômes du baby-blues, voire d’une véritable dépression du post-partum, deux états que nous développons par la suite.
Si vous avez des questions sur ce sujet, n’hésitez pas à télécharger l’application May. Une équipe de sage-femmes vous répond 7j/ 7 de 8h à 22h.
La phobie d’impulsion : une peur obsédante, inavouable, et pourtant courante.
La culpabilité de ne pas ressentir le bonheur maternel attendu est centrale dans la problématique de la dépression post partum, et des phobies d’impulsion peuvent apparaître.
Qu’est-ce que c’est ?
Elles désignent la crainte intrusive et involontaire de faire du mal à votre bébé.
Pour ne citer que quelques exemples, il peut s’agir d’avoir peur de le noyer dans son bain, de l’étouffer dans son lit, le faire tomber de la table à langer, l’empoisonner … c’est irrationnel et violent, c’est surtout extrêmement culpabilisant et absolument inavouable.
Ces pensées obsédantes ont des conséquences traumatiques et créent une souffrance, un stress aigu, chez la personne qui les vit.
Et pourtant, il s’agit d’un symptôme fréquent, qui ne signe ni dangerosité ni facteur de gravité de la pathologie. Non, vous n’êtes pas folle. On observe même que ces manifestations découlent souvent d’un sens aiguisé des responsabilités qu’implique la prise en charge d’un enfant. L’hypervigilance qui existe après la naissance peut créer un trouble anxieux qui élabore des scénarios terribles, mais qui reflète une attitude de protection aussi.
Que faire ?
PARLEZ : souvent, une oreille attentive ou les témoignages d’autres mères ayant vécu ces mêmes troubles liés au stress suffisent à vous rassurer et dissiper ces pensées envahissantes. La phobie d’impulsion disparaît parfois très vite, quand vous prenez l’assurance que vous savez vous occuper de votre bébé.
On parle souvent de l’anxiété de séparation mais ce trouble peut vous mener à vous éloigner de votre enfant par peur de lui faire du mal : vous êtes légitime auprès de lui, vous faites de votre mieux et c’est déjà formidable ! Ces pensées parasites ne sont pas corrélées à un risque de maltraitance, ne l’oubliez pas !
Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) : là où on ne l’attendait pas.
Qu’est-ce que c’est ?
Les troubles du stress post-traumatique se manifestent après un une situation traumatique et entraînent sa reviviscence régulière (flash-back, cauchemars), accompagnée de manifestations physiques liées à l’émotion extrême ressentie. Ils altèrent la vie personnelle, sociale et/ou professionnelle.
On en entend beaucoup parler chez les victimes de traumatismes comme les personnes victimes d’attentats, ou les hommes revenus du front, mais tout événement vécu avec un stress majeur et intense, et face auquel on se sent impuissant, peut générer ce syndrome post-traumatique. Un accouchement très difficile et loin de vos projections initiales peut donc tout à fait en être la cause, et il n’est pas ridicule de votre part de nommer ainsi ce que vous ressentez.
Que faire ?
Heureusement, ils disparaissent souvent quelques semaines ou mois après l’événement, à condition d’une prise en charge (thérapie, psychothérapie) ou au moins d’un soutien de l’entourage.
A l’inverse, lorsqu’il n’est pas pris en charge, le stress post-traumatique se chronicise et s’associe à d’autres types de manifestations qui peuvent ressembler à celles caractérisant la Dépression Post Partum (DPP).
Comment faire pour surmonter tout ça ?
Pour apaiser les maux, plusieurs pistes existent et nous vous les avons détaillées dans plusieurs articles disponibles sur l’application : « Que faire ? ».
Vous avez fait la démarche de lire cet article pour, peut-être, poser des mots sur vos maux et préserver votre santé mentale … c’est déjà un grand pas, soyez fière de vous ! ?